Washington a décidé de geler le versement de 800 millions de dollars d'aide militaire à Islamabad en représailles à de récentes mesures pakistanaises limitant l'activité militaire américaine dans le pays. Les relations entre les deux pays, alliés depuis que le Pakistan s'est rallié fin 2001 à la "guerre contre le terrorisme" américaine dans la région, sont au plus bas depuis le raid unilatéral américain qui a tué Oussama Ben Laden le 2 mai dernier à Abbottabad (nord du Pakistan).
Peu avant l'annonce pakistanaise, le président Nicolas Sarkozy, en visite surprise en Afghanistan, avait annoncé que la France retirera un quart de ses soldats - soit un millier d'hommes - d'ici à fin 2012. "Il faut savoir finir une guerre", a-t-il estimé devant les soldats français. "Il n'a jamais été question de garder indéfiniment des troupes en Afghanistan", a poursuivi le chef de l'État qui s'est rendu dès son arrivée à la base avancée de l'armée française à Tora, dans le district de Surobi, à l'est de Kaboul. Quelque 4 000 militaires français sont déployés dans le pays, la plupart en Surobi, à Kaboul et dans la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul. "Les effectifs restants seront concentrés en Kapisa" après fin 2012, a indiqué M. Sarkozy. "En 2014, tous les soldats français seront partis, il n'y aura plus un soldat français en 2014, tout sera transféré aux Afghans", a assuré M. Sarkozy à Tora. "Avec le président Obama, nous faisons la même analyse. La mort de Ben Laden est un coup très sérieux porté aux terroristes, le transfert des responsabilités aux Afghans fonctionne bien et la situation sécuritaire dans certaines provinces (...) s'améliore", avait expliqué le président français le 24 juin. "Nous avons donc décidé d'en tirer les conséquences et de ramener à la maison un certain nombre de nos soldats", avait-il ajouté.
La visite du chef de l'État, la troisième depuis son élection en 2007, survient au lendemain de la mort d'un soldat français de 22 ans, victime d'un "tir accidentel". Ce soldat est le douzième militaire français tué dans le cadre des opérations en Afghanistan depuis le début de l'année, et le 64e depuis le début de l'intervention française fin 2001. A Tora, le général Emmanuel Maurin, chef des troupes françaises en Afghanistan, a exposé à M. Sarkozy la situation sur le terrain, marquée selon lui par "une radicalisation de l'insurrection, qui ne s'est néanmoins pas étendue parmi la population". A Tora, le président Sarkozy a également rencontré le général afghan Nazar qui commande la brigade afghane déployée en Kapisa-Surobi, qu'accompagne et conseille l'armée française sur le terrain.
Le 24 juin, en clôture d'un sommet européen, le président français avait déjà annoncé que "plusieurs centaines" de soldats français quitteraient l'Afghanistan "d'ici à la fin de l'année, début de l'année prochaine", dans le cadre du retrait militaire annoncé peu avant avec les États-Unis. La veille, le président Barack Obama avait annoncé le retrait d'un tiers des soldats américains d'ici à l'été 2012, soit quelque 33 000 hommes. Les Américains composent plus des deux tiers de la force internationale de l'OTAN en Afghanistan (Isaf). Les opinions publiques des États participant à la force de l'OTAN, américaine en tête, s'opposent désormais majoritairement au maintien de leurs soldats dans ce que les experts unanimes qualifient de "bourbier".
Parallèlement au début de retrait des soldats étrangers doit commencer en juillet, dans sept zones du pays, le processus dit "de transition", qui prévoit le transfert progressif de la responsabilité de la sécurité aux mains des forces afghanes sur l'ensemble du territoire d'ici à fin 2014, date à laquelle l'OTAN aura, en théorie, retiré l'ensemble de ses troupes combattantes.
Malgré la présence actuelle de 130 000 à 140 000 soldats de la force internationale, les talibans n'ont cessé, ces dernières années, d'intensifier leur guérilla et leur insurrection s'est étendue à la quasi-totalité du territoire.
Les plus commentés
Quand Netanyahu invite les Libanais à s'entre-tuer
« Ne vous brûlez pas les doigts », lance le porte-parole du Hezbollah à ceux qui misent sur la défaite du parti
Polémique sur une vidéo d’une journaliste aidant à « forcer » l’ouverture d’un local pour loger des déplacés à Beyrouth