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Liban - Éclairage

Damas bombarde la scène libanaise de signaux contradictoires

À quelques nuances près, toutes les sources fiables livrent des indications concordantes sur les positions de la Syrie par rapport à la situation chez nous. Pour souligner, d'abord, qu'à travers leurs déclarations publiques, comme dans leurs entretiens avec des pôles libanais, les dirigeants syriens font actuellement voleter des messages dans toutes les directions, à toutes les parties. Des cadres de l'opposition affirment qu'en premier lieu, Saad Hariri est la cible d'acerbes critiques. Pour n'avoir pas tenu ses présumés engagements de réfréner l'animosité persistante de ses troupes et de ses alliés à l'encontre de Damas. Dans les rencontres qu'il multiplie avec des personnalités libanaises et que les loyalistes dénoncent comme dérogeant à la règle de relations exclusivement d'État à État, le président Bachar el-Assad n'hésite jamais à adresser un avertissement sans frais au 14 Mars. Selon certains cadres, lors de sa visite à Damas, le président Nabih Berry s'est vu demander d'agir pour que le sujet des faux témoins soit tranché le plus rapidement possible, sans atermoiements. Il lui a été précisé qu'il devait s'engager avec zèle à ce propos, à son retour de France. Pour contribuer à faire reporter encore la publication de l'acte d'accusation, prévue pour mars, selon les proches de Damas. L'argument étant que le tableau international et régional n'est pas suffisamment mûr pour la mise en train d'une solution permettant d'accompagner l'acte d'accusation sans casse. D'ailleurs, le président Assad l'a clamé sur les toits : la parution risque, pense-t-il, de mettre le Liban à feu et à sang.
Selon des visiteurs de Damas sortant des rangs du 8 Mars, le calme relatif qui règne sur le front politique va sans doute changer au retour de Berry. Ils précisent que les délais fixés par les ministres de l'opposition ne vont pas être prolongés car l'opposition refuse les atermoiements et veut que la question soit vite tranchée pour de bon. Des professionnels du 8 Mars parlent de faire sauter le gouvernement s'il ne saisit pas la Cour de justice, et non la justice ordinaire, du dossier des faux témoins. Ils précisent que pour la formation d'un nouveau gouvernement, les rôles seraient inversés car ils deviendraient majoritaires. Et ils redistribuent les ministères-clés entre leurs futurs représentants en ne laissant que des miettes à la nouvelle minorité, c'est-à-dire au 14 Mars et aux hommes du président. C'est donc la semaine prochaine, après le retour de Berry, que cette phase virtuelle devrait être enclenchée. Signe avant-coureur, l'annulation de la séance du Conseil des ministres de ce mercredi. Il est également question de reporter la réunion du comité de dialogue national prévu en novembre.

Tango
Mais comme on l'a dit, Assad souffle le chaud et le froid, avance une chose puis son contraire. Il attaque le TSL, la quête de la vérité. Puis il délivre au champion numéro un de cette quête, Saad Hariri, un retentissant satisfecit, le qualifiant d'homme de la situation. Il répète que son alliance organique avec Ahmadinejad est indestructible puis il se précipite chez le roi Abdallah d'Arabie saoudite pour voir comment amortir les effets de la razzia du président iranien sur le Sud-Liban et sur le volet politique interne libanais. Pour s'empresser, à ce propos, de souligner que c'est avec les Saoudiens qu'il fait équipe, en martelant que leur accord dit des lignes rouges est plus solide que jamais. Dans ce créneau, les visiteurs libanais retour de Damas assurent que le climat y est positif. Malgré les vitupérations du Premier ministre Otri contre le 14 Mars, les Syriens recommandent vivement à leurs alliés du cru de cultiver le dialogue rationnel, calme avec le camp d'en face. Et d'oublier toute tentation de recours à la rue pour des manifestations et des grèves, et encore moins pour de la violence, des troubles sécuritaires.
Ces conseils sont repris par l'émir du Qatar, parrain de l'accord de Doha, qui a lancé un appel aux Libanais les invitant à régler leurs différends par un dialogue civilisé.
Retour au nucleus du problème. Les estimations des prosyriens concernant une publication de l'acte d'accusation qui n'aurait lieu qu'en mars sont tout à fait imprécises, relèvent des diplomates en poste à Beyrouth. Les capitales arabes ou occidentales, tout comme Ban Ki-moon lui-même, avouent n'avoir absolument aucune idée du moment où le procureur Bellemare voudra déposer ses conclusions. Il est seul à savoir, et pour le moment, il répète que son intervention se produira quand il aura complété la constitution d'un faisceau cohérent de preuves, d'indices, de témoignages étayés de présomptions circonstancielles solides. Donc, technique d'abord, et c'est ce qu'il faut en matière judiciaire réquisitoire. Et partant, aucune trace de cette politisation dont le Hezbollah, le 8 Mars et Damas accusent le TSL.
La logique la plus élémentaire, observent les loyalistes, commande que l'on ne publie pas d'acte d'accusation contre l'acte d'accusation avant qu'il ait paru et que l'on soit éclairé sur son contenu précis. Or, c'est ce que fait l'opposition en ajoutant à son attaque frontale une manœuvre dilatoire, en fait désespérée, consistant à donner le pas à l'enquête libanaise sur les faux témoins et à leur procès consécutif sur la procédure internationale. Sauf que l'on ne voit pas comment c'est possible : les dépositions des témoins, vrais ou faux, sont aux seules mains de la justice internationale. Sans compter qu'au stade premier des interrogatoires de police, de parquet ou de juge d'instruction, elles n'ont aucune valeur juridique car c'est devant le tribunal que le dire devient témoignage certifié.
Pour ce qui est des rapports avec les Syriens, certains pôles affirment que les rumeurs sur un coup de froid automnal sont erronées. À les en croire, les relations bilatérales ne cessent d'être consolidées. Il n'est pas du tout vrai, précisent-ils, que la route de Damas est fermée devant le Premier ministre libanais. Et ils vont jusqu'à soutenir que les propos en flèche de son homologue syrien, Mohammad Naji Otri, ne reflètent pas la position véritable du régime Assad. Ce qui paraît assez étonnant, surtout dans un système totalitaire. Ces bons apôtres rappellent qu'Assad met l'accent sur l'étroitesse de ses liens avec le président Michel Sleiman, qu'il qualifie d'homme de consensus et d'entente.
Un défenseur de la concorde qui œuvre actuellement à l'élaboration d'une solution pour le différend sur le dossier des faux témoins à partir d'une idée, d'un principe de base : il faut que le règlement reste purement d'ordre juridique, épuré de toute altération politique. Un objectif difficile à atteindre car ce dossier n'a qu'une fonction politique pour la partie qui le claque sur la table.
À quelques nuances près, toutes les sources fiables livrent des indications concordantes sur les positions de la Syrie par rapport à la situation chez nous. Pour souligner, d'abord, qu'à travers leurs déclarations publiques, comme dans leurs entretiens avec des pôles libanais, les dirigeants syriens font actuellement voleter des messages dans toutes les...
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