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Douches sèches

Il pleut rarement cette année. Ou alors de la boue. C'est pourtant la saison. On a beau chercher, il n'y a aucune explication politique à cela. Et c'est peut-être ce qui nous trouble.
Rien n'est plus douloureux quand on est, comme nous, perclus de complotite, que de ne pas avoir de coupable à se mettre sous la hargne. Des audacieux ont avancé que ce sont les bombes au phosphore, tirées par Israël à Gaza, qui perturbent le climat. Le ciel crevé par une sale guerre de plus, vidé de sa substance, asséché par ces braises que rien n'éteint ; ce n'est pas très scientifique, mais ça fait du bien. Ça permet d'exprimer en dommages collatéraux notre solidarité avec le peuple opprimé de la bande. Ça aide à clore le débat. Sans guerre et sans querelles de pouvoir, on n'aurait plus réponse à rien.
Nous n'en avons pas moins un problème : les pluies se font rares. L'eau qu'on nous envie et qu'on nous pompe sans vergogne de tous les côtés de la frontière, cette même eau que nous gaspillons sans façon mais au nom de laquelle nous sommes prêts à lever des armées, cette eau-là n'est plus un souci. Du moins tant que l'on peut désigner les responsables et les coupables et s'exclure injustement de la liste. Ce n'est pas très efficace, mais ça permet d'évacuer les passions.
En attendant de commencer à chercher une solution rationnelle, nous voilà face à une inquiétante réalité. Le niveau des pluies baisse d'année en année, et le problème est ici planétaire. Et Bush parti, qui incriminer ? Le problème de la pluie tourmente l'humanité depuis l'aube des temps. Des chercheurs ont proposé de bombarder les nuages ou de provoquer artificiellement des chocs thermiques. Si c'était efficace, on aurait retenu l'option. Dans les sociétés primitives, on danse pour faire éclater les orages. Nous faudra-t-il danser ? Ailleurs on sacrifie quelque chose ou quelqu'un, pour nourrir le ciel et engraisser les nuages. Que donnerons-nous en pâture aux troupeaux des nues ? La sécheresse, nous apprennent les saints livres, est un fléau. Un châtiment collectif. Malgré les apparences, l'idée est assez démocratique. Elle rend l'humanité solidaire dans la faute, suscite une action commune et renvoie chacun à ses propres démons.
Il pleut de moins en moins. Fichu temps. Écœurant soleil de janvier. Nauséeuse tiédeur. Poussière dans les gencives, sous les paupières. À quoi sert de danser, le ciel n'entendra pas nos pas. Bien sûr, il est urgent de protéger nos ressources. Mais pour la partie surnaturelle, autant prendre le pli de s'entraider. Un jour viendra où nous aurons besoin les uns des autres ; de donner, de demander, d'agir coude à coude. Il y faudra de la tolérance et de la générosité. À défaut de calmer les éléments, du moins y gagnerons-nous un peu de douceur ¦
Il pleut rarement cette année. Ou alors de la boue. C'est pourtant la saison. On a beau chercher, il n'y a aucune explication politique à cela. Et c'est peut-être ce qui nous trouble.Rien n'est plus douloureux quand on est, comme nous, perclus de complotite, que de ne pas avoir de coupable à se mettre sous la hargne. Des audacieux ont avancé que ce sont les...
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