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Couverture spéciale de la révolte en Libye - Conflit

L’assassinat du général Younès, un coup dur politique et militaire pour les rebelles libyens

Tripoli mis en cause, mais les circonstances du meurtre demeurent mystérieuses, ouvrant la voie à diverses rumeurs et spéculations.

Le général Younès avait participé au coup d’État qui avait porté Mouammar Kadhafi au pouvoir en 1969 et avait occupé les fonctions de ministre de l’Intérieur. Il avait, très tôt, rejoint les insurgés. Georges Gobet/AFP

L’assassinat jeudi dans des circonstances mystérieuses du général Abdel Fattah Younès, rallié à la rébellion libyenne après avoir été un pilier du régime du colonel Mouammar Kadhafi, constitue pour les insurgés un coup dur, politique et militaire.
Le chef d’état-major des rebelles a été tué par un groupe d’hommes armés après avoir été rappelé du front pour un interrogatoire sur des questions militaires à Benghazi, le fief des insurgés, en Libye orientale, a annoncé le président du Comité national de transition (CNT, la direction politique de la rébellion), Moustapha Abdeljalil. Deux colonels ont trouvé la mort en même temps que lui, a ajouté M. Abdeljalil au cours d’une conférence de presse jeudi soir, précisant que le chef des tueurs avait été arrêté. La rébellion a décrété trois jours de deuil et imputé la responsabilité de la mort du général Younès aux forces loyales au régime de Tripoli. « L’intervention de Kadhafi est très claire dans cette affaire », a déclaré hier un haut responsable des rebelles ayant requis l’anonymat.
Un millier de personnes ont participé hier aux funérailles du général Younès à Benghazi. « Le sang du martyr ne sera pas répandu en vain ! » a scandé la foule rassemblée pour l’occasion à l’extérieur du Palais de justice, sous le regard nerveux des membres des forces de sécurité. « Nous avons été choqués par son assassinat parce que c’était pour nous un dirigeant important », a dit Farah Dorbak, 51 ans, avant de se rendre au cimetière al-Hiwary pour honorer sa mémoire. « Kadhafi peut tuer tout le monde. C’est ce qu’il a fait pendant 42 ans » à la tête de la Libye, a assuré Moustafa Bayou, 55 ans. Le général Younès, qui avait fait défection en février, « était un gros atout pour nous parce qu’il a travaillé si longtemps pour Kadhafi qu’il savait tout de ses soldats », a souligné de son côté Mohammad al-Reibi, un ingénieur âgé de 21 ans.
Parallèlement, les raisons pour lesquelles le CNT voulait l’interroger étaient au centre de tous les commentaires. Et certains redoutent, après son décès, des divisions au sein de la rébellion au moment où celle-ci progresse, que ce soit sur le front diplomatique, avec la reconnaissance entière de la France et du Royaume-Uni, ou sur le terrain militaire, avec des avancées jusqu’au port de Brega et dans les montagnes au sud-ouest de la capitale. Sa mort a aussi provoqué un large spectre de rumeurs, d’aucuns considérant que les insurgés l’avaient eux-mêmes assassiné, le soupçonnant de trahison. « Je vous demande de ne pas prêter attention aux rumeurs que les forces de Kadhafi essaient de propager dans nos rangs », a répliqué M. Abdeljalil jeudi soir. Personne ne dispose de toutes les réponses, mais « cela viendra avec le temps », a-t-il affirmé hier, relativisant les risques de dissensions internes ou de règlements de comptes de la part de soldats ayant suivi Abdel Fattah Younès ou de membres de sa tribu. « Les gens savent que (ces dissensions) sont dans l’intérêt de Kadhafi et les gens sont contre Kadhafi. Même les membres de sa tribu ont été raisonnables, conscients qu’il s’agissait d’un piège de Kadhafi pour créer des problèmes », a-t-il déclaré.
Deux responsables de la tribu al-Obeidi, dont était issu le général Younès, étaient présents jeudi soir à la conférence de presse de M. Abdeljalil. Juste après l’annonce du décès, une dizaine d’hommes armés sont arrivés sur les lieux en tirant en l’air. « Ils criaient : Vous avez tué (Abdel Fattah Younès) » à l’adresse du CNT, a raconté un témoin, les journalistes ayant été évacués. Le général Younès avait occupé, avant son ralliement à la rébellion, les fonctions de ministre de l’Intérieur. Il avait participé au coup d’État qui avait porté Mouammar Kadhafi au pouvoir en 1969. Il avait rejoint très tôt les insurgés, tout comme Moustapha Abdeljalil, alors ministre de la Justice, après le début du mouvement de contestation contre le colonel Kadhafi, le 15 février.
La France, l’un des principaux soutiens internationaux à la rébellion, a appelé à la prudence sur les explications et les responsabilités dans son assassinat. « Ce qui s’est exactement passé reste peu clair », a de son côté noté la Grande-Bretagne, autre acteur-clé au sein de la coalition internationale.
Au plan militaire, l’aviation norvégienne effectuera aujourd’hui sa dernière mission de combat en Libye, deux jours avant la fin officielle de sa participation à l’opération aérienne dirigée par l’OTAN.
(Source : AFP)
L’assassinat jeudi dans des circonstances mystérieuses du général Abdel Fattah Younès, rallié à la rébellion libyenne après avoir été un pilier du régime du colonel Mouammar Kadhafi, constitue pour les insurgés un coup dur, politique et militaire.Le chef d’état-major des rebelles a été tué par un groupe d’hommes armés après avoir été rappelé du front pour un...