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Nos Lecteurs ont la Parole

Les Libanais et la Syrie

Brian BRAHIM
Les analyses sur la situation en Syrie incluent souvent une réflexion à propos des retombées inévitables sur le
Liban ; notez « inévitables ». Bachar el-Assad traitera-t-il de la situation gouvernementale au Liban avant de se consacrer à mater la révolte ou pas ? Qu'arrivera-t-il, au Liban bien sûr, si le régime en Syrie venait à s'effondrer ? Quel sera alors le rôle de l'Iran ? Que va faire Hezbollah ? Etc.
Comme il se doit, le sort du Liban est bien lié au sort du régime syrien. Et comme il se doit, le Liban subit toujours les conséquences, manifestes ou pas, de ce qui se passe autour de lui. Je demande aux frères syriens de m'excuser si je ne m'intéresse que peu à leur lutte héroïque. Je leur souhaite le succès qu'ils méritent, mais je me soucie davantage pour le Liban et me pose une question : quand le Liban se tiendra-t-il droit et fort ? Apparemment, le régime syrien a autant de soutiens au Liban qu'il en a en Syrie, et je n'ai pas l'impression qu'il va s'effondrer. Évidemment, ceux des Libanais qui admirent tant le régime syrien se doivent bien de l'encenser, car il leur a toujours tendu une main secourable, bien que souvent cette main se soit appesantie sur la nuque plutôt que sur l'épaule. Ils s'inclinent, car ils ne peuvent se tenir droits que derrière un maître, et ne peuvent être forts qu'à travers la soumission.
Qu'est-ce qui peut pousser l'individu à accepter pareille servilité ? Il faut être intelligent, disent-ils, et les rejoindre si nous ne pouvons pas les combattre. Pourtant, nous avons pas mal réussi quand nous avons essayé avec conviction et détermination. Comment une nation peut être bâtie sur ceux qui regardent toujours vers l'extérieur pour servir les intérêts d'autres pays et d'autres idéologies, politiques ou religieuses, aux dépens du Liban ? Peut-on concevoir que toute considération d'honneur, de fierté et d'amour-propre, et de souveraineté s'effondre quand il s'agit de survivre ? Ai-je pas entendu ? On dit : peu importe qui pourrait me gouverner, j'ai besoin de gagner ma vie. Et la vaste majorité entend le faire honnêtement, mais l'esprit meurtri. Le Libanais a perdu espoir et se laisse mener, espérant trouver le salut sous un joug.
Pourtant, la majorité chiite, jadis démunie, avait bien trouvé espoir en Amal, avant de se tourner vers le Hezbollah. D'autres sont plus incertains dans leur idéologie et leur appartenance et oscillent. Un jour, ils crient pour lutter contre toute ingérence et pour une guerre de libération et, un autre jour, ils reconnaissent qu'il n'y a pas d'alternative à la soumission. Ce qui est surprenant, c'est qu'ils acceptent, sans questionner leurs chefs, de changer d'attitude avec une loyauté qui insulte leur intelligence.
Et puis il y a les autres, ceux qui sont tellement dégoûtés qu'ils ne veulent pas entendre parler de la politique et des politiciens, et laissent faire. « Fekhar ykasser baa'do », disent-ils. Ils se désintéressent complètement tant qu'ils peuvent survivre et tant que les conditions du pays n'affectent pas durement leur situation personnelle. Ils ferment les yeux, la bouche et les oreilles.
Alors dois-je m'intéresser à ce qui se passe en Syrie ? Non. Même s'il y a un changement, personne ne pourra prédire quelles en seront les inévitables retombées sur le Liban. Et puis, j'ai bien peur qu'il y aura toujours des Libanais qui inviteront l'ours, quel qu'il soit, dans le verger. La solution de nos problèmes ne viendra pas de nos voisins, mais de nous-mêmes. Encore, faudrait-il que nous la recherchions.

Brian BRAHIM
New Jersey, États-Unis

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