L’Iran et le nucléaire

Beaucoup en Occident se posent des questions sur les effets probables d'une entrée de l'Iran dans le club  des pays possédant l'arme nucléaire, se disant que « c'est quand même un pays qui veut la destruction d'Israël. Et un jour ou l'autre, il y aura un homme,  type coréen du Nord, qui ne dira pas qu'il s'agit  d'une arme de dissuasion, mais d'une arme de destruction.
Il est difficile de savoir ce qu'un dirigeant peut faire. Mais nous pouvons dire que l'Iran n'est pas une dictature à la coréenne. Certains ont le droit de douter que l'Iran soit une démocratie ; il reste que c'est quand même un pays où les décisions ne sont pas prises par une seule personne. L'ayatollah Khamenei a autour de lui plusieurs personnes et plusieurs instances politiques avec, chacune, ses moyens et ses pouvoirs.
Celui qui le remplacera sera élu par un grand nombre de chefs religieux et d'ayatollahs. Il y a aussi un Parlement élu ; il y a aussi un président de la République et un gouvernement. Il y a ainsi une prise de décision collective sur des sujets aussi importants que l'utilisation de l'arme nucléaire, sachant que si l'Iran l'utilisait, il serait automatiquement rayé de la carte.
Sans oublier que l'ayatollah Khamenei avait déjà expliqué que la production et l'utilisation d'armes nucléaires étaient interdites par sa religion. On peut le croire ou non, mais l'Iran se défend de chercher à produire des armes nucléaires.
Enfin, je crois qu'il est  trop commode de taxer de « fous »  nos ennemis, surtout lorsqu'il s'agit  des Iraniens, qui sont connus pour leur intelligence et leur habileté diplomatique. Il ne faut pas oublier que ce pays fut un des premiers empires civilisés. Il est vrai qu'aujourd'hui, il y a une propagande d'origine israélienne disant qu'Ahmadinejad croit au retour du Mahdi lors de la fin du monde et qu'il chercherait à la provoquer.
Il est à se demander, dans ce cas, où se trouverait le vrai fou. Ne chercherait-on pas plutôt à faire peur pour des raisons cachées ?
En fait, le meilleur moyen d'affaiblir l'Iran, dans le monde arabe, serait que les Israéliens commencent à vraiment parler de paix avec les Arabes en se basant sur la justice (une proposition arabe, en ce sens, existe déjà, depuis 2002). Ils seraient vraiment étonnés de réaliser, après la paix, combien ils ont été idiots de ne pas l'avoir fait plus tôt.
Enfin, il est possible que les ennemis ne soient pas ceux qu'on croit. Au temps de Ronald Reagan, après l'affaire de l'ambassade US à Téhéran et la destruction de l'armada américaine « par le vent divin », nous avons eu le scandale de l'Irangate, quand il est apparu que les Américains avaient vendu des armes à leurs « ennemis » iraniens par l'intermédiaire du Mossad. Le chah a raconté dans ses Mémoires que les Américains avaient aidé à le renverser.
L'Amérique a cherché à détruire les deux plus puissants ennemis de l'Iran : Saddam Hussein et les talibans, tandis que la Turquie sunnite, membre de l'OTAN et proche d'Israël, s'entend avec l'Iran, son rival chiite, et n'a pas peur de le voir posséder l'arme nucléaire. Voilà  pourquoi je ne sais plus qui est l'ennemi de qui.
Tout ce que j'espère, c'est qu'un jour il y aura en Israël un gouvernement qui pensera sérieusement qu'une paix juste est dans son intérêt et le meilleur garant de sa sécurité. Car il ne sera plus tabou de s'allier avec lui et, avec l'aide de l'Occident, il pourra profiter de sa paix avec les Arabes pour avoir à la fois du pétrole et une main-d'œuvre bon marché. Mais cela donnerait tellement de pouvoir à la région, qui pourrait devenir confédérale,  qu'aucune grande puissance, en pleine possession de sa raison, ne pourrait le permettre.