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Moyen Orient et Monde - Révolte

À Damas, les opposants de l’intérieur affirment leur soutien au soulèvement populaire

Des opposants réunis à Damas ont affirmé hier à l’issue d’une réunion leur « soutien au soulèvement populaire pacifique qui veut passer à la démocratie », appelant dans le même temps à « la fin de l’option sécuritaire et au retrait des forces de sécurité des villages et des villes ». Les opposants ont demandé en outre aux autorités de « garantir la liberté de manifester pacifiquement sans autorisation préalable ainsi que la sécurité des manifestants ».

L’opposant syrien Michel Kilo assistant à la conférence organisée dans un hôtel à Damas. Louai Beshara/ AFP

Des opposants ont appelé hier à une « transition pacifique vers un régime démocratique » au cours d’une réunion publique à Damas, la première du genre en Syrie, en proie depuis plus de trois mois à un mouvement de contestation sans précédent. Plus de 100 opposants non affiliés à des partis se sont réunis pour une journée dans un hôtel de Damas afin de trouver une issue à la crise.
« Il y a deux chemins, le premier clair et non négociable qui va vers une transition pacifique vers un régime démocratique et qui sauvera notre peuple et notre pays. Il y a un autre chemin qui conduit vers l’inconnu et détruira tout le monde », a affirmé l’opposant Mounzer Khaddam, le président de la réunion, dans une allocution. « Nous faisons partie du peuple et nous avons opté pour le premier chemin avec le peuple. Ceux qui refusent de le prendre iront en enfer », a-t-il ajouté.
« Le régime tyrannique qui est au pouvoir doit disparaître », a martelé de son côté l’écrivain Louaï Hussein. Les participants, réunis sous le slogan « La Syrie pour tous à l’ombre d’un État démocratique civil », tentent de parvenir à « une vision sur la manière de mettre fin à la tyrannie et pour une transition pacifique vers l’État espéré », a encore déclaré M. Hussein.
L’écrivain et opposant Michel Kilo a, quant à lui, estimé que « la solution sécuritaire (adoptée par les autorités) entraînerait “la destruction de la Syrie” ». « Le régime politique actuel doit disparaître au niveau structurel », car « le pouvoir doit être le produit de la société et non l’inverse », a-t-il également jugé. Les participants se sont engagés dans un document qu’ils ont appelé « pacte » à « continuer d’adhérer au soulèvement pacifique de notre peuple syrien pour la liberté, la démocratie et le pluralisme, et pour fonder un État démocratique civil par la voie pacifique ». Ils ont aussi annoncé leur refus « de toute intervention étrangère dans les affaires de la Syrie ».
C’est la première fois depuis le début de la révolte que des opposants se réunissent ainsi au grand jour à Damas, selon l’avocat des droits de l’homme Anouar Bounni. Cette réunion a été contestée par des opposants se trouvant à l’extérieur de la Syrie, qui ont accusé les participants d’être « manipulés par le régime ». « Nous n’avons pas de liens avec les opposants à l’extérieur. Nous aussi nous nous interrogeons sur leurs objectifs. Ceux qui s’étaient réunis à Antalya en Turquie et à Bruxelles ont repris des opinions similaires à celles de pays occidentaux qui n’œuvrent pas en faveur de la Syrie », a répliqué le journaliste et écrivain Nabil Saleh. Le régime doit pouvoir bénéficier de temps « pour mettre en œuvre les réformes » annoncées par le président Assad, a-t-il dit, précisant : « Il y a des opposants qui souhaitent un changement partiel, d’autres veulent un changement complet. »
Les États-Unis ont qualifié lundi d’« événement important » la réunion publique sans précédent qui s’est tenue à Damas par des opposants syriens. La porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a affirmé par ailleurs que plusieurs des opposants étaient en contact avec l’ambassade des États-Unis en Syrie.
Le 20 juin, le président Assad avait proposé un « dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution ». Il avait évoqué notamment la possibilité d’« amender » la clause 8 qui fait du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, « le dirigeant de l’État et de la société ».
Dans ce contexte, le président Assad a appelé des opposants et des intellectuels à des consultations le 10 juillet prochain, rapporte l’agence de presse officielle SANA. Cette réunion aura lieu « pour débattre notamment des amendements prévus de la Constitution, notamment la clause 8 », a précisé SANA. Selon l’agence, l’organisme pour le dialogue national, présidé par le vice-président Farouk el-Chareh, a pour mission de « poser les principes d’un dialogue » entre toutes les parties en Syrie en prévision de la tenue d’un Congrès de dialogue national.
Le président Assad a de plus évoqué les demandes « légitimes » du peuple syrien lors d’un entretien hier à Damas avec une délégation du Congrès américain dirigée par le représentant démocrate Dennis Kucinich, toujours selon l’agence officielle SANA. M. Assad a informé M. Kucinich des « événements en cours en Syrie et des mesures de réformes qui sont mises en œuvre ». Le président Assad a insisté devant l’élu américain sur l’importance de faire la distinction entre « les Syriens qui ont des demandes légitimes auxquelles l’État est en train de répondre et les groupes armés qui exploitent ces demandes pour semer le chaos et déstabiliser le pays », a rapporté SANA. M. Assad a tenu les mêmes propos en recevant ensuite le député britannique du parti des Conservateurs Brooks Newmark, selon l’agence.
En ce qui concerne les manifestants, environ 300 étudiants arrêtés la semaine dernière à Alep ont été déférés dimanche devant la justice, accusés d’avoir commis des « actes de sabotage » et proféré des « insultes contre le président », a indiqué hier Radif Moustapha, président du Comité kurde des droits de l’homme. De même, quelque 300 Kurdes de Syrie ont manifesté contre le régime de Damas, hier à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, selon un journaliste de l’AFP. Réunis devant un siège de l’ONU, ils arboraient des banderoles sur lesquelles était écrit « Pas de négociations avec le régime » et « Agissons pour une Syrie démocratique et parlementaire, et pour la reconnaissance du droit des Kurdes ».

(Source : agences)
Des opposants ont appelé hier à une « transition pacifique vers un régime démocratique » au cours d’une réunion publique à Damas, la première du genre en Syrie, en proie depuis plus de trois mois à un mouvement de contestation sans précédent. Plus de 100 opposants non affiliés à des partis se sont réunis pour une journée dans un hôtel de Damas afin de trouver une issue à la...

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