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« Pour gagner la guerre des cartels, Calderon doit changer de stratégie » - Éclairage

Dans le nord du Mexique, les policiers désertent... par peur des trafiquants

Plus de 60 membres des forces de l'ordre ont été abattus par les cartels de la drogue depuis le début de l'année.

Les cadavres de 15 personnes, dont deux femmes, portant des traces de torture et de blessures par balles, ont été trouvés jeudi sur une route dans l’État de Tamaulipas. Tous les corps portaient en outre la lettre « Z » tracée sur les vêtements dans le dos, faisant probablement référence au cartel des « Zetas ». Photo AFP

Des dizaines de localités du nord du Mexique se retrouvent sans policiers, abandonnées par des fonctionnaires effrayés par les menaces des cartels de la drogue, qui ont déjà tué plus de 60 d'entre eux depuis le début de 2010, selon les autorités locales.
Les policiers locaux paient un lourd tribut à la guerre entre les cartels qui se disputent le contrôle du trafic, en particulier dans le nord du pays frontalier des États-Unis, premiers clients de la cocaïne au monde.
Les règlements de comptes entre trafiquants ajoutés aux affrontements avec les forces de l'ordre ont fait 23 000 morts dans l'ensemble du Mexique depuis décembre 2006, à l'arrivée au pouvoir du président Felipe Calderon, qui a érigé la lutte contre les cartels en priorité nationale.
Avec 251 victimes en 2009, l'État de Nuevo Leon, dont la ville de Monterrey est la capitale administrative, est certes nettement moins meurtrier que la seule ville de Ciudad Juarez, qui a comptabilisé plus de 2 600 morts.
Mais 61 de ces 251 morts étaient des policiers, a expliqué jeudi à l'AFP le responsable régional de la Sécurité publique, Luis Carlos Trevino, et l'exemple d'une dizaine de localités du Nuevo Leon donne une idée de la situation dans le reste du nord du pays.
Cinq policiers, deux femmes et trois hommes, ont encore été enlevés et assassinés voici une semaine à Monterrey, première ville industrielle du pays.
Herreras, un gros bourg de 1 800 habitants à une centaine de kilomètres de Monterrey, « comptait jusqu'il y a deux semaines trois policiers, mais depuis qu'ils ont reçu des menaces ils ne sont pas revenus travailler et je ne crois pas qu'ils reviendront », a expliqué M. Trevino.
Une dizaine de localités sont dans le même cas ou presque.
« À Los Aldama, par exemple, ils n'ont plus de policiers depuis le 7 avril, quand on a assassiné le directeur de la police de la ville voisine, General Trevino, et deux de ses hommes », a poursuivi M. Trevino.
La région connaît un pic de violence depuis quelques semaines, en raison d'une recrudescence des affrontements entre le cartel dit du Golfe et ses anciens hommes de main, les « Zetas », devenus ses rivaux, selon M. Trevino.
À Agualeguas, toujours dans les environs de Monterrey, « on a retrouvé décapité le 26 mars le directeur de la police, dans le coffre de sa voiture de patrouille », a-t-il encore indiqué.
Par manque d'effectifs, les autorités ont mis en place un plan de qualification de volontaires, pour en faire des policiers, a-t-il souligné, mais « le problème, c'est que personne ne veut être policier, de crainte d'être assassiné ». Le maire de Herreras, Juan Antonio Gutierrez, est pragmatique et résigné : « Nous sommes mieux sans policiers », a-t-il affirmé à l'AFP. « Bien sûr, nous avons peur, mais étant donné qu'ils tuent les policiers, qui vont-ils tuer s'il n'y en a pas ? Peut-être resteront-ils entre eux et nous laisseront-ils en paix », s'est-il expliqué.
Des dizaines de localités du nord du Mexique se retrouvent sans policiers, abandonnées par des fonctionnaires effrayés par les menaces des cartels de la drogue, qui ont déjà tué plus de 60 d'entre eux depuis le début de 2010, selon les autorités locales.Les policiers locaux paient un lourd tribut à la guerre entre les...