Les divers chapitres du budget ? Broutilles que tout cela. Le Conseil constitutionnel ? On s'en est bien passé des années durant, cela peut bien attendre. Les nominations et permutations administratives ? Idem, la Terre ne s'arrêtera pas de tourner pour autant !
Conseil du Sud contre Haut Comité de secours, Berry contre Siniora, 8 Mars forcément contre 14 Mars, drôle d'attelage qui trébuche à chaque petit écueil, qui se délite au premier coup de vent. Et quand la tempête souffle, c'est alors le blocage qu'on légalise, ce sont les morts qu'on ressuscite, les tombes qu'on presse de livrer leurs secrets.
Englués dans leurs comptes d'apothicaire, dans leur stricte appartenance communautaire ou clanique, leur attention n'est jamais tournée vers l'avenir, vers un futur fait de renouveau. Braqués sur le passé, ils hypothèquent l'avenir dont ils se prétendent pourtant les garants, les hérauts.
Honte à eux de jouer avec les milliards, de lancer des chiffres faramineux, de les multiplier par deux par simple provocation, un jeu cruel et malsain qui achève de discréditer des caisses qui n'ont souvent servi que de passe-droits.
Honte à tous ceux qui boudent dans leurs résidences de luxe, qui s'obstinent à refuser tout compromis, tout accord préservant les intérêts de l'État, uniquement pour marquer des points, uniquement pour se faire valoir auprès de leurs partisans qui n'en demandent, peut-être, pas tant. Mais les élections ne sont jamais loin, les arrière-pensées aussi...
Honte à tous ceux devenus experts dans les écoutes téléphoniques, qui retiennent, détournent ou distillent leurs informations au gré de leurs affiliations politiques ou de leurs intérêts personnels. Un étalage de frasques autant ministérielles que sécuritaires, autant officielles que miliciennes... Et la Terre continue évidemment de tourner et les moutons de Panurge continuent, bien entendu, à applaudir ou à ruer dans les brancards en fonction des humeurs du chef, du grand manitou, celui qui ne se trompe jamais...
Et quand une troisième voie se dessine, quand une troisième voix se fait entendre, c'est aussitôt le branle-bas de combat, l'hallali annonciateur de l'ennemi à abattre, qu'il soit centriste, indépendant ou, tout simplement, légaliste.
Liban de l'exception, Liban de la pluralité, Liban message : magnifiques slogans, superbes clichés dont on s'est gargarisé des années durant.
Les émissaires étrangers, eux, reprennent progressivement le chemin de Damas, dépositaire de la pensée unique, pure et dure. Bachar el-Assad a d'ailleurs rassuré l'envoyé spécial français, Philippe Marini : la Syrie se battra toujours pour un Liban fort...
Merci qui ?