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Économie - Commerce équitable

La journée mondiale de la femme rurale célébrée au Liban

À l'instar de la communauté internationale, l'Association Fair Trade Lebanon (FTL) a tenu à célébrer la journée mondiale de la femme rurale en invitant des journalistes à aller à la rencontre de femmes travaillant dans deux coopératives agricoles, localisées dans les régions de Zahlé et de Rachaya.

Des femmes de la coopérative agricole de Mhaydsé.


Avec l'exode rural des hommes au Liban et les changements démographiques conséquents, les femmes sont devenues des vecteurs incontournables de la production agricole. S'il est difficile aujourd'hui d'estimer avec exactitude la part qu'elles représentent dans la production globale - puisque le travail se fait souvent dans des espaces domestiques -, cette part est sans doute à la hausse.
Selon l'ONU, les femmes représentaient au Liban déjà quelque 40 % de la main-d'œuvre agricole dans les années 90 - un chiffre qui s'aligne sur celui avancé à l'échelle planétaire par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui estime que les femmes assurent 50 % de la production agricole mondiale. C'est pour elles, et toutes leurs consœurs de par le monde, que la journée du 15 octobre a été consacrée « journée mondiale de la femme rurale ». Ce jour a pour objectif de rendre visibles les actions de ces femmes, et de mobiliser les acteurs locaux et nationaux afin qu'ils contribuent activement à cette tendance aux multiples avantages socio-économiques.
C'est dans ce cadre que l'ONG Fair Trade Lebanon (FTL) a récemment invité des journalistes libanais à se rendre auprès de deux groupes de femmes organisées en coopérative, l'une à Ferzol dans le caza de Zahlé et l'autre à Mhaydsé, un village de la région de Rachaya.
Rappelons que FTL avait été fondée peu après le retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud, suite à la visite dans cette région d'un groupe de Libanais, désireux de mettre en place un système durable qui permettrait notamment aux femmes de vendre leurs produits selon les principes qui régissent le commerce équitable. C'est ainsi qu'en l'espace de 10 ans, FTL a tissé un réseau d'aides qui relie aujourd'hui 13 coopératives, et dont bénéficient quelque 350 individus, des femmes pour la plupart.

Soutien aux coopératives : l'État, grand absent
La coopérative agricole de Ferzol est un exemple de ce type d'organisation. Composée de 13 femmes, la coopérative a été fondée en 1997 suite à l'initiative de femmes soucieuses de venir en aide aux agriculteurs de la Békaa. « Au préalable, nous transformions les produits chacune dans sa cuisine », raconte Laurette Gerges, la responsable de la coopérative spécialisée notamment dans les produits issus de la vigne. En 2004 « les dames de Ferzol » louent un local et achètent des machines, avec l'aide de l'association américaine USAid et la YMCA, qui vont leur permettre de presser le raisin et de le transformer en mélasse, sirop et autres produits de consommation. Ces derniers comprennent, entre autres, des produits marinés dans du vinaigre, des confitures, et des feuilles de vignes pressées. « Nos produits sont plus chers parce que nous n'utilisons aucun agent de conservation ni d'engrais chimiques », souligne la responsable de la coopérative qui indique que les dames avaient suivi des stages de formation sur la standardisation des produits finis, ainsi que sur les règles d'hygiène.
Un peu plus au Sud, dans le village tranquille de Mhaydsé, dans le caza de Rachaya, c'est cheikha Rabah et son groupe de femmes qui nous reçoivent dans le local construit sur un terrain offert par la municipalité. C'est la saison des grenadines ; elles s'activent autour de grands récipients pour recueillir minutieusement les graines, afin de les transformer, suite à un long processus, en une mélasse de grenadine.
Composée de 20 femmes et de deux hommes, la coopérative de Mhaydsé, fondée en 1998, est spécialisée dans la fabrication de confitures, de blé grillé, et de mélasses et sirops en tous genres. Grâce à un don de l'agence canadienne de développement international (ACDI) et l'ONG Oxfam Québec, ces femmes ont réussi à se procurer quelques équipements qu'elles utilisent dans le processus de transformation des aliments. Elles nous accueillent avec un sirop de mûres made in Mhaydsé évidemment. Ici aussi on n'utilise pas de conservateurs. Les produits que les femmes transforment proviennent essentiellement des environs de la région.
C'est que les produits des coopératives, avec lesquelles FTL collabore, sont d'abord destinés à l'export. Commercialisés sous le label « Saveurs équitables/terroirs du Liban », ils se trouvent aujourd'hui dans plus de 650 points de vente en Europe et au Canada.
Ces initiatives, certes bénéfiques, restent toutefois timides et permettent à peine aux femmes concernées d'assurer leur gagne-pain. « Chaque femme reçoit entre 150 et 200 dollars par mois tandis que le loyer mensuel s'élève à 2 400 dollars. Et la municipalité ne nous aide pas ni les instances religieuses de la ville », déplore ainsi Laurette Gerges. Il faudrait donc impérativement que les acteurs nationaux se tournent vers le travail agricole des femmes, ne serait-ce que parce qu'il représente en lui-même un potentiel économique encore largement sous-développé. En attendant des décisions concrètes, à toutes ces fées du terroir libanais : merci, et bonne fête !
Avec l'exode rural des hommes au Liban et les changements démographiques conséquents, les femmes sont devenues des vecteurs incontournables de la production agricole. S'il est difficile aujourd'hui d'estimer avec exactitude la part qu'elles représentent dans la production globale - puisque le travail se fait souvent dans des espaces domestiques -, cette part est sans doute...
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