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Lifestyle - Afghanistan

À Bamiyan, la sensation du ski sauvage

Le nombre de touristes a augmenté ces dernières années pour atteindre 3 311, dont 805 étrangers, en 2010.

Des skieurs à 2 500 mètres d’altitude, face à la célèbre falaise ocre des bouddhas dynamités par les talbans.Emmanuel Duparcq/AFP

Dix ans exactement après la destruction de ses bouddhas géants par les talibans, Bamiyan, rare oasis de paix au milieu des montagnes peu sûres du centre de l'Afghanistan, espère faire revenir les touristes avec sa toute nouvelle attraction : le ski.
Henry Charles dévale la pente vierge de traces, sous un grand ciel bleu et le regard fasciné des petits garçons de Khoshka, petit village afghan niché au pied de la chaîne de Koh-e-Baba, dont les sommets culminant à plus de 5000 mètres font face à la célèbre falaise ocre des bouddhas. « Tracer sa propre ligne dans la poudreuse, c'est super. On est à 2 500 mètres d'altitude, la neige tient bien. Et il y a beaucoup de vallées », sourit l'Anglais de 31 ans, employé dans la sécurité à Kaboul.
Ils sont déjà une trentaine, la plupart des étrangers employés dans la capitale, située à 130 km à l'est, à y être ainsi venus dévaler les pentes depuis la fin janvier. Et leur satisfaction nourrit un rêve : établir à Bamiyan la première station de ski d'Afghanistan. Le projet est porté par la Fondation Aga Khan (AKF), spécialiste du tourisme durable dans les pays en difficulté, et la coopération néo-zélandaise (NZAid), qui veulent faire de la province un centre d'écotourisme multicarte, des sites archéologiques aux sports de montagne. Au total, 1,2 million de dollars ont été investis depuis 2008. Les autorités locales appuient l'initiative. « Cela peut vraiment donner un coup de fouet à l'économie locale », souligne le vice-gouverneur de la province, Haji Qasim Kazemi. Pour la première fois cette année, l'AKF a fait venir un guide de haute montagne, l'Italien Ferdinando Rollando. Depuis janvier, il est le premier moniteur de ski de l'histoire de Bamiyan, avec une douzaine de gamins de 13 à 15 ans pour élèves. « J'adore, c'est bon pour la santé ! » s'enthousiasme l'un d'eux, Said Shah, 13 ans. Deux moniteurs locaux sont également en formation.
Avant l'invasion soviétique de 1979 et les guerres, Bamiyan accueillait chaque année 65000 touristes, dont 10000 Japonais qui venaient voir les bouddhas. Aujourd'hui, la province souffre de l'image désastreuse du pays. Mais le nombre de touristes y a augmenté ces dernières années, selon l'AKF, qui en a dénombré 3311, dont 805 étrangers (principalement employés dans le pays) en 2010.
Reste à adapter les infrastructures dans cette province agricole pauvre. Le nombre d'hôtels a augmenté ces dernières années : on en compte 18 dans la ville, pour un total de 388 lits, précise l'AKF, qui en espère 1 000 à la fin 2014.
La qualité reste modeste, à l'image de l'équipement de la ville : aucun hôtel ne compte l'eau chaude et l'électricité permanentes.
Mais cela peut drainer un jeune tourisme d'aventure, note Henry Charles. « De plus en plus de gens veulent retrouver la sensation du ski sauvage, sans foule ni équipements mécaniques. Et Bamiyan répond à cette attente! » dit-t-il, après avoir passé une bonne partie de sa journée à remonter les collines à la force des bras et des skis.
Le gros point noir reste le transport jusqu'à Bamiyan. Depuis Kaboul, les deux routes sont peu sûres. Et en l'absence de ligne aérienne commerciale, les skieurs sont actuellement gracieusement transportés par les hélicoptères de l'ONU. « Le gouvernement nous a promis un ou deux hélicoptères, mais on les attend encore », note M. Kazemi.
Nul ne sait surtout quelle sera la situation politique du pays d'ici à 5 ans, alors que l'OTAN parle de se retirer dans l'intervalle. L'apprenti skieur Said Shah, lui, veut que ça dure. « Si les étrangers continuent à nous aider, nous pourrons avoir une vraie station de ski un jour », dit-il, avant de prévenir : « Mais la première des conditions, c'est la paix. »
© AFP
Dix ans exactement après la destruction de ses bouddhas géants par les talibans, Bamiyan, rare oasis de paix au milieu des montagnes peu sûres du centre de l'Afghanistan, espère faire revenir les touristes avec sa toute nouvelle attraction : le ski.Henry Charles dévale la pente vierge de traces, sous un grand ciel bleu et le regard fasciné des petits garçons de Khoshka, petit village...

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