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Lifestyle - Société

Le débat sur l’homosexualité divise le Botswana

La polémique s'est envenimée depuis qu'un jeune activiste a entamé une action en justice pour abolir la criminalisation des gays.
Le paisible Botswana qui s'enorgueillit de sa vie démocratique stable, sans polémique importante, se déchire pourtant sur la question de l'homosexualité. Coincé entre la très libérale Afrique du Sud, où le mariage gay est autorisé depuis 1996, et le Zimbabwe, dont le président Robert Mugabe fustige régulièrement les homosexuels, le Botswana voit s'affronter des visions radicalement opposées entre ceux qui qualifient les gays de « démoniaques » et les défenseurs des libertés. La question a été portée devant la justice début mars par Caine Youngman, fondateur de Legabibo, un groupe de défense des lesbiennes, gays et bisexuels du Botswana, que le gouvernement a refusé de reconnaître en 2009. Selon Caine Youngman, la loi botswanaise interdisant la sodomie viole sa liberté d'expression, pourtant reconnue par la Constitution. Soutenu par des associations, cet homme de 27 ans a pu déposer sa plainte après deux ans de procédure.
Entre-temps, les gays du Botswana ont reçu le soutien inattendu mais prudent de l'ancien président Festus Mogae. Maintenant président du Conseil national du sida, M. Mogae s'est élevé l'an dernier contre les discriminations liées aux orientations sexuelles, expliquant qu'elles gênaient la lutte contre le sida dans ce pays où un adulte sur quatre est séropositif. « Nous ne voulons pas de discrimination. Notre message sur le VIH concerne tout le monde », a déclaré M. Mogae. « Si nous combattons les préjugés associés au sexe, nous devons aussi nous attaquer à ceux liés aux orientations sexuelles », a-t-il ajouté. Festus Mogae a récemment raconté à la BBC qu'il avait donné l'ordre à la police de ne pas harceler ou arrêter les homosexuels pendant sa présidence, de 1998 à 2008. Mais il n'est pas allé plus loin : « Je n'ai pas pu changer la loi car cela aurait mis le feu aux poudres sans nécessité. Je ne voulais pas perdre une élection à cause des gays. » « La majorité des gens est toujours opposée (à l'homosexualité). Je dois donc les convaincre avant de changer la loi unilatéralement », a-t-il relevé.
Certains responsables sont en effet violemment antigays. Le vice-président du Parlement, Pono Moatlhodi, a estimé que les homosexuels n'avaient pas leur place dans une société africaine. « Je suis d'accord avec le président zimbabwéen Robert Mugabe pour qui ce comportement est celui de chiens occidentaux. Je n'aime pas ces homos et je ne les tolérerai jamais. Ils sont démoniaques et diaboliques », a-t-il dit. Des dirigeants religieux conservateurs ont également affirmé que l'homosexualité était contraire à la culture botswanaise. « Notre nation a bien fait de maintenir ces choses inacceptables et répréhensibles, et nous devons refuser toute initiative qui conduirait à des mariages homosexuels », a déclaré Biggie Butale, chef de l'Église évangélique du Botswana.
Ces propos mettent en rage Caine Youngman : les homosexuels « n'ont pas été faits dans un cocon quelque part et apportés dans ce pays pour corrompre les Botswanais. (...) Ils ne sont pas différents du reste de la nation et ils ont droit à la liberté », affirme-t-il.
Quant à l'actuel président, Ian Khama, il s'en tient à une ligne prudente. Il n'a, dit-il, rien contre les gays tant qu'ils « font leurs trucs » dans l'intimité.
(© AFP)
Le paisible Botswana qui s'enorgueillit de sa vie démocratique stable, sans polémique importante, se déchire pourtant sur la question de l'homosexualité. Coincé entre la très libérale Afrique du Sud, où le mariage gay est autorisé depuis 1996, et le Zimbabwe, dont le président Robert Mugabe fustige régulièrement les homosexuels, le Botswana voit s'affronter des visions radicalement...

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