Siècle spirituel ou siècle conflictuel ?

Sortir du marasme de la crise sociale et humaine mondiale est possible à condition de construire de nouvelles bases solides, dans nos vies, nos mentalités et nos valeurs, parce que les chutes et les rechutes sont fréquentes quand le chaos ou le vide sont omniprésents. L'immunité vient d'une bonne santé, pas de ce qui la ronge.
« Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas », fait-on dire à Malraux.
L'homme a poussé presque à l'extrême ses possibilités jusqu'à en oublier qui il était en voulant tout posséder. Il a voulu chercher son bonheur dans la direction qui a souvent fait son malheur. Actuellement, il tourne en rond pour trouver une issue à son impasse. Dans sa vitesse accélérée, il a survolé sa vie volée ; dans son individualisme, il a omis de penser à son être ;
il ne s'est soucié que de son enveloppe, sa couverture, qui a vite fait de le découvrir. Maintenant, il se sent vidé, seul et triste. Alors, pour s'amuser, il a inventé les guerres, le pouvoir et l'argent ; il a voulu multiplier ses expériences de vie familiale, conjugale, professionnelle, culturelle, sportive et transcendantale qui l'ont toutes ramené à la case départ, à la racine de son problème, quand il a oublié de se réveiller avant de commencer à vivre. Alors, il a fait appel aux thérapeutes et aux coachs pour expliquer son mal-être. Il a été au bout du monde, mais le secret se trouvait dans son propre cœur. Il a visité toutes les surfaces mais le mystère se trouvait dans sa propre profondeur. Il a tenté l'impossible mais le bonheur était accessible dans le possible. Ce cher bonheur lui a été enseigné par un homme, différent de tous les autres hommes, cet Homme Dieu qui a payé cet enseignement de sa vie. Cet Homme, ce Dieu incarné a dit être le chemin et la vérité et la vie et peu de gens l'ont cru. Puis les peuples qui ont cru se sont multipliés avant de retomber dans un détachement progressif qui les ont éloignés de la vie quotidienne, en défigurant son message essentiel ou en le confinant dans trop d'étroitesse, par négligence, par facilité, par ignorance ou par défi de modernisme et de rationalisme. Mais les êtres ne vivent pas uniquement de pain terrestre. « L'homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu. » Il a pris la peau du sauveur mais peu de gens veulent être sauvés. Rares sont ceux qui veulent assumer la responsabilité des actes de non-amour envers leurs prochains et surtout envers eux-mêmes.
Les menaces qui pèsent sur notre planète : la pression nucléaire, le réchauffement climatique, le culte du veau d'or ne représentent plus des réponses satisfaisantes. Notre époque souffre de la frustration et de la déception face à l'avoir et au manque d'être. Les valeurs des temps modernes sont païennes : le nationalisme, la loi du plus fort, l'égoïsme, l'avidité, le matérialisme, l'exclusion. Le soi-disant développement est basé sur la croissance, la compétitivité, la course au profit... L'Évangile jette une lumière pointue sur notre monde. La Parole du Christ est un extraordinaire levier, capable de nous ressusciter de notre torpeur morbide. C'est un message d'une merveilleuse richesse que nous laissons dormir, un contenant de valeurs sur lesquelles une civilisation nouvelle peut être bâtie. C'est un extraordinaire soleil que nous avons trop souvent laissé sous le boisseau.
C'est pourquoi il est urgent de revenir aux sources de la Révélation, pour retrouver l'Esprit vivant de Jésus et redécouvrir l'originalité, la vitalité et la force de transformation qu'il y a dans l'Évangile qui n'est pas qu'une simple théorie mais une façon inspirée de vivre. Sa fraîcheur révolutionnaire interpelle le monde actuel et incite à construire ainsi une société plus fraternelle qui se rapproche du Royaume de Dieu. Les chrétiens seront plus crédibles dans la mesure où ils prendront la Parole de l'Évangile au sérieux. Cela pourrait être la chance et le salut des années à venir. « Vous êtes le sel de la terre, mais si le sel perd sa saveur, avec quoi le salera-t-on ? » ... « Vous êtes la lumière du monde, que votre lumière luise devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux... »
Notre monde saura-t-il choisir cette ouverture spirituelle qui l'alimente et l'enrichit, ou bien se barricadera-t-il encore plus dans ses limitations purement physiques et individualistes ? Optera-t-il pour l'emprise de son corps et de ses caprices ou laissera-t-il émerger dans ce corps, longtemps enfouie, cette spiritualité qui fait partie intégrante de son être ? Actualisera-t-il enfin l'avènement de l'Humain, dans toutes ses dimensions, tel que conçu et vécu par le Christ, summum de l'accomplissement de la volonté de Dieu qui veut le meilleur pour l'homme ? Enfin alors trouvera-t-il enfin son bonheur...