De l’État-jungle...

L'idée communément admise selon laquelle le pays se porte mieux en l'absence d'un gouvernement est en train de se déliter.
Lentement mais sûrement, le pays prend un chemin qui n'est absolument pas celui de l'institutionnalisation.
Par défi, désintérêt ou en connaissance de cause, les divers responsables de ce pays le laissent aller bien plus qu'à la dérive : ils rendent sa métamorphose en véritable pays du tiers-monde, dans toutes ses caractéristiques, une amère réalité.
L'ignorance totale de la chose publique, de l'intérêt public, cette ignorance est effarante.
Il y a ce mépris du citoyen, de son bien-être de base, qui n'en finit plus de resurgir au fur et à mesure que le gouvernement ne voit pas le jour.
Et puis cet incident au ministère de la Justice n'a fait que renforcer cette impression latente d'État-jungle.
Un bâtiment étatique que les responsables n'ont même pas jugé utile de doter d'un plan d'évacuation d'urgence. Il aura suffi d'un simple coup de fil, que n'importe quel citoyen lambda est en mesure de passer, pour que s'envole un détenu.
Un État-jungle où tout un chacun finit par y trouver son compte - bancaire ? - grâce à l'absence totale de reddition des comptes, en l'absence totale d'arbitre impartial. Justement, dans les pays développés, cet arbitre, c'est la loi. Tout simplement, sans fioritures et sans débats interminables sur l'interprétation ponctuelle des textes en fonction des intérêts du moment de la classe au pouvoir.
Mesdames, messieurs, après l'État-providence et l'État-gendarme, voici l'État-jungle où rien ne va plus, mais où tout est permis.