Pour dire l’indicible, Abed Kadiri ne se permet aucun effet, aucune «esthétique». Ses traits sont grossiers, larges, trempés dans le noir. Ses toiles ont un goût de carne et de sang.
Il a 27 ans, Abed Kadiri. Mais son œuvre porte le poids (lourd) de toute l’humanité. Il remonte à ses tout débuts, au temps d’Adam et Ève, de ce serpent tentateur mais finalement témoin, lui aussi de ce premier péché.
Dans sa toile consacrée au péché originel, comme dans la plupart de ses compositions, Kadiri dépose une figure de chat, deuxième témoin passif. Que l’on retrouve aussi dans une toile intitulée Last Supper (dernier souper), illustrant, à l’instar de la Cène de Da Vinci, le dernier repas pris par Jésus en compagnie des douze apôtres, la veille de sa crucifixion. À la place de Judas le traître, Kadiri a dessiné... son fameux félin.
Épris de littérature arabe (qu’il a étudiée à l’université), l’artiste appose sur ses œuvres des inscriptions en arabe, des vers tirés de poèmes de Mahmoud Darwiche ou de Maghout. En impliquant le voyeur dans le déchiffrage des lettres, il le met aussi en position de témoin. De témoin pour les témoins, en fait. Et devant sa responsabilité d’adulte quand, par lâcheté ou par intérêt, il se défausse face aux horreurs de la guerre.
Par son désir d’humanité, Abed Kadiri voudrait fissurer la surface lisse et propre de la banalisation quotidienne de l’inacceptable.
* Jusqu’au 20 octobre. Du mardi au vendredi, de 11h à 19h, samedi de 11h à 17h. Hamra, rue Antoine Gemayel, imm. Assaf. Tél. 03/ 027776.
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