Ce que conforte, en outre, le fait que cet Assad qui rechigne à parler avec Sleiman vient d'accueillir avec force accolades Berry, mais aussi Arslan, et s'apprête à recevoir nombre de personnalités libanaises qui lui ont demandé audience. On boude l'un et on fait risette aux autres. Une discrimination si peu positive que, contrairement aux usages, Damas n'a pas dépêché son ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem, au Liban pour en informer les autorités, le président Sleiman en premier, sur la teneur du sommet impromptu Assad-Abdallah consacré à notre pays. Un entretien axé sur l'activation de l'accord syro-saoudien concernant la stabilité sécuritaire, le maintien du cabinet dit d'union et l'apaisement politique, chez nous. Comme le saut d'Assad à Riyad a eu lieu dans l'exacte foulée du passage d'Ahmadinejad chez nous, il n'est pas déraisonnable de penser qu'il en ait discuté avec le souverain wahhabite.
D'ailleurs, à Beyrouth, beaucoup font le lien entre la tiédeur syrienne à l'égard de Baabda et la visite d'Ahmadinejad. Le président iranien a jailli, en rival à peine voilé, au Sud, carte de pression maîtresse, sinon chasse gardée, de la Syrie. Mais il a également proclamé avec force le soutien de l'Iran à l'État libanais, notamment à son chef.
Cela mis à part, les Syriens, qui respectent le président libanais, selon toutes les sources, et veulent, le cas échéant, soutenir ses efforts arbitraux dans les conflits internes du Liban, n'apprécieraient pas certains de ses traits. Ils n'aiment pas beaucoup, on ne se refait pas, l'entendre défendre fermement les constantes nationales libanaises, l'indépendance, la souveraineté entre autres. Ni le voir plaider pour des relations d'État à État, sans connexion trop prononcée de la Syrie avec des parties, et des partis, du cru.
Or, on le sait, les Syriens prennent parti. Contre le TSL, par exemple. Et le fait que le chef de l'État libanais assure que l'on ne peut tourner le dos à cette instance supérieure doit les indisposer. Comme la gratitude gratuite n'existe pas en politique, ils oublient que Sleiman a défendu leur cause auprès d'Obama. En lui répétant que le rôle de la Syrie est extrêmement important, et qu'elle est même la porte de la paix, ainsi que de toute solution aux conflits régionaux. Mais par contre, les Syriens, à la rancune tenace, n'oublient pas qu'à Doha Sleiman avait rétorqué à Assad, qui retoquait les résolutions du sommet de Beyrouth en 2002, que le Liban resterait pour sa part attaché à la proposition de paix arabe, conçue par le roi Abdallah.