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Pente douce

Il est établi que la culture est la distance entre l’artisan et l’artiste. C’est par la fréquentation des livres que de brillants artisans ont accédé au génie. C’est par son intérêt accru pour la philosophie et les sciences que l’humanité s’est projetée du Moyen âge à la Renaissance. Ceci pour arriver à un constat banal : on ne lit plus. Depuis que les livres nous tombent des mains, la barbarie avance. Et oser un diagnostic : la lecture est liée à une certaine forme de lenteur pour laquelle, entre ordinateurs et télévisions, nous avons perdu la patience et le goût. En cette période de rentrée scolaire, nous sommes à peu près sûrs qu’hormis les lectures obligatoires qu’un grand nombre d’adolescents expédieront en diagonale et bachoteront comme des pensum, le livre sera encore loin de reprendre ses droits. D’ailleurs, le lecteur, cet anachorète, est depuis longtemps déprécié. Pour être populaire, mieux vaut fondre son identité dans l’identité supérieure d’une bande. Comme les jeunes loups, se regrouper par couleur de pelage en affichant les mêmes préférences vestimentaires, en adhérant aux mêmes logos. Et surtout en faisant valoir son ignorance comme un signe éclatant de sa légèreté, comme une machine à vous détacher du passé et de l’avenir, à vous river dans le présent, jeune d’aujourd’hui et du temps suspendu.
Soit. Mais si lire et écrire sont les deux mamelles de la communication, s’il est convenu que le parler y prend sa source, nous voilà par cette forme d’ignorance au seuil d’une ère de conflits et de malentendus. Babel n’est pas loin où l’incompréhension disperse. On sous-estime le pouvoir pontifiant des mots. Sans eux, il ne reste que les gestes. Or un geste, fut-il le plus doux du monde, est toujours perçu comme hostile s’il n’a pas été préparé par des mots. Allons-nous vers un monde de grognements informes où la police devra remplacer la courtoisie ? Tout prête aujourd’hui à le croire. Tant que l’on se parle par écrans interposés, tant que l’information prétend remplacer la culture, tant qu’on se refuse à écrire « je t’aime » en toutes lettres, les abréviations phonétiques tenant lieu de tout aussi brefs engagements, la génération qui prépare l’avenir avance à reculons sur la pente douce de l’obscurantisme. Parce que la pauvreté du langage a pour corollaire la précarité de l’opinion. Parce que les esprits sans mots ont cette virginité qui fait les choux gras des dictateurs. Il faut d’urgence restituer au livre la place qu’il occupait sur le temps des loisirs. Pour la paix, sans doute. Pour la liberté, sûrement.
Il est établi que la culture est la distance entre l’artisan et l’artiste. C’est par la fréquentation des livres que de brillants artisans ont accédé au génie. C’est par son intérêt accru pour la philosophie et les sciences que l’humanité s’est projetée du Moyen âge à la Renaissance. Ceci pour arriver à un constat banal : on ne lit plus. Depuis que les livres nous tombent des mains, la barbarie avance. Et oser un diagnostic : la lecture est liée à une certaine forme de lenteur pour laquelle, entre ordinateurs et télévisions, nous avons perdu la patience et le goût. En cette période de rentrée scolaire, nous sommes à peu près sûrs qu’hormis les lectures obligatoires qu’un grand nombre d’adolescents expédieront en diagonale et bachoteront comme des pensum, le livre sera encore loin de reprendre...
commentaires (2)

Madame Fifi Abou Dib, je vous salue pour votre excellent article. Rien ne peut remplacer un bon livre. Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

03 h 46, le 22 septembre 2011

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Commentaires (2)

  • Madame Fifi Abou Dib, je vous salue pour votre excellent article. Rien ne peut remplacer un bon livre. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    03 h 46, le 22 septembre 2011

  • Votre article nous rappelle une bande dessinée de Snoopy dans laquelle la sœur de Peanuts disait qu’elle avait lu un livre, et tous les autres personnages de s’exclamer : UN QUOI?. Eh oui cela résume notre monde moderne rapide , des jeunes imapatients .Mais avec la lecture cursive en vogue de nos jours espérons Fifi que nos enfants pourront restitutier leur bouquin de nouveau . Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A.Nazira

    00 h 33, le 22 septembre 2011

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