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Par saint Maron

Démagogues un jour, fieffés menteurs le lendemain, incollables, côté slogans, ils mènent leur petit monde en bateau, naviguant sans états d'âme dans les eaux boueuses, dans les marécages nauséabonds. Inébranlables, imperturbables, ils promettent, la main sur le cœur, un monde meilleur le jour où ils seront seuls à la barre, seuls maîtres à bord.
« Votez pour nous et c'est le printemps garanti » : pour consolider l'argument, rien de mieux que de farfouiller dans les ordures, dans les poubelles de l'histoire, rien de mieux que de ressusciter les antagonismes passés. Cela dure depuis des années et la recette est toujours payante. N'a-t-elle pas pour nom populisme et son moteur ne s'appelle-t-il pas corruption ?
Et vogue la galère : une semaine, ce sont les caisses qui écopent, qui subissent la danse du scalp ; la semaine suivante, ce sont les écoutes téléphoniques qui trinquent, qui dégagent leur purulence, leurs odeurs putrides. Dans l'intervalle, les uns gonflent leurs biceps pour « briser des bras », pour « couper des langues », d'autres se font traiter de « freluquets » pour avoir marché sur les précieuses plates-bandes de leurs puissants voisins.
En clair, on tourne en rond pour escamoter l'essentiel, on vitupère pour n'avoir pas à reconnaître ses propres dérives.
Et, de pertes de temps aux réunions ministérielles, en esquives répétées aux assises du dialogue, de comités restreints pour noyer le poisson en commissions de suivi pour vérifier que le poisson a bien été englouti, se dessine la toile de fond d'une République vampirisée par ses propres enfants, d'un État qu'on s'évertue à garder en situation de léthargie.
Les discussions sur l'arsenal du Hezbollah, la stratégie de défense, les zones de non-loi ? C'est partie remise. L'accord sur l'élimination des armes palestiniennes hors des camps, sur l'éradication de la tumeur qui surplombe la localité de Naamé ? Rangé au placard. La nomination d'un ambassadeur syrien au Liban, la délimitation des frontières communes, le sort des prisonniers libanais en Syrie ? Dossiers en suspens. Motus et bouche cousue.
Dur, dur d'avaler autant de couleuvres et de continuer à gérer les affaires de l'État ; dur, dur de se positionner en arbitre quand tout n'est plus que manichéisme, quand tout n'est plus qu'antagonismes.
Le patriarche Sfeir a tout à fait raison de s'inquiéter : si les élections de juin se traduisent par un basculement de l'équation politique, par une cassure irrémédiable, c'est tout le devenir du Liban qui en sera affecté. D'où la nécessité de préserver, de renforcer le centre politique qui se regroupe naturellement autour du chef de l'État et qui est seul susceptible de garantir la pérennité des équilibres politiques, fondements mêmes du pays du Cèdre.
« Certains ont des ambitions et souhaitent écarter le président de la République pour le remplacer » : en ne mâchant pas ses mots, le maître de Bkerké a mis le doigt sur la plaie, un mal insidieux qui ronge le corps chrétien, qui place les maronites, plus particulièrement, en position de dépendance, d'assujettissement dans certains cas, alors qu'ils auraient dû constituer l'ossature même de l'État fort et juste.
En ce jour du souvenir, dans sa sépulture syrienne si bien gardée, saint Maron doit, aujourd'hui, se retourner dans sa tombe. Non loin de là, dans sa résidence présidentielle, Bachar el-Assad se tord probablement de rire...
Bonne fête, saint Maron ! 
Démagogues un jour, fieffés menteurs le lendemain, incollables, côté slogans, ils mènent leur petit monde en bateau, naviguant sans états d'âme dans les eaux boueuses, dans les marécages nauséabonds. Inébranlables, imperturbables, ils promettent, la main sur le cœur, un monde meilleur le jour où ils seront seuls...
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