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Diaspora - Success Story

Le créateur des chemises hawaïennes, un Libanais nommé Alfred Shaheen

L’Institut de recherches pour le diabète a axé cette année sa campagne de collecte de fonds sur la vente de tee-shirts bleu océan ornés de papillons roses lumineux, honorant par la même occasion l’auteur de ce motif, Alfred Shaheen. Quatre timbres le commémorent aussi.

Elvis Presley dans une chemise signée Shaheen.

Alfred Shaheen C’est un nom que l’on n’arrive pas à situer tout de go : un peintre, un illustrateur, quel genre d’artiste? C’est un designer pas du tout comme les autres dont les créations ont inondé le monde et qui, de surcroît, est libanais. Alfred Shaheen (1922 -2008) n’est rien moins que le créateur des célèbres chemises hawaïennes aux imprimés ensoleillés, synonyme d’évasion tropicale et d’éden paradisiaque. Comment ce fils du pays du Cèdre est-t-il devenu le héros d’une île du Pacifique? La clé de cette «success story», nous l’avons trouvée chez sa fille, Camille Shaheen Tunberg, qui garde vivant le legs de son père.
Alfred Shaheen est né à New Jersey le 31 janvier 1922 dans une famille d’émigrés libanais qui, après avoir ouvert une épicerie (comme tous les nouveaux arrivants sur le sol américain), avait prospéré dans l’industrie du textile et la fabrication de vêtements. Son grand-père, Assi, avait quitté en premier son village de Arbanieh (dans le Metn) en 1887, puis avait fait venir ses deux fils, Assi Jr. et Georges, le père d’Alfred. La famille de ce dernier étend ses affaires jusqu’à Honolulu en 1938 et s’y installe. En 1946, il passe la main à son fils Alfred qui, deux ans plus tard, révolutionne l’industrie du textile en produisant des cotonnades et des rayonnes avec des imprimés polynésiens dans lesquels il taille les chemises hawaïennes qui ont fait fureur dans les années 60. D’abord article-souvenir local, que l’on ramenait après des vacances idylliques, ces chemises sont devenues avec lui «trendy» partout dans le monde. Il n’est jusqu’à Elvis Presley qui ait choisi d’arborer l’une des chemises ciglées Shaheen en posant pour la pochette de son album Blue Hawaii. Alfred Shaheen ira plus loin, en développant des imprimés de cette veine pour une ligne de vêtements féminins de son cru baptisée «Aloha»: robes de plage, robes du soir, jupe blouse etc. Le tout est devenu aujourd’hui objet de collection.

Ses créations, des pièces de collection
Il venait de créer une nouvelle industrie dans l’île. Une industrie qu’il avait lui-même mise au point de A à Z, faisant réaliser ses propres machines à tisser, teindre et imprimer ses étoffes sous le label «Sur’n Sand Hand prints». En 1956, il possédait une usine, une salle d’exposition et des bureaux (coût : 8 millions de dollars) et en 1959, il employait 400 personnes et son chiffre d’affaires annuel se montait à 4 millions de dollars. Pour cette production de masse qu’il avait lancée, il s’entourait de personnes très qualifiées. Parmi elles, sa mère Mary, une maîtresse femme doublée d’une talentueuse artiste qui avait l’œil sur les lignes, les formes, les couleurs et l’exécution.
Alfred Shaheen a mené cette brillante carrière durant quarante ans dans les locaux de son usine, continuellement perfectionnée et toujours située à l’endroit où se trouvait la maison familiale. À noter qu’il fournissait également en tissu d’autres compagnies, telles que Andrades, McInerny, Liberty House, et Waltah Clarke. Ses établissements qui ont fermé leurs portes lorsqu’il a pris sa retraite en 1988 englobaient plusieurs griffes: «Alfred Shaheen», «Shaheen’s of Honolulu», «Surf ’n Sand», «Kiilani, and Burma» et «Gold Hand Prints». Aujourd’hui, ses chemises, ses robes de plages, ses sarongs sont devenus des pièces de collection acquises à grands prix.
Après la Deuxième Guerre mondiale, cet homme de vision et d’invention a redonné vie à cette exotique île du Pacifique que le conflit avait complètement isolée. Il avait étendu son économie et sa culture exotique au-delà des flots du Pacifique, en restant fidèle à l’authenticité de son ethnicité. En retour, Hawaï lui avait exprimé en 2001 toute sa gratitude en lui attribuant le «Prix couronnant une vie». En 2006, le plus grand journal du pays le Hawaii Lifetme Achievement Award l’avait classé parmi les 150 personnalités les plus influentes du pays.
En 2011, on ne l’oublie pas non plus. Récemment l’Arab American National Museum à Dearborn lui avait consacré une rétrospective. Et il y a quelques jours, le Bureau des postes américaines a annoncé l’émission de quatre timbres illustrés de quatre modèles de ses chemises.
À noter que cette branche des Shaheen, installée donc aux USA depuis la fin du XIXe siècle, est libanaise pur sucre. Tous ses membres ont pris époux et épouses ayant des racines au pays du Cèdre.
Alfred Shaheen C’est un nom que l’on n’arrive pas à situer tout de go : un peintre, un illustrateur, quel genre d’artiste? C’est un designer pas du tout comme les autres dont les créations ont inondé le monde et qui, de surcroît, est libanais. Alfred Shaheen (1922 -2008) n’est rien moins que le créateur des célèbres chemises hawaïennes aux imprimés ensoleillés,...