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Liban - Éclairage

Le mercredi de tous les suspenses

C'est le rendez-vous final. Ce jourd'hui, mercredi 10 novembre, on saura si le cabinet de désunion nationale, cette bactérie, va se survivre ou imploser. Sous l'effet du dossier des présumés faux témoins. Du double conflit sur la saisine de la Cour de justice et du recours au vote pour trancher. Y aurait-il, en dernière minute, une intervention syro-saoudienne de temporisation, pour un nouveau report du débat, en attendant qu'un compromis soit trouvé ?
Jusqu'à présent, aucun arrangement n'est en vue. L'opposition s'acharne. Dans l'illusion qu'un démarrage de poursuites locales, d'un procès, contre les présumés faux témoins forcerait le tribunal international à suspendre ses travaux. À retarder sine die la parution de l'acte d'accusation, en attendant que la justice libanaise en ait fini avec les faux témoins. En caressant l'espoir que la rallonge de temps obtenue permettrait de développer de nouvelles manœuvres visant à l'abolition du TSL. Au profit de la justice locale, qui se chargerait dès lors du procès sur l'assassinat du président Rafic Hariri et de la mort de ses compagnons de destin.
Jusque tard dans la soirée d'hier, des contacts tous azimuts fébriles avaient lieu, ici et au-dehors, pour prévenir un clash ministériel. Le député Walid Joumblatt a joué un rôle marqué de conciliation et d'apaisement. Il considère que le recours au vote serait, comme la cautérisation en médecine arabe, le dernier des remèdes. Il relève la dangerosité des effets d'une telle procédure qui accentuerait le clivage vertical entre le 8 Mars et le 14 Mars. En fait, Joumblatt peut mal cacher qu'en arriver au vote l'embarrasserait au plus haut point. Il lui faudrait, en effet, renoncer à son positionnement stratégique de centriste pour se ranger aux côtés du 8 Mars, qui exerce de fortes pressions à cette fin. Sinon, s'il se rabattait sur l'abstention, il se verrait accuser par les prosyriens, dont il s'est rapproché en prenant le chemin de Damas, de faire le jeu du 14 Mars. C'est pourquoi, sans doute, s'est-il rendu d'urgence sur les bords du Barada. Pour qu'une contre-pression soit exercée sur les opposants en sa faveur. Et pour, en même temps, discuter de scénarios envisageables pour une sortie de crise.
Pour ce qui est de la majorité, ses cadres se sont concertés à la Maison du centre, sous l'égide du Premier ministre. Ils persistent et signent : le principe de la séparation des pouvoirs interdit au Conseil des ministres de se mêler d'un dossier judiciaire, en l'occurrence l'affaire des présumés faux témoins. Les loyalistes pensent, en outre, que la Cour de justice, instance d'exception sans appel, ne peut connaître que des atteintes à la sûreté de l'État. Et non de crimes ou délits ordinaires, comme de faux témoignages, tout au plus passible des assises, et relevant généralement de la simple correctionnelle. Cela étant, la majorité n'a pas d'objection à ce que le Conseil supérieur de la magistrature, qui incarne la justice, tranche à sa guise ce point de droit. Une fois, d'ailleurs, que le parquet aurait engagé des poursuites contre les faux témoins, nommément s'il arrive à les identifier ou, sinon, contre X, c'est-à-dire contre leurs actes.
Tout cela n'ayant rien à voir avec le TSL. On sait, en effet, que le procureur Bellemare, s'est demandé de qui on parle au juste quand on évoque les faux témoins. Pour souligner que les auteurs de dépositions mensongères avérées n'étant naturellement pas crédibles, il ne prend pas en compte leurs déclarations dans l'élaboration de son acte d'accusation. En réalité, ces personnages ainsi fantomisés sont au nombre de quatre, Siddick, Houssame, Jarjoura et Mrad. Comme par hasard, ils sont tous syriens.
D'autre part, la rencontre loyaliste chrétienne de Bkerké a secoué les consciences. Ainsi d'ailleurs que l'exhortation du patriarche Sfeir qui presse les Libanais de s'unifier pour sauver l'État, d'assumer leurs responsabilités face aux périls de l'heure, de sauvegarder la souveraineté et l'ordre établi, dans le respect des constantes nationales que le prélat défend. En complément, le manifeste des participants appelle à un sursaut national, en invitant les chrétiens à lutter pour récupérer leur rôle. Sous la devise « pour le Liban et les chrétiens d'Orient ».
Naturellement, ce pavé dans leur mare a été vivement décrié par les ex-opposants. Ils affirment que Bkerké jette de l'huile sur le feu, en renonçant à la neutralité qu'il devrait observer en tant que recours moral, voire national.
Par contre, l'initiative a été très applaudie par l'aile souverainiste de la communauté sunnite, du fait que le communiqué final souligne en gras le caractère vital du partenariat islamo-chrétien. Dès lors, des contacts sont entrepris pour organiser un congrès général du 14 Mars, à la fin de la semaine, au Bristol, en base des principes et des positions du patriarcat. Le rassemblement devrait déboucher sur une proclamation faisant écho au communiqué de la rencontre chrétienne. Le combat, selon le texte, étant de « protéger la République » face au putsch et au chantage permanent des prosyriens ou des fidèles de l'Iran. Comme de contrer les scénarios-catastrophe que la propagande du 8 Mars distille à titre d'intimidation. Le 14 Mars veut donc répliquer encore plus fortement, pour assurer qu'il ne pliera pas. Au sujet du TSL et de l'acte d'accusation, « no pasaran » : les loyalistes refusent, menace de guerre civile ou pas, de trahir la quête de la vérité en tournant le dos au tribunal. Le 14 Mars n'admettra jamais les manœuvres de diversion articulées autour du dossier des présumés faux témoins.
C'est le rendez-vous final. Ce jourd'hui, mercredi 10 novembre, on saura si le cabinet de désunion nationale, cette bactérie, va se survivre ou imploser. Sous l'effet du dossier des présumés faux témoins. Du double conflit sur la saisine de la Cour de justice et du recours au vote pour trancher. Y aurait-il, en dernière minute, une intervention...
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