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Couverture spéciale de la révolte au Yémen

Riyad « ne permettra pas une somalisation du Yémen »

Trois questions à Khaled Fattah, spécialiste des relations entre État et tribus au Yémen.
Q. Le président Saleh peut-il rester au pouvoir à partir du moment où la puissante famille al-Ahmar a lancé une guerre contre lui ?
R. Saleh n'a plus de marge de manœuvre et Riyad ne va pas tolérer une poursuite de l'escalade de la violence. Toute menace majeure à la sécurité nationale yéménite est perçue à Riyad comme une menace contre la sécurité nationale saoudienne. Après l'attaque contre Saleh, le scénario le plus probable est une combinaison de traitement médical et de repos politique pour Saleh à Riyad. Les al-Saud, à travers leurs importantes connexions avec les leaders tribaux yéménites, vont bientôt commencer à rassembler les morceaux de l'arène politique yéménite. Dans les semaines à venir, je m'attends à la formation d'un conseil national sponsorisé par Riyad comprenant les sages des tribus yéménites, des gradés de l'armée yéménite et des représentants des partis d'opposition ainsi que de la jeunesse. Ce conseil sera chargé de gérer la période de transition.

La révolte yéménite, à ses débuts du moins, était menée par la jeunesse et fondée sur des appels à la démocratie. Alors que la révolte se transforme en une guerre entre la famille al-Ahmar et le régime, qu'en est-il de la jeunesse et des appels à la démocratie ?
Comme les autres pays arabes en proie à des révolutions, l'intifada sociale yéménite était menée, au début, par une jeunesse très mobilisée, pacifique et bien organisée. La complexité du paysage yéménite tribal et de la politique régionale ainsi que les luttes de pouvoir entre élites ont, malheureusement, empêché le parfum du jasmin de se répandre dans les ruelles. Malgré la suppression brutale de son mouvement pacifique et les affrontements récents avec les al-Ahmar, la jeunesse yéménite reste déterminée à continuer de promouvoir un changement politique pacifique. Mais des représentants du mouvement des jeunes se plaignent effectivement que leur mouvement pacifique ait été kidnappé par les partis d'opposition et l'élite tribale militaire.

Le Yémen est-il menacé de désintégration si la crise se poursuit ?
Il existe effectivement des inquiétudes en ce qui concerne une fragmentation du Yémen. Il faut se souvenir que l'armée yéménite ne peut, ni d'un point de vue organisationnel ni d'un point de vue institutionnel, gérer une période de transition, que l'économie nationale yéménite est au bord du coma, que le pays est fissuré avec des poches de violence et des conflits non résolus, des tribus armées jusqu'aux dents, une pénurie d'eau et d'énergie, un État fragile, et des militants jihadistes qui occupent le vide politique dans les zones non gouvernées. Un cocktail explosif pour une « somalisation » du Yémen. Riyad, toutefois, ne permettra pas qu'une Somalie grandisse dans son arrière-cour.
Q. Le président Saleh peut-il rester au pouvoir à partir du moment où la puissante famille al-Ahmar a lancé une guerre contre lui ? R. Saleh n'a plus de marge de manœuvre et Riyad ne va pas tolérer une poursuite de l'escalade de la violence. Toute menace majeure à la sécurité nationale yéménite est perçue à Riyad comme une menace contre la sécurité nationale saoudienne. Après...