L’incomparable légèreté d’une maman

Par ces temps cruels et violents, je ne peux pas m'empêcher d'avoir faim d'émotions toutes simples, d'un certain répit, d'une baguette magique qui me ferait redevenir toute petite, blottie contre le cœur de ma mère. Maman, le mot magique de l'enfant et la nostalgie de l'adulte... Maman, un mot si simple, le premier qu'un bébé prononce, et en même temps si compliqué à porter.
Quand les gens apprennent qu'une femme est enceinte, elle n'existe plus à leurs yeux qu'en tant que future mère. Les conseils pleuvent : qu'est-ce que tu as envie de manger ? Comment rien ? Il faut manger pour deux ! Il faut te forcer, boire un verre de lait, manger un œuf, de la viande, du poisson, du chocolat... surtout ne te prive de rien, ça affectera le bébé. Combien de kilos as-tu pris ? C'est pas normal, ça ! Tu as vu ton médecin? C'est prévu pour quand? Non certainement pas! Le premier bébé prends tout le neuvième, crois-en mon expérience. Alors, c'est un garçon ou une fille? Ah... Hum, oui, évidemment la santé, c'est ce qu'il y a de plus important. Quoiqu'il vaille mieux «assurer» le garçon d'abord, histoire de perpétuer la lignée. Vous avez déjà pensé au second? En tout cas, les médecins se trompent très souvent, d'ailleurs avec cette forme de ventre que tu as, ça m'a tout l'air d'un garçon. Oui, crois-moi et prépare-toi, Oum Jean, car il va porter certainement le nom de son grand-père, non? Tu vas continuer à travailler? Ta belle-mère pourra s'en occuper, qu'est-ce qu'elle a à faire toute la journée? Rester à la maison avec les enfants, de nos jours, tu n'y penses pas! C'est comme marcher à contre-courant! Ta carrière avant tout.
Pendant ce temps, la future mère vit silencieusement les bouleversements de son corps et rêve de ce petit être qui grandit dans son ventre. Va-t-il entraîner des changements profonds au niveau de sa vie de couple, de sa carrière, de son identité ? Une chose est sûre : elle ne sera plus jamais la même. Sera-t-elle à la hauteur ? Elle pense à sa maman et une paix intérieure l'envahit, une tendresse où se diluent comme par miracle toutes les peurs et les appréhensions du lendemain.
Quand j'étais petite, je jouais à la poupée et je me disais, en la berçant : quand je serai grande, je serai une vraie maman. J'aimerais, à l'approche de la fête des Mères, saluer toutes les mamans : les nôtres qui ont su vieillir et accepter gracieusement leurs rides et leurs cheveux blancs, et les nouvelles mamans qui se battent, maladroitement parfois mais avec beaucoup de courage, sur tous les fronts. Je dirais avec le poète : les mamans, c'est une chaîne d'amour qui ne cesse de se dérouler de génération en génération. Une maman c'est la caresse d'une vie.