Vénus... de très loin

Les premières évocations artistiques de la femme remontent à -35000 av. J-C. Les artistes préhistoriques figurent d'abord les organes sexuels pour symboliser l'ensemble du corps féminin. Mais c'est vers -27000 que sont sculptées les premières statues féminines surnommées Vénus par référence à l'art grec. Elles ont été retrouvées dans toute l'Europe et en Sibérie. Elles partageaient toutes un mode de fabrication commun : elles sont nues, plantureuses et possèdent une poitrine, un ventre et des cuisses énormes, ainsi qu'un pubis fortement accentué. Ces exagérations laissent supposer qu'il s'agit de femmes enceintes. En revanche, les autres parties du corps ne sont qu'esquissées ou inexistantes, et la tête est une forme sans visage. La plupart mesurent quelques centimètres de haut, elles sont sculptées dans les pierres diverses, dans l'ivoire de mammouth ou de l'os, ou sont façonnées dans l'argile. Le nombre de Vénus trouvées dépasse la centaine, cette multiplicité suggère qu'elles firent l'objet d'un culte ou servirent à des pratiques magiques. Leur forme renseigne sur le rôle dévolu à la femme à cette époque : la perpétuation de l'espèce humaine... Parmi les plus célèbres, on retrouve la Vénus de Willendorf. Datant de -23000, elle a été découverte en 1908 sur le site d'une ancienne briqueterie à Willendorf, petite ville d'Autriche. Elle est conservée aujourd'hui au Musée d'histoire naturelle de Vienne, est devenue une icône et sert de logo pour les mouvements de revendication de la rondeur. La Vénus de Lespugue, surnommée « la Joconde de la préhistoire », a été découverte le 9 août 1922 dans la grotte des Rideaux en Haute-Garonne. Alors que la fouille du site était achevée, un ultime coup de pioche mit au jour la statuette et l'endommagea fortement. La statuette est en ivoire de mammouth et fait partie des collections du Musée de l'homme à Paris. La Vénus de Laussel, ou « Dame à la corne », qu'on trouve au musée d'Aquitaine est l'une des rares figures féminines à tenir un objet. En l'occurrence, il s'agit d'une corne de bison. La Vénus de Brassempouy, ou « la dame à la capuche », une tête en ivoire ne mesurant que 3,8 cm, est l'un des rares témoignages de la représentation d'un visage humain. Elle est datée de -22 000 et est exposée au musée des antiquités à Saint-Germain-en-Laye. Loin du travail grossier des hommes du néolithique, les Grecs puis les Romains ont excellé dans la représentation de la plus belle des déesses Vénus : la Vénus Médicis fut retirée au XVII siècle des jardins de la villa Hadrien à Tivoli et placée dans la villa Médicis. Actuellement, elle est installée à la Galerie des offices en Florence. Le sculpteur de cette statue se servit selon la tradition de cinq cents différents modèles pour terminer ce bel ouvrage qui par conséquent se trouve être le résultat de toutes les beautés de la Grèce. « C'est le plus beau morceau que j'aie vu de ma vie », aurait dit le marquis de Sade, ému par la chaste nudité de cette statue, ou encore « belle comme un rêve de pierre », selon Baudelaire ; la Vénus de Médicis a sans doute constitué la plus célèbre statue de déesse dénudée jusqu'à la découverte de la Vénus de Milo en 1820 par un paysan grec sur une île cycladique (Mélos ou Milo) près d'un théâtre antique. Elle fut acquise par le marquis de Rivière, ambassadeur de France à Istanbul, qui en fit don au roi Louis XVIII. On ne sait presque rien d'elle. Ni son nom, ni son âge, ni son « père ». Elle est pourtant la plus célèbre statue au monde, et des millions de personnes l'admirent chaque année au Louvre. Parmi les représentations de Vénus les plus célèbres, il ne faut pas oublier La Naissance de Vénus, un chef-d'œuvre peint en 1486 par Sandro Botticelli. Le visage de cette Vénus figure d'ailleurs sur la pièce italienne en euro de 10 centimes. Pour l'anecdote, « botticelli » est le pluriel de « botticello » qui veut dire « petit tonneau » en italien. C'est le surnom qui fut donné au frère aîné de Sandro qui était petit et dodu. Par amour pour son frère, Sandro a gardé pour lui-même ce surnom qui contraste avec la finesse de ses œuvres... La naissance de Vénus serait un hommage à Simonetta Vespucci, l'épouse d'un marchand florentin et qui fut une des plus belle femmes de son temps... En octobre 2010, Samsung Electronics Europe a devoilé son projet « Everyone Is Art », une reconstitution du visage de la Vénus de Botticelli au moyen des visages de 1 096 femmes européennes touchées par le cancer du sein, 1 096 correspondant au nombre de femmes diagnostiquées avec un cancer du sein chaque jour. Cette œuvre, réalisée par l'artiste britannique Samira Harris, a été vendue aux enchères. 1,5 million de dollars ont été remis par Samsung aux associations européennes de lutte contre le cancer... Des reVENUS bienVENUS ! Bravo !

Sources principales :
caducet.net ; art-objet.fr ;
techno-science.net ;
recherche.fr