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Consensus bêlant

Le pays est en rupture de stock, n’en jetez plus ! Avec l’épisode dramatique de Rayack, le réservoir d’indignations a été siphonné d’un coup par les 700 candidats au casting des législatives. Fallait voir la célérité avec laquelle les cobayes postulants se sont jetés sur cette pâture inespérée. Diable ! Dans cette campagne pourrie par les insultes et autres noms d’oiseaux que s’échangent les birbes déliquescents de la marmite politique, un sujet consensuel bêlant comme celui-là vaut son pesant de projos, micros et caméras.
Quatre soldats abattus de sang-froid par une tribu de marchands de came, une espèce d’appendices de barbus, davantage portés sur la haschichomanie que la psalmodie. C’est aussitôt la bousculade chez les prétendants aux 128 tabourets. Des candidats les plus illustres aux sous-fifres les plus obscurs, tous y sont allés de leur cinéma dénonciateur. Et vas-y que je te condamne les narco-tueurs, et vas-y que je te promets de frapper d’une main de fer, et vas-y que je te passe la brosse à reluire à l’armée… C’est fou combien la levée de la couverture politique peut produire comme superhéros !
À partir de là, chaque camp tente de rentabiliser l’incident pour le rendre compatible avec sa sauce. Pour les uns, c’est haro sur la quincaillerie militaire du Hezbollah auprès duquel les sous-barbus de Rayack auraient trouvé l’inspiration ; pour les autres, c’est l’éternel complot destiné à implanter les Palestiniens à la place des plantations de haschich. Stupéfiant ! De jour en jour, les programmes électoraux gagnent en consistance. La politique est l’art de l’adaptation.
Pour ne pas demeurer en reste, quelques vieux tyrannosaures ont soudain bougé et se sont crus obligés de commenter l’affaire. On citera notamment Sissou Hoss, le sinistre au teint bistre, et Omar le Tripolichinelle du Grand Nord. Deux naufragés du Jurassique local à la carrière politique en jachère et dont tout le monde a oublié qu’ils furent Premiers ministres. Leur appui chevrotant à l’armée, du fond de leur voie de garage, a été incontestablement salutaire pour le moral des troupes…
Il ne manque plus que les assassins eux-mêmes pour s’indigner. Mais ce n’est pas encore dans l’air du temps ■
Le pays est en rupture de stock, n’en jetez plus ! Avec l’épisode dramatique de Rayack, le réservoir d’indignations a été siphonné d’un coup par les 700 candidats au casting des législatives. Fallait voir la célérité avec laquelle les cobayes postulants se sont jetés sur cette pâture...
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