La chanteuse est simplement habillée. Pantalon et tee-shirt noirs, un noir de jais, comme ses longs cheveux négligés, relevés simplement par des paillettes sur les yeux et des bijoux tout clinquants qui rappellent ses ascendances maghrébines. D'origine berbère et touareg, née à Khouribgha, Zahra, qui a obtenu le prix pour son album Handmade aux Victoires de la musique 2011 dans la catégorie musique du monde, est considérée comme une révélation de l'année. Mais l'artiste à l'univers capiteux ramenant des échos du désert n'affiche aucun artifice scénique, aucun emprunt factice. Elle se dit heureuse d'être à Beyrouth, d'être sur cette scène - avant la scène française - et elle le prouvera durant plus d'une heure.
Échos du désert
Puisant tout naturellement dans ses racines, mais aussi dans diverses influences et ondulant son corps au rythme de sa voix, Hindi Zahra offrira ses harmonies dans un bouquet couleur «rose indien», aux arômes métissés et envoûtants. Ses ballades folks mêlées à des vibrations orientales empruntent au blues des grandes divas américaines, au raï ou encore au reggae de Bob Marley, sans oublier la langueur de la grande dame égyptienne Oum Kalsoum des tonalités nouvelles. Le jazz est son chez-soi, a-t-elle dit un jour. Un home où elle y trouve refuge. Il fait bon y entrer, y adhérer et chacun le fera ce soir-là à son propre rythme. La chanteuse est une diablesse vivante qu'on n'a nulle envie d'exorciser. Dans son univers où images de danses du ventre, de derviches tourneurs et d'extase musicale presque mystique se succèdent, les musiciens (percussionnistes, guitaristes et vocalistes) suivent la cadence de cette artiste fauve et câline, notamment la guitare qui devient à loisir un oud avec son quart de ton.
En effet, le cercle de Hindi Zahra n'est pas un club privé, fermé, mais ouvert à tous, convivial. Voire «addictif». L'audience d'ailleurs semble conquise d'avance. Certes il y a Beautiful Tango et Fascination, des titres qui avaient par leur notoriété précédé la chanteuse. Les aficionados y ajouteront ce soir à leur répertoire ce tendre et voluptueux Imik Simik et l'entraînant Stand Up clôturant le spectacle, où debout, sur scène et dans la salle, les présents ne faisaient plus qu'un.
À la manière de Hindi Zahra, on voudrait répéter en berbère «Imik Simik (petit à petit), afoss rofoss (la main dans la main), wink d winou (la tienne et la mienne), ira nftou» (on va partir). Dans ce voyage... le temps d'un concert.
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