Ce serait évidemment contraire aux règles de l'éthique et au respect de la liberté de conscience. Je me targue, grâce à Dieu, de faire partie de cette minorité mondiale qui sait encore faire la part des choses et pense qu'une vérité n'a besoin de nul avocat.
Mais dénoncer, dans le but de mobiliser une opinion saine, les démagogues qui font du commerce des doctrines religieuses leur gagne-renommé, est, à mon sens, un devoir d'honnête citoyen ainsi qu'une responsabilité envers les valeurs humaines auxquelles la vie doit son sens .
On l'aura peut-être deviné, il s'agit du dernier spectacle burlesque que vient de soumettre aux médias, en Italie, le président libyen, investi par lui-même et à notre corps défendant, comme apôtre d'une des doctrines spirituelles censées conduire vers l'Esprit central de l'univers, communément appelé Dieu.
Pas moins !
Pour ceux à qui aurait échappé la nouvelle, je signale que le chef de l'État libyen a tenu, au cours d'une visite de courtoisie, à Rome, visite à consonance politique, à donner, hors protocole, deux causeries successives devant un parterre exclusivement féminin, sur le thème apostolique suivant : « Convertissez-vous à l'islam, seule voie valable pour approcher Dieu. » Et il l'a rassuré en ajoutant : « L'Europe y adhérera un jour ou l'autre dans sa totalité. »
Ce qu'en ont pensé les officiels et les médias m'importe assez peu. Il y en a qui s'en sont offusqués. C'est leur affaire ou leur métier.
Ma réaction d'être humain sain de corps et d'esprit reste ce qu'elle est et je convie ceux qui me lisent à souscrire en leur for intérieur aux considérations que m'aura inspirées cette énième loufoquerie du personnage.
Primo, au cas où l'Europe devrait un jour accéder à ces vœux-là et s'islamiser, je me demande franchement si cela ne serait pas pour son bien. Car au point de décadence où la christianisation initiale ainsi que le relâchement des mœurs sont parvenus, il vaudrait encore mieux, pour 400 millions d'Européens, retrouver une doctrine célébrant le Créateur, que rester assujettis à leur veau d'or actuel, serti d'euros et de pétrodollars. Le tout plongé dans le cancer d'une société de consommation qui va finir par se « consommer » elle-même. Les valeurs morales et intellectuelles, qui donnent son goût à la vie sur terre, y gagneraient certainement... Les Européens, étant des créatures adultes et matures, s'ils devaient se laisser convaincre, en supporteraient tout aussi bien les avantages éventuels que les inconvénients. Les Églises chrétiennes, pour leur part, n'auront qu'à en tirer les conséquences et refaire sans doute leur examen de conscience par rapport à l'enseignement dogmatique et aux zizanies qu'elles n'ont cessé de favoriser durant vingt siècles.
Secundo, ce contre quoi je dois avoir raison de me rebiffer, c'est la façon cavalière avec laquelle un chef d'État, sans égards envers son poste officiel ou le respect dû à toutes les nation de la planète, se comporte. A-t-on remarqué que les assistantes sélectionnées avaient été au préalable rémunérées pour la somme de 80 euros par tête ?
Cela est en tout cas fidèlement relaté dans les journaux.
Quand je pense que le Christ a été « vendu » pour trente deniers, force est de reconnaître que le montant effectif des trahisons envisagées apparaît plus généreux. On a la manière de ses moyens...
À cette occasion - et sans vouloir défendre quoi que ce soit, ma foi chrétienne étant suffisamment profonde pour se passer de tout commentaire -, il serait amusant de poser à l'opinion publique le rébus qui vient à l'esprit :
Quid ? Si un monsignore ou bien un patriarche oriental s'avisait un jour de haranguer des foules en Égypte, en Arabie ou au Koweït pour les exhorter à changer de registre religieux et d'adopter le message christique ? Je vois d'ici le tollé monstre qui secouerait la planète. La malencontreuse histoire desdites caricatures du Prophète ne serait qu'un pâle et timide reflet de ce qui attend les vrais ou faux chrétiens de partout.
Il nous suffira donc aujourd'hui d'en sourire stoïquement. Car il y a longtemps que le ridicule a cessé de tuer. Sinon, la moitié des habitants du globe y auraient déjà passé.
Concluons sur un constat.
Le maître actuel de la Libye n'a eu finalement que ce qu'il mérite : l'indifférence générale et le dépit de voir que son one-man-show fut relégué au rang des futilités insolites comme on en trouve abondamment dans les quotidiens.