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Boule de neige, boule de feu

La comparaison n'est pas fortuite, elle s'impose parce que dans les deux cas de figure c'est l'histoire qui est en marche : hier, il n'y a pas si longtemps, on assistait à la désintégration de l'Union soviétique, des régimes communistes européens, à la chute du mur de Berlin, aujourd'hui, c'est le monde arabe qui est gagné, à son tour, par le souffle de la révolution, c'est le peuple arabe qui décide de prendre son destin en main, qui descend dans la rue pour exprimer, haut et fort, sa soif de liberté.
Hier, les révolutions en Europe de l'Est bouleversaient toutes les donnes, pulvérisaient des systèmes politiques qui se croyaient immuables, aujourd'hui, le même effet boule de neige gagne les pays arabes, menace les régimes englués dans leur autisme, pathologiquement réfractaires aux courants progressistes, aux vents du changement démocratique.
Hier, tout semblait impossible, irréalisable, aujourd'hui, tout paraît possible, tous les scénarios deviennent envisageables, annonciateurs, peut-être de profonds changements de nature à dessiner une nouvelle carte géopolitique de la région.
La Tunisie n'a pas encore fini de peaufiner sa révolution et voilà que l'Égypte enclenche la sienne, celle de tous les espoirs, de tous les possibles mais, aussi, de toutes les dérives si des forces occultes, ou bien connues, réussissaient à voler sa victoire au peuple égyptien, si le chaos et l'anarchie qui ont accompagné les manifestations de rue venaient à se prolonger.
« What next, who's next ? » L'interrogation inquiétante, le questionnement alarmiste gagnent naturellement l'administration américaine qui craint de voir ses alliés dans la région tomber l'un après l'autre. En 1979, les États-Unis avaient laissé faire en Iran, se débarrassant d'un ami devenu rapidement encombrant. Mais alors qu'à cette époque l'effet domino n'était pas envisageable dans la région, aujourd'hui il est ouvertement évoqué, clairement appréhendé.
Quoi maintenant ? À qui le tour ? Interrogation évidente alors qu'une tempête contestataire balaye le monde arabe, que les régimes totalitaires s'emploient dans l'urgence à trouver les moyens susceptibles de calmer le mécontentement, d'apaiser la colère populaire.
Réforme du système de gouvernement, liberté d'expression et d'association, respect des droits élémentaires du citoyen : les revendications sont légitimes, mais les pouvoirs en place ont-ils encore une marge de manœuvre suffisante pour jeter du lest sans risquer d'être débordés, carrément envoyés au tapis ?
La Tunisie et l'Égypte aujourd'hui, le Yémen et l'Algérie demain, la Jordanie après-demain, la Syrie en fin de parcours ? Et quid des États du Golfe, de régimes qui vivent dans des palais blindés, coupés des réalités du monde ? L'effet domino, concrètement, n'est plus une vue de l'esprit, c'est une réalité qui frappe désormais aux portes de nombre de pays arabes qui s'estimaient jusqu'à présent à l'abri des secousses libertaires.
Pour conclure ce panorama de la colère populaire en marche, panorama réjouissant pour les uns, tragique pour les autres, une dernière interrogation, et non des moindres, hante déjà les esprits à Tel-Aviv comme à Washington : qu'en sera-t-il du conflit israélo-arabe si les régimes qui ont signé des traités de paix avec l'État hébreu venaient à tomber, à être remplacés, à moyen ou long terme, par des pouvoirs résolus à ressusciter le fameux front arabe de confrontation, à renouer avec la lutte historique contre le pays spoliateur ?
Aux inquiétudes d'aujourd'hui concernant la situation en Égypte s'ajoute ainsi la crainte d'un avenir périlleux, d'un basculement progressif de l'ensemble de la région d'un état de paix armée à un état de guerre.
Au Liban, entre-temps, c'est de tiraillements intercommunautaires plus que de réformes qu'on se préoccupe, c'est de règlements de comptes, de revanches à prendre plus que de justice qu'on se soucie, tout cela sous le regard narquois d'un Hezbollah plus tireur de ficelles, plus meneur de jeu que jamais.
Un Hezbollah qui appelle de tous ses vœux la chute des régimes arabes conservateurs honnis, le régime de Hosni Moubarak en priorité...
La comparaison n'est pas fortuite, elle s'impose parce que dans les deux cas de figure c'est l'histoire qui est en marche : hier, il n'y a pas si longtemps, on assistait à la désintégration de l'Union soviétique, des régimes communistes européens, à la chute du mur de Berlin, aujourd'hui, c'est le monde arabe qui est gagné, à son tour, par le souffle de la révolution, c'est le peuple...
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