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Économie - Liban - Conférence

Vingt ans après la fin de la guerre civile, le bilan économique reste terne

Outre le poids de la dette publique, quatre fois plus élevée aujourd'hui qu'en 1990, un tiers de la population libanaise vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté et quelque 20 000 personnes émigrent chaque année, tandis que les investissements publics ne représentent que 3 % du PIB. Tel est le constat, amer, dressé hier par les participants à une conférence sur l'état de l'économie libanaise, vingt ans après Taëf.

Une conférence sur l'état des lieux de l'économie libanaise 20 ans après la fin de la guerre civile, organisée par la Lebanese Economic Association (LEA), a débuté hier à Beyrouth avec la participation de plusieurs économistes et responsables.
Au cours de cette conférence, plusieurs thèmes ont été abordés, dont la politique économique du Liban, la compétitivité du pays et les investissements de l'État dans l'infrastructure depuis 1992.
Sur ce plan, le président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), Nabil el-Jisr, a déploré de manière globale le faible niveau des investissements publics au cours des deux dernières décennies, dénonçant en particulier le recul de ces investissements à partir de 2000.
M. Jisr a indiqué à cet égard qu'entre 1994 et 1998 - période faste de la reconstruction - les investissements publics représentaient quelque 9 % du PIB. Ce ratio n'a cessé de reculer pour s'élever en moyenne à 3 % au cours des dix dernières années, a-t-il ajouté. « De 1992 à 1998, plusieurs projets, notamment dans les secteurs de l'électricité, des télécommunications et du transport, avaient vu le jour (...). Cependant, depuis 2000 et en dépit des financements externes importants - qui se sont élevés à près de 2 milliards de dollars -, les investissements publics ne représentent plus que 3 % du PIB (...). Ceci est dû notamment à la précarité de la situation politique sur le plan interne et au gel conséquent de certains prêts (...) », a-t-il souligné.

Près de 9,3 milliards de dollars débloqués depuis 1992
En parallèle, le président du CDR a établi un bilan des montants investis dans des projets de reconstruction et d'aménagement infrastructurel depuis la fin de la guerre civile, indiquant à cet égard que quelque 9,3 milliards de dollars ont été débloqués entre 1992 et 2008. M. Jisr a précisé que 4,9 milliards de dollars ont été investis dans des projets à l'échelle nationale (aéroport, ports, etc.), tandis que 4,4 milliards de dollars ont été alloués à des projets régionaux. Les projets relatifs à l'infrastructure se sont taillé la part du lion, représentant 30 % du montant global, suivie par le secteur de l'électricité (25 %), la santé (21 %) et l'éducation (11 %).
En termes de répartition géographique, le Mont-Liban a accaparé 32 % des investissements publics, suivi par le Liban-Sud et Nabatiyé (22 %), le Nord et le Akkar (20 %), la Békaa et le Hermel (14 %), et Beyrouth (12 %), a indiqué Nabil el-Jisr.

La dette publique, quatre fois plus élevée qu'en 1990
Par ailleurs, le président de la Lebanese Economic Association, Jad Chaaban, a brossé un tableau général de la situation économique au Liban depuis la fin de la guerre, mettant l'accent sur les aspects positifs et négatifs de cette économie qui, selon lui, a réussi - même si c'est de manière partielle - à renouer avec l'essor.
Tout en rappelant les nombreux dégâts engendrés par les quinze années d'hostilité - l'émigration de 900 000 personnes et des pertes matérielles estimées à 25 milliards de dollars -, M. Chaaban s'est félicité de l'amélioration de plusieurs indicateurs depuis 1990, dont la hausse du PIB par habitant, « qui se chiffre désormais à 12 000 dollars, soit l'un des plus élevés parmi les pays arabes ». De plus, « le tourisme et l'immobilier sont aujourd'hui en plein essor, avec en moyenne 1,5 million de visiteurs par an, et des transactions immobilières qui s'élèvent désormais à plus de six milliards de dollars ». « Au niveau du secteur bancaire, les dépôts représentent aujourd'hui 300 % du PIB, tandis que les réserves en devises étrangères s'élèvent à 45 milliards de dollars. Enfin, sur le plan monétaire, la livre libanaise est stable depuis plus de 15 ans », a-t-il ajouté.
Cependant, selon le président de la LEA, de nombreuses lacunes persistent, comme en atteste le niveau actuel de la dette publique, « qui est quatre fois plus élevée qu'en 1990 ». En outre, le peu d'emplois générés sur le marché local a entraîné, selon lui, un niveau de chômage élevé, ce dernier « concernant aujourd'hui 25 % des jeunes ». « Chaque année, 15 à 20 000 Libanais quittent le pays, dont une majorité de jeunes. L'émigration touche d'ailleurs la moitié des diplômés. »
M. Chaaban a rappelé qu'un tiers de la population vit aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté, « soit 60 % de plus que dans les années qui ont précédé la guerre civile ». Cette situation est d'autant plus grave que « le Liban importe plus de 90 % de ses besoins alimentaires et énergétiques, et qu'il dépend ainsi largement des fluctuations externes », a-t-il conclu.
Une conférence sur l'état des lieux de l'économie libanaise 20 ans après la fin de la guerre civile, organisée par la Lebanese Economic Association (LEA), a débuté hier à Beyrouth avec la participation de plusieurs économistes et responsables.Au cours de cette conférence, plusieurs thèmes ont été...
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