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Moyen Orient et Monde - Révolte

À Deraa, la terreur à huis clos

- L’assaut des chars de l’armée a fait au moins 25 morts

- Washington examine de possibles sanctions contre de hauts dirigeants syriens

- Des pays de l’UE veulent une condamnation de l’ONU

Les troupes syriennes appuyées par des chars et des blindés sont intervenues hier à Deraa afin de materla contestation contre le régime née dans cette ville du sud du pays.

Des milliers de soldats appuyés par des chars sont intervenus hier à Deraa pour mater la contestation contre le régime née dans cette ville du sud de la Syrie, selon des militants des droits de l'homme. Le régime du président Bachar el-Assad semble avoir opté pour la solution militaire afin d'écraser le mouvement de contestation sans précédent qui secoue son régime depuis six semaines, en dépêchant ses troupes à Deraa, à 100 km au sud de Damas, ainsi que dans d'autres villes du pays, ont-ils affirmé.
Au lendemain d'une journée sans incident à Deraa, et sous le couvert de la nuit, plus de 3 000 soldats et forces de sécurité appuyés par des blindés et des chars ont pénétré dans cette ville agricole de 75 000 habitants, selon des militants joints au téléphone par l'AFP à Nicosie. Ils tiraient « dans toutes les directions et avançaient derrière les blindés qui les protégeaient », a déclaré à l'AFP Abdallah al-Hariri. D'après lui, l'électricité a été coupée et les communications téléphoniques étaient quasi impossibles.
« Au moins 25 martyrs sont tombés, tués par les tirs et le pilonnage à l'artillerie lourde contre les habitations et les quartiers » qui se sont poursuivis dans l'après-midi, a déclaré un autre militant sur place, Abdallah Abazid. « D'autres corps gisent dans les rues », a-t-il dit. Un groupe de militants ont posté sur Internet un communiqué faisant état d'au moins 25 morts et de tirs « indiscriminés sur les habitations ». Selon les militants, la ville a été soumise dès les premières heures du jour à un pilonnage intensif, tandis que des tireurs étaient postés sur les toits.
Selon l'agence syrienne SANA, l'armée est entrée à Deraa en réponse à des « appels à l'aide » d'habitants, afin de les protéger contre des « groupes terroristes extrémistes ». Elle ajoute, sans donner de précisions, que les affrontements ont fait des victimes de part et d'autre.
Les militants d'opposition disent craindre que les forces d'Assad ne préparent une opération contre la ville de Naoua, à 25 km au nord de Deraa, vers laquelle se dirigeraient des bulldozers et des véhicules de l'armée.
Après l'intervention à Deraa, qui se trouve près de la frontière jordanienne, un ministre jordanien a annoncé que la Syrie avait fermé ses frontières terrestres avec le royaume, mais Damas a démenti.
D'autres militants ont fait état d'opérations des services de sécurité à Douma, à 15 km au nord de Damas, et à al-Maadamiyeh dans la banlieue proche de la capitale.
« La situation est dramatique » à Douma, a affirmé un témoin. Des patrouilles des forces de sécurité « empêchent les gens de sortir, même pour acheter du pain ». Les écoles sont fermées et les fonctionnaires sont restés chez eux.
Dans le Nord-Ouest, les habitants de Banias se préparaient à défiler en solidarité avec Deraa, a indiqué un militant. « Des appels à la manifestation ont été lancés par les mosquées. »
Parallèlement, les autorités ont procédé depuis vendredi, jour d'une importante mobilisation des contestataires et d'une répression qui a fait plus de 100 morts, à une vague d'arrestations dans les rangs des militants. Selon Wissam Tarif, chef d'un groupe syrien des droits de l'homme, 221 personnes ont disparu.
En signe de protestation, deux députés « indépendants », Nasser Hariri et Khalil Rifaï, ont affirmé à la télévision al-Jazira avoir démissionné du Parlement. Tous deux sont élus de la région de Deraa où est né le mouvement de contestation. Le mufti de Deraa, plus haute autorité religieuse de cette ville, a également annoncé sa démission. Selon certains témoignages non confirmés, des officiers de l'armée ont également déserté, en signe de protestation.
Le président Assad a levé jeudi l'état d'urgence qui était en vigueur en Syrie depuis 1963, mais selon l'opposition, les violences du lendemain, jour où une centaine de personnes ont été tuées au cours de la répression, ont montré qu'il n'avait aucune intention sérieuse de répondre aux appels en faveur d'une libéralisation politique.
Une militante syrienne des droits de l'homme a estimé hier que les autorités syriennes avaient ni plus ni moins déclenché une guerre contre le mouvement de contestation pacifique, en s'en prenant ces dernières heures à trois villes. « Il s'agit là d'une guerre barbare destinée à annihiler les démocrates syriens », a dit Souhaïr al-Atassi dans un communiqué adressé à Reuters.
« Il est clair que les autorités syriennes ont pris la décision d'une solution militaire et sécuritaire », a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme.
Les contestataires, qui exigeaient au départ la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus politiques ainsi que la fin de la mainmise des services de sécurité sur la société et de la suprématie du parti unique Baas, réclament maintenant la chute du régime.
Depuis le 15 mars, quelque 390 personnes ont été tuées, selon un bilan compilé par l'AFP à partir d'ONG étrangères et de militants syriens.
(Source : agences)
Des milliers de soldats appuyés par des chars sont intervenus hier à Deraa pour mater la contestation contre le régime née dans cette ville du sud de la Syrie, selon des militants des droits de l'homme. Le régime du président Bachar el-Assad semble avoir opté pour la solution militaire afin d'écraser le mouvement de contestation sans précédent qui secoue son régime depuis six semaines,...

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