La dysfonction érectile est un trouble fréquent qui affecte un homme sur six âgés entre 20 et 75 ans. Photo doctor.ndtv.com
Huit ans plus tard, ce discours reste d'une grande actualité. Les statistiques mondiales montrent en fait que l'espérance de vie des hommes est inférieure à celle des femmes. La raison principale de cette disparité reste essentiellement la réticence des hommes à demander une aide médicale, à effectuer des tests de dépistage ou encore à recourir aux services de soins primaires.
C'est pour inciter les hommes à « écouter leur corps » et à ne plus se laisser aller que la Société internationale pour la santé des hommes (International Society of Men's Helath - ISMH) a été fondée en 2000, « lorsque des spécialistes ont constaté la nécessité d'une médecine spécifique aux genres ». Depuis, cette société présidée par le Dr Ridwan Shabsigh, directeur du département d'urologie au Centre médical Maïmonide et professeur d'urologie clinique à l'Université de Columbia aux États-Unis, multiplie les rencontres scientifiques mondiales. Récemment, c'est à Nice, en France, que le septième congrès de l'ISMH et la troisième conférence européenne sur la santé des hommes se sont tenus. Plus de 900 spécialistes ont pris part aux travaux de cette réunion placée sous le thème « Comment surmonter les défis ? », avec à l'ordre du jour notamment la prostate, les maladies cardiovasculaires et endocriniennes, l'urologie, la médecine de famille, l'andrologie, ainsi que des sujets d'ordre social, psychologique et autres.
Et les défis à relever ne sont pas des moindres, il s'agit principalement, selon les organisateurs du congrès, d'« éduquer les hommes et faire en sorte de les convaincre de la nécessité de consulter leur médecin », de « sensibiliser les spécialistes à la santé des hommes, d'autant que c'est une prise en charge multidisciplinaire », et de « pousser les gouvernements à créer des départements et des centres qui se consacrent à ce domaine ».
Pousser les hommes à consulter
La sexualité des hommes a occupé une grande partie des discussions, avec plusieurs symposiums dont deux sur la dysfonction érectile, organisés par les laboratoires Bayer. Un sujet d'autant plus important que la dysfonction érectile n'est que la face cachée de l'iceberg, puisqu'elle constitue la manifestation d'autres pathologies organiques comme le diabète, l'excès de cholestérol ou des triglycérides ou l'obésité.
« Les hommes ont une espérance de vie inférieure à celle des femmes, et cela pour différentes raisons, explique à L'Orient-Le Jour le Dr David Edwards, généraliste au White House Surgery, Chipping Norton - Oxfordshire au Royaume-Uni. Généralement, ils meurent de maladies qui peuvent être contrôlées, comme les maladies cardiovasculaires ou les maladies directement liées au tabagisme, poursuit-il, en marge des symposiums sur la dysfonction érectile (DE). Donc si nous réussissons à pousser les hommes à consulter leur médecin pour une DE, nous estimons que nous avons réussi dans une certaine mesure. Les hommes doivent de leur côté remplir leur part du contrat et se prendre en charge. Il suffit à titre d'exemple qu'ils changent leur mode de vie en mangeant plus de fruits et de légumes, en faisant une activité physique régulière, en réduisant ou en arrêtant la cigarette, en pensant à contrôler leurs triglycérides, leur hypertension, etc. Il s'agit en somme des différentes clauses de ce que nous appelons le contrat de la santé sexuelle. »
Un objectif dont la réalisation n'est pas des plus faciles, puisque « les hommes sont réticents à consulter le médecin », de l'aveu des spécialistes. Pourquoi ? « Les raisons sont plutôt d'ordre socioculturel, répond le Dr Edwards. Dès son plus jeune âge, l'homme est élevé pour qu'il soit "brave". "Les garçons ne pleurent pas", ne cesse-t-on de lui répéter. Alors qu'en réalité, ce n'est pas honteux que l'homme pleure de la même façon que ce n'est pas grave s'il a une hypertension artérielle, du cholestérol ou autre. Ce qui est grave, c'est d'ignorer son état de santé et de se terrer la tête comme l'autruche. Parce que s'il le fait, son état de santé ne s'améliorera pas. Bien au contraire, il va s'aggraver. Et ce qui se passe, c'est que l'homme meurt plus tôt en laissant derrière lui une famille. Ce qui est vraiment tragique. »
Dysfonction érectile
Définie comme « l'incapacité durable d'obtenir et/ou de maintenir une érection suffisamment rigide et constante pour permettre un rapport sexuel satisfaisant », la dysfonction érectile est la porte d'entrée à d'autres maladies. « Le pénis est le baromètre de l'organisme mâle, affirme le Dr Edwards. Une dysfonction érectile est en général une manifestation d'une autre maladie. Sur le plan mondial, celle-ci affecte près d'un homme sur six âgés entre 20 et 75 ans, soit 152 millions d'hommes. Il s'agit par ailleurs d'un problème en constante croissance. Selon les estimations, en 2025, ils seront quelque 322 millions à souffrir d'une DE et cela principalement en raison de l'augmentation au niveau mondial des taux de l'obésité, du diabète, etc. Mais la bonne nouvelle, c'est que les traitements existent. »
Les causes majeures de la dysfonction érectile sont organiques et englobent des pathologies comme l'excès de triglycérides, la dyslipidémie, le diabète et la résistance à l'insuline. Le trouble peut également être observé chez des patients ayant subi une prostatectomie, une chirurgie vasculaire du bassin ou une intervention due à un cancer du rectum ou à une fracture du bassin. Certains médicaments comme les neuroleptiques, les antidépresseurs, les diurétiques, les antihypertenseurs (sauf ceux appartenant à la famille des inhibiteurs de l'enzyme de conversion) et les bêtabloquants peuvent entraîner à leur tour une dysfonction érectile, ainsi que certaines maladies neurologiques, comme la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques ou l'épilepsie, des troubles psychologiques tels que l'anxiété ou une dépression, ou encore l'obésité, le tabagisme, l'alcoolisme et la drogue. Dans certains cas, la DE est due à des raisons psychologiques.
La dysfonction érectile est facile à traiter, mais il faudrait en parler. Ce qui n'est pas toujours facile en raison du tabou qui continue à entourer le trouble. Des traitements existent et ne présentent de contre-indications que dans des cas rarissimes, comme si le patient est déjà sous médicaments à base de nitrates qui sont généralement administrés en cas de maladies cardiaques, ou encore si le patient affiche une forte obésité.