Rechercher
Rechercher

À La Une - Révolte

Syrie : l'opposition laïque appelle l'ONU à « protéger les civils »

Paris dénonce « le silence inacceptable » du Conseil de sécurité face aux « crimes contre l'humanité » du régime de Assad.

Les manifestations appelant à la chute du régime du président Bachar el-Assad se poursuivent, notamment à Homs comme le montre cette photo tirée d’une vidéo postée sur YouTube par des militants.

« Nous appelons la communauté internationale à adopter une résolution à l'ONU afin de protéger les civils », demande lundi dans un communiqué final la Coalition des forces laïques et démocratiques syriennes (CFLD), une formation de partis d'opposition assyriens ou syriaques (chrétiens), kurdes (musulmans) ou arabes (musulmans ou chrétiens), tous laïcs. Cette dizaine de partis et des personnalités syriennes étaient réunies samedi et dimanche à Paris pour promouvoir l'instauration d'un État laïc si Bachar el-Assad quitte le pouvoir.

Les opposants laïcs souhaitaient au départ appeler à une « intervention étrangère », mais une partie d'entre eux craignant des répercussions pour leur communauté en Syrie, la coalition s'est contentée d'un appel à la « protection des populations » sur le modèle de la résolution 1973 de l'ONU sur la Libye. La résolution 1973 a autorisé « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les civils de la répression de Mouammar Kadhafi et a prévu une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du dirigeant libyen de pilonner ses opposants. Cependant, plusieurs pays, dont la Russie, estiment que l'OTAN a été au-delà de cette résolution et a aidé les rebelles à renverser Mouammar Kadhafi. L'opposition syrienne ne présente pas de front uni, notamment sur l'idée d'une intervention étrangère.

 

Samedi, un Comité national pour le changement démocratique (CNCD), regroupant des partis « nationalistes arabes », kurdes, socialistes et marxistes ainsi que des personnalités indépendantes comme l'écrivain Michel Kilo et l'économiste Aref Dalila, a élu à Damas son conseil central. Les opposants prévoient d'annoncer en Syrie la formation d'une coalition qui comprendra le CNCD, les partis libéraux de la « Déclaration de Damas » -- une plate-forme créée en 2005 et plaidant pour une ouverture politique --, la Confrérie des Frères musulmans ainsi que des islamistes indépendants.

Deux instances de l'opposition ont également vu le jour fin août en Turquie. Le « Conseil national », majoritairement composé d'islamistes, et le « Conseil national de transition syrien », dirigé par un universitaire très en vue exilé à Paris, Burhan Ghalioun.

 

 

L'opposition syrienne n'est pas la seule à appeler l'ONU à réagir. Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, a dénoncé lundi à New York « le silence inacceptable » du Conseil de sécurité face à ce qu'il a qualifié de « crimes contre l'humanité » commis en Syrie. M. Juppé s'exprimait devant le Conseil des relations étrangères (CFR), un centre de réflexion américain, en marge de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies.

Les membres permanents du Conseil de sécurité sont profondément divisés dans leur attitude face à la répression en Syrie. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France souhaitent le départ du président Bachar el-Assad et veulent que l'ONU condamne le régime. La Russie, proche alliée de la Syrie, et la Chine y sont opposées.

 

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a, également, affirmé que la répression sanglante du régime syrien contre les manifestants s'intensifie, appelant à une réponse internationale pour améliorer la « situation désastreuse » dans le pays. 

« Au cours des dernières semaines, de grandes manifestations à travers la Syrie ont fait appel à une protection internationale et à la présence d'observateurs internationaux », a déclaré le Haut Commissaire adjoint aux droits de l'homme, Mme Kyung-wha Kang. « Le Conseil et ses membres doivent continuer à utiliser tous les moyens disponibles dans cet objectif », a-t-elle ajouté, rappelant que, selon l'ONU, plus de 2.600 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis que les manifestations ont éclaté à la mi-mars. Lundi à Genève, ue représentant du régime syrien a rejeté pour sa part les conclusions d'une mission d'enquête du Haut Commissariat aux droits de l'homme. Dans un rapport publié en août, une mission d'experts mandatée par le Haut commissariat aux droits de l’homme a dressé un inventaire d'atrocités commises par les forces de sécurité syriennes pouvant « relever de crimes contre l'humanité" et passibles d'une saisine de la Cour pénale internationale (CPI). Le représentant du gouvernement syrien a affirmé que les conclusions du rapport étaient "fondées sur des informations fabriquées de toutes pièces ».

 

Alors que l'opposition syrienne cherche à s'organiser pour obtenir la chute du régime, les autorités syriennes poursuivent leur répression brutale de la révolte qui secoue la Syrie depuis le 15 mars. « Plus de 30 cars transportant des membres des forces de l'ordre sont entrés dimanche soir à Daël (sud) où ils ont procédé à l'arrestation de 45 personnes », selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les forces de l'ordre ont procédé en outre à un grand nombre d'arrestations dans la province d'Alep, deuxième ville de Syrie, à Deir Ezzor (est), et dans les villes côtières de Lattaquié et Banias. Par ailleurs, un jeune homme de 26 ans est décédé lundi à Irbin dans la province de Damas de ses blessures subies dimanche lors de funérailles. Il avait été touché par les tirs des forces de sécurité.

 Malgré la répression, des manifestations nocturnes appelant à la chute du régime du président Bachar el-Assad ont eu lieu dans plusieurs villes syriennes, notamment dans plusieurs quartiers de Homs (centre) et dans les villes voisines de Qousseir et Talbisseh, ont rapporté des militants.

 

Par ailleurs, le président Assad a reçu hier à Damas une délégation de parlementaires russes et s’est félicité de « la position russe équilibrée et constructive, attachée à la sécurité et à la stabilité de la Syrie ». À l’issue de l’entretien, le vice-président du conseil de la Fédération Ilias Oumakhanov a déclaré que « les dirigeants (syriens) ont compris que pour trouver une issue à la crise politique, il fallait unir toutes les forces politiques ». Lors de l’entretien, M. Assad a mis en garde contre toute intervention étrangère en Syrie, une éventualité que les opposants réunis samedi ont également rejetée.

« Nous appelons la communauté internationale à adopter une résolution à l'ONU afin de protéger les civils », demande lundi dans un communiqué final la Coalition des forces laïques et démocratiques syriennes (CFLD), une formation de partis d'opposition assyriens ou syriaques (chrétiens), kurdes (musulmans) ou arabes (musulmans ou chrétiens), tous laïcs. Cette dizaine de partis et des...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut