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En toute vérité...

La question est pertinente : où donc se situe le mieux ? Mettre cartes sur table, ne rien dissimuler, ou taire les évidences qui blessent, occulter les impairs qui aggravent les frustrations, qui approfondissent les rancunes ?
Vaste débat, interrogation légitime maintes fois posée dans la présente chronique : la réponse, elle, est nécessairement multiple, elle est fonction de situations tout autant multiples, qu'il s'agisse de questions personnelles ou d'ordre sociétal, du cercle intime des relations entre individus ou du cadre général d'un pays pris dans sa globalité.
Entre dire ses quatre vérités à celui qui s'obstine à ne pas comprendre ou noyer le poisson pour ne pas heurter sa susceptibilité ou sa sensibilité, le choix est entre la franchise brutale et le mensonge. Et pourtant que de pieux mensonges sont énoncés au quotidien, largement pardonnés, pour respecter une normalité unanimement agréée.
Il n'est nullement question, là, de faire le procès des « mensonges blancs » si nécessaires à la bonne marche de toute société respectueuse des bons usages (sic), ni celui d'une hypocrisie enfouie sous des tonnes de bons sentiments...
Les quatre vérités, celles qu'on assène quand tout a été dit, quand tous les recours ont été épuisés, ciblent, elles, l'essentiel, l'essence même qui détermine l'avenir d'un pays, de populations prises au piège d'affabulations, de trames montées de toutes pièces.
Les quatre vérités, cruelles dans ce cas de figure, dressent le constat d'un crime, celui qui est exécuté pour que la Vérité ne sorte jamais au grand jour, pour que les gens restent dans l'ignorance des raisons véritables de leurs malheurs, de leur infortune.
Ces vérités, impératives dans les situations d'urgence, sont celles qui dévoilent la conspiration du mensonge, qui dénoncent la mystification dont l'ultime objectif est d'ébranler les assises de la nation, de réduire l'État à l'impuissance, au statut d'assisté soutenu par les fossoyeurs de ce même État...
De la paralysie forcée du gouvernement à l'hibernation des diverses institutions de la république, du matraquage quotidien contre la plus haute autorité du pays au travail de sape visant les diverses instances sécuritaires, un scénario pernicieux se met en place conforté par un malaise social grandissant qui n'est que le résultat de l'inertie préméditée imposée à l'ensemble des structures étatiques.
C'est du déjà-vu, du déjà vécu : l'exploitation de la misère, des souffrances des gens, pour transformer des revendications sociales légitimes en contestation d'ordre politique, en levée de boucliers contre un État « corrompu » incapable d'entreprendre les réformes promises.
C'est évidemment oublier que depuis l'assassinat de Rafic Hariri, depuis la tempête soulevée autour du Tribunal spécial pour le Liban, les « négationnistes » n'ont pas arrêté de créer les conditions de paralysie institutionnelle rendant impossible la mise en œuvre des réformes essentielles sans lesquelles l'État continuera de barboter dans sa déliquescence...
Des aides promises par les Paris I, II et III aux fonds mis à la disposition du gouvernement par les instances européennes, que d'occasions perdues, de possibilités de réformes évaporées, que de coups bas portés à une économie chancelante pour des considérations criminellement politiciennes...
Les quatre vérités, celles qu'on énonce quand tout a été dit, quand tous les recours ont été épuisés, ne se traduiront pas nécessairement par une percée dans le mur de l'intolérance et de l'obstination. Elles serviront, à tout le moins, à marquer un point dans le long cours d'une histoire faite de mensonges et de falsifications.
À la veille d'un acte d'accusation, forcément fondateur, à l'heure où le malaise social prête le flanc à l'intoxication, à l'exploitation politique, les quatre vérités donnent à la Vérité attendue une raison supplémentaire pour y aller vite et fort...
La question est pertinente : où donc se situe le mieux ? Mettre cartes sur table, ne rien dissimuler, ou taire les évidences qui blessent, occulter les impairs qui aggravent les frustrations, qui approfondissent les rancunes ?Vaste débat, interrogation légitime maintes fois posée dans la présente chronique : la réponse, elle, est nécessairement multiple, elle est fonction de situations...
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