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Secrets d’alcôve...

Cherchez bien sous le lit ou dans le grenier, inspectez bien l'intérieur de l'armoire, jetez un coup d'œil soupçonneux derrière les rideaux de la chambre : « Ciel ! un espion ! » pourriez-vous alors vous écrier tout ébahi. C'est évidemment toujours mieux, beaucoup plus rassurant, que d'y découvrir l'éventuel amant de votre innocente épouse. Ouf !
Cent amants débusqués, euh, pardon ! Cent espions débusqués en un peu plus d'un an : c'est plus qu'un vaudeville à la Feydeau, c'est de la dépravation, une véritable dissolution des mœurs... Même le plus « pur d'entre les purs », celui qui a quasiment fait vœu de chasteté politique, qui a fait le serment d'éradiquer la corruption, où qu'elle se trouve, a été rattrapé par le scandale, a été trompé par l'ami intime, celui qui lui voulait tellement du bien qu'il l'a pratiquement dépouillé de l'auréole de l'inviolabilité.
Le roi est nu : il ne peut que l'être, que le devenir, à partir du moment où il s'enfonce dans ses certitudes, où il se cloître dans sa seule et unique pensée, sa Vérité, celle qui ne souffre d'aucune réplique, d'aucune contestation.
Et là, on touche à l'objet même de la réflexion : comment quiconque peut-il encore se prévaloir d'une marque déposée, celle de la probité, de l'image immaculée qu'il s'est forgée, pour interdire toute interrogation, tout questionnement ?
Comment n'importe quel mouvement, n'importe quel parti, qu'il soit d'inspiration divine ou prosaïquement terrestre, peut-il désormais se permettre de dire : gare à celui qui oserait pointer un doigt accusateur dans notre direction ?
Les maris trompés sont légion, les leaders politiques, les chefs de parti idem. Nul ne peut garantir l'étanchéité, nul ne peut se dire exempt de brebis galeuses, se claquemurer dans l'impunité.
Et là, on est au cœur de la réflexion : quoi que dise Hassan Nasrallah, quoi qu'il avance comme arguments d'attaque ou d'autodéfense, les dernières péripéties, la vague d'espionnite aiguë, ont ouvert les vannes des supputations, des scénarios les plus fous.
S'il est des preuves, des données sérieuses sur l'assassinat de Rafic Hariri, c'est au Tribunal spécial pour le Liban qu'elles auraient dû être livrées, soumises à examen, et non étalées sur la scène publique, jetées en pâture à une opinion intoxiquée, démembrée, prisonnière de clichés diaboliquement entretenus.
Que le Hezbollah l'admette ou pas, il est clair que l'affaire des espions est venue à point nommé pour étayer son argumentation et a, en même temps assez paradoxalement, ouvert la voie à une éventuelle « sortie » honorable, pour peu que Hassan Nasrallah veuille bien, à terme, y mettre du sien : après tout, si son allié le plus sûr a été infiltré par une taupe présumée, son propre parti peut bien avoir été contaminé par des « éléments indisciplinés », ceux-là mêmes que ciblerait le Tribunal spécial...
Une perche tendue, en quelque sorte, pour mettre en avant les brebis galeuses, celles qui mangent à tous les râteliers, pour leur faire endosser toutes les dérives, toutes les impostures. La Syrie, elle, s'en sortirait à bon compte : les morts, suicidés ou non, auront toujours bon dos.
Daniel Bellemare, lui, garde le silence et n'a pas dit son dernier mot. Mais qui donc est en train de politiser le TSL ? Allez farfouiller dans les secrets d'alcôve du Hezbollah et, accessoirement, du CPL... 
Cherchez bien sous le lit ou dans le grenier, inspectez bien l'intérieur de l'armoire, jetez un coup d'œil soupçonneux derrière les rideaux de la chambre : « Ciel ! un espion ! » pourriez-vous alors vous écrier tout ébahi. C'est évidemment toujours mieux, beaucoup plus rassurant, que d'y découvrir l'éventuel...
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