Rembrandt, Chardin, Greuze, Titien, Velasquez: cent oeuvres, dont 55 peintures à l'huile, acquises par quatre générations de Romanov, attestent de l'importance de l'art européen comme affichage du prestige de cette dynastie de tsars.
Pierre Le Grand (1672-1725) dépêche ses agents dans toute l'Europe pour rapporter peintures et sculptures dans sa ville, Saint-Petersbourg. "Le tsar, qui a vécu pendant deux ans au Pays-Bas, apprécie particulièrement la peinture hollandaise", souligne Serguei Androsov, directeur du département des arts européens au musée de l'Ermitage.
En 1710, il fait acheter aux enchères à Amsterdam "David et Jonathan" (1642) de Rembrandt. C'est la première peinture du maître hollandais à entrer dans une collection russe. Pierre Le Grand se voit aussi offrir par un cardinal une "Mise au tombeau" attribuée alors à Raphaël mais qui se révélera être de Garofalo.
Souveraine éclairée, Catherine II (1729-1796) passe à la vitesse supérieure en achetant de très grandes collections par l'intermédiaire de correspondants comme Diderot ou le baron Grimm. Des toiles de Rubens, Greuze, Van Dyck partent pour la Russie. À sa mort, la galerie de l'Ermitage compte plus de 4 000 tableaux.
Alexandre 1er (1777-1825) imprime sa marque en achetant des maîtres espagnols. Nicolas 1er (1706-1855) crée un Nouvel Ermitage, à la suite de l'incendie du Palais d'hiver en 1837, mais vend en 1855 plus de 1 200 oeuvres qu'il jugeait médiocres.
De leur côté, les princes hongrois Esterhazy, fidèles à la couronne impériale des Hasbourg, commencent à constituer leur collection dès le XVIIe siècle. Mais c'est Nicolas II Esterhazy (1765-1833) qui va lui donner une dimension universelle.
"Ce diplomate, en poste en Italie pour l'empire austro-hongrois, a acheté de nombreux tableaux anciens et de son époque", indique Orsolya Radvanyi, conservatrice au musée des Beaux-Arts de Budapest. Il achète notamment deux tableaux de Raphaël dont une "Vierge à l'enfant" dite "Madone Esterhazy" (vers 1508). Mais il acquiert également des toiles de Claude Lorrain ou de grands noms de la peinture française.
Son fils Paul Antoine (1786-1866), diplomate à Londres, achète Murillo et Zurbaran.
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