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« La bonne brochette d’antisémites ! »


C’est un phénomène nouveau, devenu suffisamment fréquent pour qu’on s’y arrête. Les pro-israéliens sont à cran et multiplient les interventions hostiles dans les lieux publics, agressant verbalement ou plus toute personne qui exprime, dans une conversation privée, sa compassion ou son horreur à l’égard de ce que subissent les Palestiniens depuis huit mois.

Je marchais tranquillement, rue de Rivoli, avec une amie journaliste qui vit à Paris où j’étais brièvement de passage. Tant de conversations à rattraper, d’autant plus que la nuit précédente, Israël avait bombardé la partie « sûre » de Rafah où la population avait été enjointe à se regrouper. Tout avait brûlé. Les tentes, en matière plastique, adhéraient aux corps, occasionnant des plaies profondes et inguérissables. De nombreuses victimes avaient brûlé vives. Un père avait été filmé à travers les flammes retirant des décombres son enfant décapité. Les images sont là, ni contrefaites ni mises en scène. L’heure, le lieu, les recoupements en témoignent. Pourquoi ? Pourquoi une armée dite civilisée, et l’une des plus puissantes du monde, s’était-elle déchaînée sur des civils endormis, épuisés par de longues journées passées à chercher de quoi se nourrir et se désaltérer ? Nous parlions de cette situation horrifiante, de la campagne israélienne qui n’avait plus rien d’une riposte stratégique au massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas. Qui n’était plus que haine pure, vengeance démesurée.

Tout à coup, une passante comme nous, et comme nous dégoulinante de cette maussade pluie printanière qui ajoutait sa mauvaise humeur à la lugubre humeur du monde, s’abat sur nous et s’invite dans la conversation. « Vous n’avez pas le droit de juger ! nous lance-t-elle. Vous n’avez pas toutes les données ! » Nous nous regardons, un peu interloquées par cette grande harpie qui nous tombe dessus sans crier gare en poussant de hauts cris. « Vous êtes subjectives ! Vous n’avez pas le droit ! » Mon amie répond tranquillement, et pour neutraliser un débat qu’aucune de nous deux n’avait envie de poursuivre en pleine rue avec une inconnue énervée, que sa subjectivité lui appartient et qu’il est de son droit d’en user. Quelles sortes de données peuvent bien manquer quand les documents les plus crus font foi de comportements indignes d’une armée régulière ? J’ai constaté par la suite que ce genre d’incidents se répétaient un peu partout. D’autres témoins en ont fait l’expérience, qui dans une file à l’aéroport de Dubaï, qui dans un bus à Bruxelles.

Lundi matin, c’est l’activiste et candidate aux élections européennes sur la liste LFI, Rima Hassan, qui en a été la cible. Personnalité publique, elle est certes habituée à être prise à partie pour ses positions en faveur des réfugiés et sa dénonciation de l’apartheid dans la société israélienne. Mais ce jour-là, alors qu’elle est tranquillement assise à la terrasse d’un café, profitant avec des amis d’une rare apparition du soleil, elle est brusquement haranguée par une personne distribuant des tracts sur lesquels on lit « Stop antisémitisme ! » La personne s’approche de la table en criant : « La bonne brochette d’antisémites ! » « Ah ! Syrienne ! Genre Palestinienne ! » poursuit la distributrice de tracts, comme si l’origine était une insulte, ignorant que les Arabes sont sémites et ne peuvent rejeter leur propre race.

Oui, les pro-israéliens sont à cran, au point de chercher à faire taire toute voix, jusqu’à la plus anodine, qui viendrait critiquer ou seulement interroger l’énormité de la riposte israélienne à l’agression du 7 octobre. Empêcher de dire, obliger à dire… ces interventions frénétiques sur la liberté d’expression révèlent un malaise profond. Il n’y a presque plus moyen d’être juif sans être assimilé à l’horreur de cette guerre. Comment en prendre distance, comment s’y opposer sans se désolidariser des siens ? Sans se sentir obligé, en condamnant le Hamas, de vouloir l’anéantissement de chaque Palestinien vivant ? « Je suis élu, je suis damné », écrit Verlaine. Il serait donc possible d’être les deux à la fois.

C’est un phénomène nouveau, devenu suffisamment fréquent pour qu’on s’y arrête. Les pro-israéliens sont à cran et multiplient les interventions hostiles dans les lieux publics, agressant verbalement ou plus toute personne qui exprime, dans une conversation privée, sa compassion ou son horreur à l’égard de ce que subissent les Palestiniens depuis huit mois. Je marchais...
commentaires (5)

L'opinion de Pierre Perret sur l'activiste Rima Hassan : Mes fidèles loulous attention/ Oyez en grande précaution/ Les folles élucubrations/ D'une pasionaria en carton/ Sais-tu pourquoi RIMA Hassan/ En tes veines dépourvues de sang/ Circule un jus nauséabond/ C'est parce qu'il n'est que du poison/ "Le chant des partisans", "Lily"/ Tous ces poèmes ont fait le lit/ De ceux qui combattent la haine/Qui met ce sang noir en tes veines/ Tu crois faire de la résistance /Tu n'résistes qu'à l'intelligence/ Celle du cœur dont tu ignores le lien/ Et ton combat ne rime à rien. Encore un extrémiste ?

Stephane Juffa

12 h 30, le 09 juin 2024

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Commentaires (5)

  • L'opinion de Pierre Perret sur l'activiste Rima Hassan : Mes fidèles loulous attention/ Oyez en grande précaution/ Les folles élucubrations/ D'une pasionaria en carton/ Sais-tu pourquoi RIMA Hassan/ En tes veines dépourvues de sang/ Circule un jus nauséabond/ C'est parce qu'il n'est que du poison/ "Le chant des partisans", "Lily"/ Tous ces poèmes ont fait le lit/ De ceux qui combattent la haine/Qui met ce sang noir en tes veines/ Tu crois faire de la résistance /Tu n'résistes qu'à l'intelligence/ Celle du cœur dont tu ignores le lien/ Et ton combat ne rime à rien. Encore un extrémiste ?

    Stephane Juffa

    12 h 30, le 09 juin 2024

  • La mauvaise foi n'a pas de limites, l'imbécillité non plus.

    Politiquement incorrect(e)

    17 h 08, le 07 juin 2024

  • Article biaisé à fond … si Rima Hassan et ses amis de La France Soumise ont été pris à partie ce n’est pas pour rien , celà fait des mois qu’ils enchainent les provocations.

    JPF

    23 h 37, le 06 juin 2024

  • C’est vrai , dès que ces gens-là nous sortent le refrain : holocauste, shoa, antisémitisme, on baisse la tête et ON SE TAIT ??!Oui, les pro-israéliens sont à cran, au point de chercher à faire taire toute voix, jusqu’à la plus anodine. De ce côté du mur , notre malheur à nous c’est qu’on CENSURE trop souvent des voix,– et faisons taire toute voix comme vous dites ANODINE.

    aliosha

    10 h 02, le 06 juin 2024

  • Quand on pense que les palestiniens sont les véritables descendants ethniques des juifs de l’an zéro, convertis au christianisme et à l’islam au gré de l’histoire, et que les véritables antisémites sont ces hordes d’immigrés en provenance d’Europe de l’est qui les massacrent, sous prétexte qu’ils ont eux-même subit la conversion inverse vers l’an 860 sous l’impulsion du roi Bulan… hypocrites!

    Gros Gnon

    03 h 46, le 06 juin 2024

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