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Économie - Liban - Débat

Carlos Ghosn : L’investissement dans l’infrastructure au Liban, une priorité

Au cours d'un déjeuner à huis clos organisé hier par les anciens d'Insead, le patron de l'alliance Renault-Nissan a souligné la nécessité d'améliorer l'infrastructure au Liban, critiquant de manière à peine voilée les clivages claniques et confessionnels qui retardent le développement économique du pays du Cèdre.

Le groupe Renault-Nissan a renoué avec les bénéfices en 2010, après une année noire pour l’automobile en 2009.

À l'initiative de l'amicale des anciens d'Insead, un déjeuner-débat sur le thème « Le redressement économique mondial et les alliances automobiles à l'ère de la reprise internationale » a été organisé hier dans un restaurant de la capitale, auquel a notamment pris part le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn - de passage au Liban -, ainsi que plusieurs hommes d'affaires et chefs d'entreprise, libanais et étrangers, diplômés de la prestigieuse école de commerce européenne.
À cette occasion, le patron du célèbre constructeur automobile français a brossé un tableau de la situation économique mondiale, se félicitant des signes de reprise qui pointent dans plusieurs pays du monde, et du redressement de divers secteurs, notamment le secteur automobile, frappé de plein fouet l'an dernier par la crise internationale.
Rappelons à cet égard que le groupe Renault avait renoué avec les bénéfices cette année après une année noire en 2009, enregistrant un profit net d'environ 800 millions d'euros fin juin, contre une perte nette de 2,7 milliards de dollars au cours de la même période de l'an dernier. Les clignotants du constructeur japonais Nissan, détenu à hauteur de 44 % par Renault, sont également passés au vert, les résultats consolidés de l'exercice 2009-2010 ayant révélé des bénéfices nets de 42,4 milliards de yens (320 millions d'euros).

Les trois défis globaux de la prochaine décennie
Hier, le PDG de l'alliance Renault-Nissan a résolument préféré ne pas s'attarder sur ces chiffres, se livrant à un exposé plus élargi de la situation dans le monde. Il a ainsi mis l'accent sur trois défis qui « façonneront la sphère capitaliste et détermineront les orientations des entreprises », notamment dans le secteur automobile, au cours de la prochaine décennie. « Le premier, d'ordre environnemental, implique une adaptation du monde des affaires aux changements climatiques », a ainsi souligné Carlos Ghosn, rappelant le lancement, amorcé il y a déjà quelques années, sur le marché automobile, de véhicules électriques et hybrides, moins polluants. « Si ces voitures écologiques du futur ne représentent aujourd'hui que 1 % des ventes globales, il n'en reste pas moins que la tendance au cours des dix prochaines années sera au développement de moteurs plus respectueux des normes environnementales », a-t-il ainsi précisé.
Quant à la deuxième réalité à prendre en compte, elle porte notamment sur l'essor des pays émergents, à savoir, entre autres, l'Inde, le Brésil et la Chine, qui a récemment dépassé le Japon, s'imposant au second rang des puissances économiques mondiales, a précisé le PDG de Renault-Nissan. « Les ventes de voitures sur le marché chinois sont passées, en quelques années, d'un million par an (contre 14 et 15 millions sur les marchés américains) à plus de 13 millions aujourd'hui. » « Ces pays, dont les économies se développent à grands pas depuis déjà un moment, seront bientôt rejoints par une nouvelle génération de pays, comme l'Indonésie ou encore le Vietnam », a-t-il en outre souligné.
Enfin, le troisième défi relève de la gestion de la diversité qui caractérise aujourd'hui aussi bien la demande que la main-d'œuvre et la communication au sein des marchés et des entreprises. « Dans le temps, les compagnies étaient souvent nationales, très homogènes dans l'actionnariat comme dans le management, et vendaient leurs produits sur leur propre marché. Or, cette donne a drastiquement changé avec l'ouverture des frontières et le développement des multinationales. Une bonne gestion de la diversité s'impose donc pour réussir », a souligné Carlos Ghosn.

Le Liban doit suivre le modèle chinois en termes d'infrastructure
Au sujet de son pays d'origine, avec lequel il conserve toujours des attaches profondes, le patron de Renault-Nissan s'est félicité du capital humain « exceptionnel » qui caractérise le Liban, déplorant toutefois l'existence de nombreuses failles au niveau de l'infrastructure, qui empêchent le pays du Cèdre de prendre son envol sur le plan économique. « Si la Chine a réussi à progresser autant, c'est en grande partie grâce à la politique suivie par l'État, qui a massivement investi dans l'infrastructure routière, l'électricité, la construction d'aéroports, de ports, etc., offrant au secteur privé l'environnement idéal pour lancer des affaires », a-t-il souligné.
Carlos Ghosn a en outre déploré les conflits claniques et confessionnels dans lesquels le Liban est pris en otage depuis des années, qualifiant ces clivages, en sus de l'instabilité régionale, d'obstacle majeur au développement économique du pays.
Interrogé à ce sujet par L'Orient-Le Jour ainsi que sur son intention d'intégrer éventuellement la vie politique libanaise afin « de changer les choses » - après avoir réussi à redresser un géant de l'automobile en faillite et à sceller une alliance entre deux groupes qui emploient aujourd'hui près de 400 000 employés -, il s'est montré fort réticent, affirmant, sans détour et sur un ton plutôt amusé, qu'il « il est en tout cas trop tard ».
Réponse diplomatique mais en tout cas peu étonnante, au vu de la réalité sur le terrain. Pourtant, la gestion d'un pays, dont le nombre d'habitants est seulement dix fois plus grand que les effectifs globaux de Renault-Nissan, ne devrait pas être aussi ardue...
À l'initiative de l'amicale des anciens d'Insead, un déjeuner-débat sur le thème « Le redressement économique mondial et les alliances automobiles à l'ère de la reprise internationale » a été organisé hier dans un restaurant de la capitale, auquel a notamment pris part le PDG de Renault-Nissan, Carlos...
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