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Couverture spéciale de la révolte en Libye - Analyse

Six mois de conflit : l'OTAN espère toujours sortir de l'impasse

Après six mois d'insurrection armée en Libye, l'OTAN veut continuer à croire à une sortie de l'impasse, malgré la résistance plus forte que prévue du régime de Mouammar Kadhafi, la progression laborieuse de la rébellion, et une légitimité internationale fragile.
L'opération "Protecteur unifié" s'éternise, même si le chef des opérations militaires, le Canadien Charles Bouchard, a affirmé jeudi à l'AFP avoir pour but "que le conflit soit terminé si possible avant la fin de la mission" en septembre.
Censée durer quelques semaines à son lancement le 19 mars, l'opération occidentale passée début avril sous commandement de l'OTAN a souffert "dès le départ d'un manque de renseignements évident qui a conduit à des mauvaises surprises", relève François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique.
Les alliés, qui procèdent par frappes aériennes, ont ainsi "sous-estimé la capacité de résistance des forces de Kadhafi, et surestimé la cohérence et les capacités de combat de la rébellion" au sol, relève-t-il.
Pour François Heisbourg, l'OTAN a aussi "perdu beaucoup de temps à bricoler" pour combler la défection au bout de quelques jours à peine des chasseurs américains. Washington se contente depuis d'assurer un soutien logistique, laissant principalement les Français et les Britanniques seuls en ligne de feu -- une première pour une opération de l'alliance.
Après des mois de surplace, les choses finissent néanmoins par bouger sur le terrain, juge le général Bouchard, en affirmant que les forces loyales au colonel Kadhafi ont tellement diminué qu'elles ne peuvent désormais plus "mener une offensive crédible".
Quant aux rebelles, ils "vont de l'avant", estime-t-il en pointant les "changements" visibles tant sur les fronts de la ville pétrolière de Brega à l'est, que sur ceux de Misrata à l'ouest, et du djebel Nefoussa au sud-ouest de Tripoli.
Mais "seule une solution politique permettra de mettre fin au conflit", juge Alvaro de Vasconcelos, directeur de l'Institut de sécurité de l'UE. Pour lui, une chute de Mouammar Kadhafi ne pourra intervenir que si des proches se retournent contre lui, "alors qu'une libération militaire de Tripoli serait très difficile", notamment compte tenu des divisions et du morcellement de la rébellion.
Les efforts diplomatiques doivent selon lui s'intensifier pour associer davantage l'Union africaine et la Ligue arabe aux pressions en vue d'une issue négociée.
Depuis le début, en effet, "la participation du Qatar ou des Emirats arabes unis n'empêche pas l'opération de l'OTAN d'être perçue comme une initiative essentiellement occidentale", déplore Alvaro de Vasconcelos.
Les frappes aériennes sont aussi contestées au Conseil de sécurité par la Chine, le Brésil, la Russie, l'Inde et l'Afrique du Sud qui estiment qu'elles outrepassent le mandat onusien de protection de la population civile.
Jeudi dernier, alors que Tripoli venait une nouvelle fois d'accuser un raid aérien de l'OTAN d'avoir tué 85 civils, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a lui-même dénoncé le nombre "inacceptable" de pertes civiles -- avant de reconnaître le lendemain les "efforts" de l'alliance pour le limiter.
A ces questions de légitimité s'ajoutent les problèmes budgétaires des membres de la coalition.
Ces dernières semaines, l'opération est devenue trop lourde pour la Norvège qui a décidé de retirer ses chasseurs, et pour Rome qui a rappelé son porte-avions Garibaldi. Paris a pour sa part retiré le porte-avions Charles de Gaulle, tout en s'engageant à maintenir un engagement constant.
L'OTAN assure disposer à l'heure actuelle des ressources nécessaires pour remplir son mandat. Nul doute toutefois que la crise pèsera dans le débat en septembre sur un éventuel renouvellement du mandat de la mission.
Après six mois d'insurrection armée en Libye, l'OTAN veut continuer à croire à une sortie de l'impasse, malgré la résistance plus forte que prévue du régime de Mouammar Kadhafi, la progression laborieuse de la rébellion, et une légitimité internationale fragile.L'opération "Protecteur unifié" s'éternise, même si le chef des opérations militaires, le Canadien Charles Bouchard, a...