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Économie - Liban - Bilan

Les tensions politiques ont plombé l’activité des commerçants en 2010

Après avoir démarré sur les chapeaux de roue, l'activité commerciale au Liban s'est repliée de quelque 20 % au second semestre de 2010 en raison des tensions politiques, a affirmé dans un entretien avec « L'Orient-Le Jour » le président de l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas. Cette contraction a coïncidé avec la réactivation en octobre dernier d'un décret, datant de 1972, qui plafonne les marges des commerçants.

Selon M. Chammas, certains secteurs, à l’instar du luxe, ont été davantage affectés par la tension politique que d’autres.

Malgré des résultats encourageants au premier semestre de l'an dernier, l'activité commerciale a été plombée par la tension politique au cours de la seconde moitié de 2010, aboutissant à un bilan plutôt mitigé sur l'ensemble de l'année, a affirmé dans un entretien avec L'Orient-Le Jour le président de l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas. « L'activité commerciale a connu une cassure au milieu de l'année en raison des soubresauts politiques (...). Les développements sur la scène locale ont coïncidé avec la saison estivale et celles des fêtes de l'Adha et du Fitr », considérées comme des périodes fastes pour les commerçants, a expliqué à cet égard M. Chammas.
La montée de la tension politique a en effet engendré, selon lui, une baisse de la consommation des ménages résidents et porté un coup à l'afflux d'expatriés et de visiteurs étrangers. « Si le nombre de touristes a globalement augmenté en 2010, un recul a été noté à partir de juillet, notamment en termes de rétrécissement de la proportion des ressortissants du Golfe, connus pour être largement dépensiers. Les résidents ont, quant à eux, restreint ou reporté leurs achats de produits courants et durables », a souligné le président de l'ACB.
Ainsi, au cours du second semestre de 2010, l'activité commerciale aurait, selon lui, reculé de près de 20 %, affectant, dans une certaine mesure, la croissance économique du pays, « qui s'est repliée de 9 % au premier semestre à 6 % entre juillet et décembre ». « Certains secteurs ont été plus touchés que d'autres, comme celui du luxe, tandis que les produits alimentaires de base ont été moins affectés », a précisé en outre M. Chammas.
Preuve que l'année a été mauvaise pour les commerçants : un grand nombre d'entre eux ont débuté leurs soldes et remises dès le mois de décembre. Des rabais prématurés qui dénotent une volonté d'écouler les stocks accumulés, selon M. Chammas.

Décret sur le plafonnement des marges
De plus, le bilan de l'année a été terni par le décret du ministère de l'Économie sur le plafonnement des marges, même si les inspections sur le terrain pour faire appliquer cette loi n'ont pas été des plus rigoureuses. Émis en octobre dernier dans le but de protéger les consommateurs contre la récente flambée des prix, ce décret plafonne les marges des commerçants de détail à 10 % et à 5 % pour les grossistes. Pour les fruits et légumes, frais et conditionnés, les marges autorisées varient entre 7 % et 15 %.
Selon M. Chammas, ce décret est injustifié étant donné que les tensions inflationnistes sont essentiellement externes. Au niveau agricole, par exemple, des facteurs exceptionnels liés au climat « ont limité les récoltes de blé à l'échelle internationale et entraîné une hausse des cours mondiaux ». « Il y a également le facteur monétaire. L'euro a renchéri de 17 % par rapport au dollar au cours des cinq derniers mois (...) L'Union européenne (UE) représente près de 40 % de nos importations », a précisé à cet égard Nicolas Chammas.
L'autre argument principal avancé par les commerçants contre ce décret est qu'il est contraire à la Constitution. Sur le principe, cette mesure est « liberticide, et contraire à l'esprit de la Constitution dont le préambule stipule que notre régime économique est libre, et garantit la propriété privée et l'initiative individuelle ». « Une entorse à cette liberté essentielle ne peut être justifiée qu'en cas de guerre ou de pénurie », a ajouté le président de l'ACB.
Selon lui, ce décret risque en outre de produire sur le terrain des effets contraires à ceux escomptés. « La baisse des marges pourrait causer la fermeture d'entreprises, qui entraînerait à son tour une contraction de l'offre et, par conséquent, une nouvelle hausse des prix », a-t-il expliqué à ce sujet.
M. Chammas a réfuté, en parallèle, la théorie selon laquelle le manque de concurrence sur le marché serait à l'origine de la hausse des prix au Liban, affirmant que la présence de trois ou quatre grands acteurs principaux est suffisante pour garantir une compétition assez saine.
Rappelons que le ministre de l'Économie, Mohammad Safadi, a affirmé en décembre dernier qu'il ne reviendra pas sur sa décision de plafonner les marges commerciales avant la promulgation d'une loi sur la concurrence.
Malgré des résultats encourageants au premier semestre de l'an dernier, l'activité commerciale a été plombée par la tension politique au cours de la seconde moitié de 2010, aboutissant à un bilan plutôt mitigé sur l'ensemble de l'année, a affirmé dans un entretien avec L'Orient-Le Jour le président de l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas. « L'activité...
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