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Nouveau Moyen-Orient ?

Et si les espoirs nés de la révolution de jasmin en Tunisie et de la révolte populaire en Égypte s'avéraient factices ? Et si les tentatives de récupération, sournoises du côté des islamistes, affichées du côté de l'armée, réussissaient à plomber la contestation égyptienne, à la dévier de son objectif initial ?
Et si l'effet domino s'avérait, au final, effet boomerang, se retrouvait pris au piège de concessions circonstancielles, de promesses trompeuses, d'une instabilité contrôlée, arme absolue contre les vents réformateurs ?
Que d'interrogations angoissantes, que de désillusions potentielles alors même que les Égyptiens se débattent, place Tahrir, pour éviter que leur révolution ne se perde dans les casernes militaires ou ne se dilue dans les prieurés des confréries islamistes.
Face à l'impasse, aux risques d'un blocage chronique, l'armée sera-t-elle le recours naturel, concrétisera-t-elle la solution que semble privilégier l'administration américaine, le rempart contre les dérives fondamentalistes ?
Que les Frères musulmans s'évertuent, depuis leur intrusion au cœur du Caire, à clamer leur « respectabilité », que leurs dirigeants, très BCBG, complet veston et cravate, s'acharnent à donner de leur mouvement une image rassurante, en acceptant même de prendre langue avec le pouvoir chancelant, tout cela ne change rien à l'idée largement répandue que les « Ikhwan » attendaient leur heure, celle qui a peut-être sonné place Tahrir, pour se venger du régime Moubarak, pour instaurer, à terme, un régime régi par la charia, celui auquel a promptement appelé le guide suprême iranien Ali Khamenei.
Un ayatollah qui rêve déjà d'un monde arabe islamiste calqué sur le modèle de la révolution iranienne de 1979, d'un « tremblement de terre susceptible de nettoyer la région de la présence américaine ».
Transcendé alors l'antagonisme ancestral, historique, entre sunnisme et chiisme, occulté, renvoyé dans les abysses de l'amnésie, la rivalité, tout aussi historique, entre une Perse conquérante et un monde arabe aux abois, miné par les germes de la division.
Aux yeux de Téhéran, le facteur fédérateur, en sus de la charia, est tout trouvé : la lutte contre l'ennemi commun, Israël, le combat, dicté par le devoir religieux, contre une entité sioniste spoliatrice, un retour, en quelque sorte, aux années du nationalisme arabe symbolisées par Gamal Abdel Nasser, mais revues et corrigées, aujourd'hui, par les ayatollahs iraniens...
La boucle serait alors bouclée et de l'Égypte à la Jordanie, du Yémen aux pays du Golfe, l'Iran voit déjà la ferveur populaire balayer les « régimes traîtres », les masses prendre les armes pour réparer l'injustice infligée aux Palestiniens. Tout cela, bien sûr, sous la direction de régimes islamistes sosies d'un pouvoir iranien parangon de vertu, un pouvoir qui, comme tout un chacun sait, est à l'avant-garde de la lutte pour la défense des libertés publiques et des droits de l'homme !
À l'instar du régime en place à Damas, allié privilégié de Téhéran, qui ne doit sa survie, sa pérennité, qu'à l'épouvantail sans cesse agité de la menace islamiste, qu'à la perpétuation de la situation de ni guerre ni paix avec Israël. On n'est pas à un paradoxe, à un mensonge près...
Retour à la case départ : la révolution égyptienne permettra-t-elle qu'on lui vole sa victoire, que son mouvement soit dévié de sa trajectoire, qu'il soit accaparé par les islamistes ou les militaires du sérail ? L'usure du temps aura-t-elle raison et des réformes et des slogans de liberté lancés place Tahrir ?
George Bush Jr rêvait d'un nouveau Moyen-Orient démocratique qui émergerait de l'expédition militaire en Irak. On sait, aujourd'hui, ce qu'il en a coûté aux États-Unis d'avoir cru en cette hasardeuse entreprise. Si la révolte populaire en Égypte venait maintenant à capoter, si les vautours du fondamentalisme ou du militarisme venaient à la falsifier, à la trahir, c'en serait fait alors des espoirs de changement et de renouveau.
Ce serait donner raison à tous ceux, en Occident, qui prétendent que la démocratie est totalement étrangère aux structures mentales du monde arabe, qu'elle est contraire à la philosophie d'État de l'islam...
Et si les espoirs nés de la révolution de jasmin en Tunisie et de la révolte populaire en Égypte s'avéraient factices ? Et si les tentatives de récupération, sournoises du côté des islamistes, affichées du côté de l'armée, réussissaient à plomber la contestation égyptienne, à la dévier de son objectif initial ? Et si l'effet domino s'avérait, au final, effet boomerang, se...
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