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Liban - Éclairage

La solution S-S serait en vue, d’après les opposants

Le pourrissement politique reste tel que toute logique s'en trouve profondément pervertie. Ainsi, la raison pure voudrait que l'on attende l'acte d'accusation. Au moins. Car, en réalité, il faudrait aller jusqu'à ce verdict définitif du TSL qui seul permettrait de savoir ce qu'il en est. Autant à propos du fond, de la vérité sur les assassinats, que de la pièce montée, rapportée de Damas, dite des faux témoins. Or l'expectative se reporte sur des mesures de prévention qui, techniquement, scientifiquement, n'ont vraiment pas lieu d'être. Autrement dit sur cette solution dite S-S que Damas et Riyad présenteraient bientôt, aux dires des opposants. Et dont on ne voit pas plus les contours, généreux ou pas, que ceux de l'Arlésienne de Bizet, jamais vue sur scène.
C'est pourquoi les souverainistes se montrent réservés, pour leur part. En partageant, avec les centristes, le sentiment qu'encore une fois l'on brade un peu trop facilement, un peu trop vite, l'autonomie de décision, l'indépendance libanaise bien comprise, et la volonté nationale. Au prix de ce constat amer : les Libanais sont incapables de gérer seuls leurs problèmes. Et ils restent trop immatures pour que les parties extérieures n'en profitent pas, et ne les pressent comme des citrons toujours juteux.
À noter, surtout, que l'optimisme béat des prosyriens et des pro-iraniens tient en fait à bien peu de choses. Pour eux, le rétablissement de l'état de santé du roi Abdallah d'Arabie saoudite, qui a pu quitter l'hôpital pour entamer sa convalescence à New York, suffit pour aborder la phase ultime de mise en forme de la proposition syro-saoudienne. Ils oublient qu'un malaise de souverain ou de chef d'État risque rarement d'entraver la poursuite des affaires. Ainsi, encore alité, le souverain wahhabite avait pris contact avec le président Bachar el-Assad de Syrie pour lui confirmer qu'il confiait totalement le traitement du cas libanais à son fils, le prince Abdel Aziz. Chargé d'une constante navette entre sa capitale et Damas, ainsi qu'éventuellement de relances directes à Beyrouth auprès des parties locales.
Toujours selon les opposants, le dénouement se produirait le mois prochain. En portant sur le TSL, sur l'acte d'accusation et sur ses retombées. Ils continuent, cependant, à ferrailler. En exigeant, sans retenue, du président Saad Hariri, fils du sang versé, de prendre position, par une dénonciation avant dire droit de toutes allégations du bureau du procureur canadien Daniel Bellemare mettant en cause des parties libanaises, le Hezbollah en tête, bien évidemment. Cela sous prétexte que le Premier ministre ménageait ainsi la conciliation syro-saoudienne en perspective. Ce qui sous-entend qu'elle ciblerait elle-même, sans en attendre la publication, l'acte d'accusation du TSL.
Ces prétentions, le 14 Mars s'en indigne autant qu'il s'en étonne. Car, à son avis, le camp d'en face verse, actualité oblige, dans les prédictions de marc à café, d'astrologie ou de chiromancie habituelles en fin d'année. Les loyalistes soulignent que ni les Syriens ni les Saoudiens n'ont encore livré un quelconque indice sur la teneur de ce qu'ils pourraient proposer. Si d'ailleurs ils y parviennent. Car, en réalité, leur démarche est liée à un bazar impliquant de nombreux autres protagonistes étrangers, comme les Américains, les Européens, les Arabes modérés, l'Iran ou la Turquie. Opération compliquée, pour que chacun y trouve son compte.
Le seul élément déjà établi, en exceptant les visées hostiles potentielles d'Israël, reste que ces parties sont d'accord avec les règles déjà établies à Baabda, avec le président Sleiman par la Syrie et l'Arabie saoudite, en accord avec Qatar : pas de déstabilisation sécuritaire au Liban ni de renversement du cabinet en place. Il est en effet convenu, depuis l'arrangement pris en 2008 entre l'Iran et l'Arabie saoudite, que toute discorde confessionnelle, opposant principalement les chiites aux sunnites, qui éclaterait au Liban risquerait de faire tache d'huile dans toute la contrée.
Les loyalistes rappellent également qu'interrogé lors de son passage en France, le chef de l'État syrien, le président Assad, a tenu à préciser que tout ce qu'il y a sur le tapis, ce sont des idées pour aider les Libanais à y voir plus clair. Ajoutant, avec force, que cela ne saurait aller plus loin, car il ne se permet pas de s'immiscer dans une affaire intérieure libanaise ni de porter atteinte à la souveraineté comme à l'indépendance du Liban.
Enfonçant le clou, les loyalistes mettent l'accent sur les contradictions que reflètent les positions des prosyriens et des pro-iraniens au sein du 8 Mars. Les premiers souhaitent, comme Damas, et tout en évitant de tourner carrément le dos à leurs partenaires du Hezb, que l'on attende l'acte d'accusation avant de le condamner pour de bon. Les deuxièmes jugent, à la suite de leur guide iranien suprême Khamenei, que les conclusions du procureur Daniel Bellemare, et tous les actes ultérieurs du TSL, sont tout bonnement nuls et non avenus.
Cela étant, un député de la majorité estime, ou espère, qu'après l'acte d'accusation, une remise en question globale, pour un nouveau pacte d'entente nationale, aurait lieu sur la scène locale. Pour rétablir l'État de droit, la démocratie et réactiver les institutions paralysées. En ces temps de fêtes, tous les vœux pieux sont permis...
Le pourrissement politique reste tel que toute logique s'en trouve profondément pervertie. Ainsi, la raison pure voudrait que l'on attende l'acte d'accusation. Au moins. Car, en réalité, il faudrait aller jusqu'à ce verdict définitif du TSL qui seul permettrait de savoir ce qu'il en est. Autant à propos du fond, de la vérité sur les assassinats, que de la pièce montée, rapportée de...
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