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Couverture spéciale de la révolte en Libye - Analyse

Quelle figure consensuelle pour l'après-Kadhafi?

Avant le début de l'offensive des rebelles libyens sur Tripoli, dimanche, Husam Najjair semblait davantage préoccupé par le risque d'affrontements entre insurgés que par la menace posée par les forces de Mouammar Kadhafi.

"La première chose que ma brigade fera sera d'instaurer des postes de contrôle pour désarmer tout le monde, y compris les autres groupes rebelles sinon ce sera un bain de sang, déclarait à Reuters ce combattant rebelle. Tous les groupes de rebelles veulent contrôler Tripoli. Il faudra de l'ordre."

Au coeur des inquiétudes d'Husam Najjar figure la question qui ne va pas manquer de se poser en cas de renversement du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans : existe-t-il une figure de l'opposition qui fasse suffisamment consensus pour assurer une période de transition?

"Il n'y a pas un seul rebelle qui soit respecté de tous, c'est le problème", estime Kamran Bokhari, analyste chez STRATFOR.

Figure emblématique de la rébellion à l'étranger, Moustafa Abdeldjeïl préside le Conseil national de transition (CNT), coalition d'éléments disparates basée dans la ville de Benghazi (est). Ancien ministre de la Justice de Kadhafi, Abdeldjeïl a démissionné de son poste fin février pour protester contre l'usage excessif de la force contre les manifestants. Mais à l'image d'anciens membres du cercle rapproché de Kadhafi, il risque d'être regardé avec suspicion par les rebelles qui souhaitent tourner la page des années Kadhafi et purger le pouvoir des caciques de l'ancien régime.

Autre figure de l'opposition qui pourrait jouer un rôle dans une éventuelle transition libyenne, Ali Tarhouni. Ce dissident exilé aux Etats-Unis est revenu en Libye pour occuper le poste de ministre du Pétrole et des Finances de la rébellion. Actuel Premier ministre du gouvernement des rebelles et ancien responsable chargé du développement sous Kadhafi, Mahmoud Jibril, a pour sa part développé de nombreux contacts à l'étranger mais son expérience ne sera valorisée que s'il participe à un futur potentiel gouvernement.

Les tensions entre les opposants de longue date et les anciens partisans du colonel libyen qui n'ont que très récemment fait défection, pourraient saper toute tentative de mettre en place un pouvoir de transition.

Selon certains analystes, la Libye pourrait connaître le même scénario que l'Irak en 2003 après l'invasion américaine et la chute de Saddam Hussein. Les membres du parti Baas du président irakien et les membres de l'armée avaient fait l'objet d'une purge, laissant un vide à la tête du pouvoir dont les militants d'el Qaêda notamment avaient tiré profit.

"On ne peut pas décider que quiconque a travaillé pour Kadhafi ne peut pas travailler avec nous. Ce n'est pas pratique", estime Ashour Shamis, militant de l'opposition exilé au Royaume-Uni.

Les Libyens prêts à mettre leurs animosités de côté pour favoriser la relance du secteur de l'énergie pourraient être tentés de se tourner vers l'ancien Premier ministre Chokri Ghanem. M. Ghanem, ancien président de la Compagnie nationale de pétrole (NOC) et cacique du régime de Kadhafi, a fait défection en juin. Lorsqu'il était au pouvoir, il a notamment contribué à libéraliser l'économie libyenne et à accélérer l'ouverture du pays aux investissements étrangers dans le secteur du pétrole.

Avant le début de l'offensive des rebelles libyens sur Tripoli, dimanche, Husam Najjair semblait davantage préoccupé par le risque d'affrontements entre insurgés que par la menace posée par les forces de Mouammar Kadhafi.
"La première chose que ma brigade fera sera d'instaurer des postes de contrôle pour désarmer tout le monde, y compris les autres groupes rebelles sinon ce sera un bain...