Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

La fête des Mères est arrivée, et moi j’attends ton bouquet

Zeina K. KASSEM
Je n'arrive toujours pas à croire, Talal mon chéri, que tu sois parti vers une demeure plus vaste, vers de nouveaux horizons...
Tu m'offrais toujours en ce jour de fête un superbe bouquet ; tu y mettais toute ta tendresse, et j'étais si fière d'être ta mère.
Ma place, à tes yeux, était proche de Dieu avant que tu n'ailles Le rejoindre.
Tu nous as quittés trop tôt, mon chéri, sans même faire tes adieux ; tu n'es même pas venu m'embrasser.
Tes camarades ont accroché ta photo sur les murs de l'école, ton sourire illumine les couloirs, ton prénom est sur toutes les lèvres et dans tous les cœurs. Tu es toujours aussi présent, malgré ton absence.
La fête des mères est arrivée, et moi, j'attends ton bouquet.
J'attends avec toutes ces mères qui attendent leurs enfants. Ces enfants dont le code de la route les a privées trop tôt. Toutes ces mères qui n'ont plus que leurs prières... et des vases vides remplis de larmes.
Mon cœur, transmets mes salutations à tous ceux qui se sont envolés prématurément.
Salue-les au nom de toutes les mères qui ne recevront pas de bouquets cette année, qui ne recevront plus jamais de bouquets.
Transmets mes salutations aussi à toutes ces mères qui sont parties avant leurs enfants.
Offre-leur, au nom de tous les orphelins, des bouquets de roses, dis-leur qu'une mère rassemble la famille, même d'en haut.
Je prie Dieu tous les jours pour qu'il te protège sur les routes des cieux et je lutte pour que les routes ici-bas protègent tes amis.
Il y a à peine deux mois et au même endroit, la route a fauché la vie de Mohammad, le fils de Hania. Elle porte aujourd'hui le même deuil que moi.
J'ai frappé pourtant à toutes les portes, parlé à tous les responsables. Ils ont refusé de mettre des ralentisseurs sur cette route maudite. Si seulement ils avaient accepté, à 21 ans Mohammad serait toujours à l'université.
Talal, mon chéri, 17 ans sur cette terre seulement fut ton passage... et cinq mois déjà au Ciel.
Tu m'étais très cher, et aujourd'hui tu es précieux. Chaque jour qui passe sans toi est plus dur, et j'apprends à continuer, à me relever, à m'accrocher. Chirine, Karim et Wassef sont là et me soutiennent. Tu peux être fier d'eux.
Je te promets en ce jour de continuer à lutter pour mettre en place la nouvelle loi qui empêcherait les insouciants de tuer plus de gens. Ici, au Liban, tout voleur ou trafiquant de drogue est condamné à une peine allant de cinq ans à la perpétuité. Le tueur, quant à lui, est innocent ! Malgré la vitesse, l'imprudence et la conduite irresponsable, sa peine ne dépasse pas les neuf mois, voire deux s'il est pistonné. Et encore si la faute ne revient pas finalement à la victime !
Talal, mon chéri, Dieu est le Tout-Puissant au Ciel. Par contre, sur terre, le pouvoir est mal distribué. Ici, les hommes abusent de leurs pouvoirs. Si seulement les responsables avaient autant de conscience, de responsabilité, de dévouement, d'honnêteté et de sens du devoir que les citoyens ont de valeurs, le pays et le peuple seraient à l'abri de toute détresse. Et nos enfants seraient encore vivants, et les mamans auraient eu leurs bouquets aujourd'hui.
Un dernier mot aux mères qui attendent comme moi leurs bouquets de fleurs : à vous, mères de martyrs, mères de handicapés, mères de victimes des accidents de la route comme moi, n'ayez aucune crainte, j'ai demandé à mon fils, Talal, au nom de tous les anges au ciel de vous envoyer un bouquet de roses.
La fête des Mères est arrivée, et moi j'attends toujours ton bouquet ...
Je t'aime. Mum.

Zeina K. KASSEM
Je n'arrive toujours pas à croire, Talal mon chéri, que tu sois parti vers une demeure plus vaste, vers de nouveaux horizons...Tu m'offrais toujours en ce jour de fête un superbe bouquet ; tu y mettais toute ta tendresse, et j'étais si fière d'être ta mère.Ma place, à tes yeux, était proche de Dieu avant que tu n'ailles Le rejoindre. Tu nous as quittés trop tôt, mon chéri,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut