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Liban - Interview

Harb à « L’OLJ » : Je crains que les centristes plient devant les armes et leur goût du pouvoir

L’ancien ministre Boutros Harb souligne, dans une interview à « L’Orient-Le Jour », que le gouvernement constitue une « ligne de défense » pour le régime syrien, affirmant en outre que si la table de dialogue n’est pas focalisée sur les armes du Hezbollah, elle ne sera qu’une « mascarade ».

Il fait partie des composantes du 14 Mars, mais Boutros Harb s’est souvent démarqué de ses alliés en tentant de se positionner en tant que « conciliateur » entre la majorité et l’opposition. Lors du débat parlementaire qui a précédé le vote de confiance, le député de Batroun a été virulent en attaquant de front le gouvernement du « Hezbollah et de la Syrie », un gouvernement « qui a dépassé toute les lignes rouges » et qui ne mérite plus donc que l’on porte des gants. Dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour, il définit sa position au sujet des derniers développements dont le pays a été le théâtre.
« Je considère désormais, souligne avec le sourire l’ancien ministre, que nous n’avons pas le droit de ne pas dénoncer ce qui doit l’être. Nos martyrs ne nous le pardonneront pas. Nous avons payé très cher pour libérer le Liban de la tutelle syrienne et nous revoilà au point zéro. Les conditions dans lequelles le gouvernement Nagib Mikati a été formé ont prouvé que ce cabinet est le fruit des armes du Hezbollah et d’une intervention syrienne nette et claire, bien que non avouée par le Premier ministre et ses ministres qui constituent une ligne de défense pour le régime de Damas. Comment s’empêcher donc d’être virulent ? »
Certes, le nouveau gouvernement est définitivement taxé par l’opposition d’être celui du Hezbollah et de Bachar el-Assad, mais cela ne l’a pas empêché d’obtenir la confiance et de mettre en marche, dès aujourd’hui, le train des nominations, et partant d’entamer son action en passant outre les récriminations du 14 Mars. « Les choses ne sont pas aussi simples que cela, souligne Boutros Harb. Nous allons dénoncer toute dérogation. Nous allons observer de près chaque décision prise et qui va à l’encontre du citoyen et du pays. En effet, nous nous attendons à ce que le gouvernement fasse des nominations qui lui conviennent et favorise ses partisans, faisant fi de la compétence, de l’intégrité et de l’honnêteté des personnes. »
M. Harb a fait part de sa crainte de voir le gouvernement écarter les fonctionnaires qui ont passé leur vie au service des institutions afin de promouvoir les partisans du 8 Mars et accaparer les postes-clés pour consolider leurs positions en vue des prochaines élections législatives qui doivent se dérouler en 2013.
« Nous comptons sur deux éléments fondamentaux pour empêcher ce genre de comportement, a indiqué M. Harb. D’une part, nous allons avoir recours à un droit qui nous revient, celui d’essayer de faire tomber le gouvernement à l’intérieur du Parlement, à la suite des discussions générales de la politique du cabinet. Ce droit est donné à l’opposition dans tous les régimes démocratiques parlementaires. D’autre part, nous misons sur le droit de veto du président Michel Sleiman, du président de la Chambre Nabih Berry et du bloc joumblattiste, qui, nous l’espérons, n’accepteront pas que les prises de position extrémistes prévalent. Ce que je crains dans ce contexte, c’est qu’à un moment donné, les centristes vont devoir prendre position avec tel ou tel bord, vu que le clivage entre le 8 et le 14 Mars est très profond. J’ai l’impression diffuse qu’ils plieront devant la volonté de la majorité du fait de la présence des armes, des intérêts régionaux et par goût du pouvoir. »
Insistant sur le rôle que peut jouer le chef de l’État dans cette situation conflictuelle, Boutros Harb a indiqué que la table de dialogue n’est pas nécessaire si Michel Sleiman ne reçoit pas l’assurance de la part du Hezbollah et de ses alliés que le débat sera axé sur la stratégie de défense et la question de ses armes. À défaut, M. Harb conseille au chef de l’État de ne pas convoquer la conférence de dialogue, qualifiant de « mascarade » une table de dialogue qui ne s’attellerait pas à régler ce point précis.
Encourage-t-il le recours aux manifestations populaires? « Cette éventualité est plausible, souligne M. Harb. C’est certainement l’une de nos options. Nous veillerons dans ce cadre à ne pas perturber l’ordre public ni à paralyser les institutions. »
Revenant sur les développements en Syrie, Boutros Harb a estimé qu’il est préférable que les Libanais ne s’ingèrent pas dans les affaires internes de ce pays et que les citoyens ne soient pas divisés entre prorégime ou promanifestants. « Mais, dit-il, cela ne signifie pas que nous devons fermer les yeux. À mon avis, il est tôt de se prononcer au sujet des répercussions sur le Liban d’un changement de régime à Damas. En fin de compte, laissons au peuple syrien, qui fait preuve de tant de courage et de détermination, le soin de décider de son sort. Pour ma part, je souhaite que Bachar el-Assad plie devant cette volonté et mette fin au totalitarisme. »
En conclusion, le député de Batroun a évoqué le rôle de l’Église dans cette phase délicate que traversent le Liban et toute la région, assurant que le patriarche Béchara Raï a besoin de temps « pour atteindre la vitesse de croisière qui lui permettra d’établir les fondements de ses orientations nationales ». « Bkerké est le défenseur des principes sur lesquels il a été fondé, conclut-il. Nous sommes prêts à coopérer avec lui pour l’aider à remplir ses fonctions historiques et nationales. »
Il fait partie des composantes du 14 Mars, mais Boutros Harb s’est souvent démarqué de ses alliés en tentant de se positionner en tant que « conciliateur » entre la majorité et l’opposition. Lors du débat parlementaire qui a précédé le vote de confiance, le député de Batroun a été virulent en attaquant de front le gouvernement du « Hezbollah et de la Syrie », un...

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Dans notre adage libanais le conciliateur des jeunes gamins finit par se pendre . Conseil qu ’on ne peut que dédier au député de Batroun l’ancien ministre Boutros Harb qui n ’arrivera certainement pas à desarmer le hezbollah ni empêcher le 8 mars d ’ imposer ses réformes . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

04 h 17, le 14 juillet 2011

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Commentaires (1)

  • Dans notre adage libanais le conciliateur des jeunes gamins finit par se pendre . Conseil qu ’on ne peut que dédier au député de Batroun l’ancien ministre Boutros Harb qui n ’arrivera certainement pas à desarmer le hezbollah ni empêcher le 8 mars d ’ imposer ses réformes . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    04 h 17, le 14 juillet 2011

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