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Culture - Disparition

François Nourissier, « le parrain » du Goncourt, n’est plus

Grande figure des lettres, membre de l'Académie Goncourt pendant une trentaine d'années, François Nourissier vient de mourir à l'âge de 83 ans.

Surnommé « l’éminence grise » des lettres, François Nourissier faisait et défaisait des carrières...

Il était à la fois un critique redouté et l'auteur d'une œuvre d'inspiration autobiographique dominée par la haine de soi.
Surnommé «l'éminence grise», «le parrain» ou «le mandarin» des lettres, ce faiseur et défaiseur de carrières a notamment été conseiller littéraire de Grasset pendant près de 40 ans (1958-1996).
Il était juré depuis 1977 de l'Académie Goncourt dont il a été secrétaire général (1983-1996), puis président (1996-2002). En janvier 2008, il avait démissionné de l'académie pour raisons de santé.
Critique littéraire, notamment au Point et au Figaro Magazine, il a écrit de nombreux romans, essais et chroniques comme Une histoire française (1966, grand prix du roman de l'Académie française), Le maître de maison (1968), La crève (1970, prix Femina), Lettre ouverte à Jacques Chirac (1977), Le musée de l'homme (1978), Mauvais genre (1994)...
La maladie qui l'affectait depuis 1995 et qu'il appelait «Miss P» (pour Parkinson) était devenue sur le tard le personnage récurrent de son œuvre. «Je me rêvais hêtre, chêne, - vert d'eau, pâleur d'os - frissonnant dans les rafales de mon automne», écrivait-il dans À défaut de génie (2001).
S'agissait-il de la délectation morose d'un écrivain dur avec lui-même?
Le vieux sage, considéré comme un des deux ou trois hommes de lettres les plus influents du pays, répondait: « Je sens les choses en train de finir. Il faut comprendre quand c'est assez et le décider. »
Le critique Pierre Lepape écrivait que «sa véritable prouesse fut de faire d'une existence somme toute banale une sorte d'épopée moyenne dont il est impossible de nier la grise séduction ni le pouvoir d'émotion».
François Nourissier est né à Paris le 18 mai 1927. Son père, exploitant forestier, meurt subitement dans une salle de cinéma où il se trouvait avec son fils de huit ans. Le gamin détestera son enfance. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il travaille après la guerre pour un organisme de réfugiés.

Des autoportraits acides
Admirateur de Montherlant, il débute en littérature à 24 ans en publiant L'Eau grise (1951) et, après un passage dans la publicité, entre chez Denoël dont il est secrétaire général (1952-1956), avant d'être rédacteur en chef de la revue La Parisienne (1956-1958), puis conseiller littéraire chez Grasset.
Il est alors proche des «Hussards» (courant littéraire français, comptant, entre autres, Roger Nimier, Antoine Blondin et Michel Déon qui, dans les années 1950 et 60, s'opposa aux existentialistes et à la figure de l'intellectuel de gauche engagé qu'incarnait Jean-Paul Sartre), sans en être vraiment.
En 1964 paraît Un Petit bourgeois, sévère autoportrait d'un homme qui écrit «Je ne m'aime pas, je n'aime pas ma vie».
François Nourissier, qui s'estimait écrivain mais pas «viscéralement romancier», bâtit alors une œuvre alternant chronique et roman, pour ausculter avec émotion et lucidité son malaise, ses doutes et ses contradictions, dans une langue classique et ciselée.
Après Bratislava (1990), réflexion sur la vieillesse qui s'annonce, les années 90 sont fécondes. Il publie des romans à connotation sociologique, des essais sur la politique française ou la vie littéraire.
Avec Mauvais genre (1994), livre d'entretiens, et À défaut de génie, livre-testament, il complète son «autoportrait acide». Son dernier succès fut en 2005 La maison mélancolie où il évoque encore sa maladie: «Je sais que j'en parle trop, mais c'est un tel compagnonnage...»
Jouisseur paisible adorant les chevaux, ce cynique doux, portant sur le tard la barbe, vivait depuis des décennies dans le 16e arrondissement de Paris.
«Il est le dernier spécimen français des hommes de lettres de naguère. Sa première et vraie passion, ce sont les lettres, de façon envahissante (...), aveuglante presque», résumait la présidente du Goncourt, Edmonde Charles-Roux.
«C'était un déprimiste, comme on le dit pour Houellebecq» - que Nourissier a toujours soutenu -, assurait de son côté l'éditeur Manuel Carcassonne.
Marié à trois reprises, il était père de trois enfants.
Une cérémonie aura lieu au crématorium du cimetière parisien du Père Lachaise ce vendredi 18 février.
Il était à la fois un critique redouté et l'auteur d'une œuvre d'inspiration autobiographique dominée par la haine de soi.Surnommé «l'éminence grise», «le parrain» ou «le mandarin» des lettres, ce faiseur et défaiseur de carrières a notamment été conseiller littéraire de Grasset pendant près de 40 ans (1958-1996). Il était juré depuis 1977 de l'Académie Goncourt dont il a...

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