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Culture - Festivals - Beiteddine

Quand l’esprit de Chopin plane sur le palais des eaux

Pour le bicentenaire de Chopin, les doigts du pianiste Barlomiej Kominek ont fait vibrer les vieilles pierres et les frondaisons. Poésie des lieux et de la musique du pèlerin polonais pour une célébration toute en tendresse et douceur.

Une soirée exclusivement vouée à la musique et à l’esprit de Chopin. (Press Photo)

Dans la cour centrale, le bassin aux eaux lisses, orné de bougies allumées, donne sur une scène prise entre deux rangées d'arcades et les frondaisons des arbres qui se profilent sur un ciel de nuit. Moiteur étouffante du mois d'août et brise qui fait plier les têtes des gigantesques peupliers bruissant de leurs feuilles.
De ce Yamaha noir aux touches bleues sous les spots, exclusivement voué ce soir-là aux opus de Chopin, émergent les premières mesures d'un Nocturne op 15.
Mélodie toute en murmure, approchée par le pianiste avec infiniment de tact, de finesse et de tendresse. Comme pour mieux la couler dans un écrin taillé sur mesure avec des arbres et un public qui retiennent brusquement leur respiration pour s'imbiber de ces notes lumineuses et diaphanes.
Dans le même registre de poésie romantique, aux effluves rêveuses et incantatoires, suivent un autre Nocturne (op 45), une Étude (op 10 n°3), et ce Scherzo op 31 n°2 aux premiers triolets mystérieux. Mais vite se succèdent contrastes sombres et enchanteresses envolées lyriques.  Pour entrer en profondeur dans cette invitation au voyage au pays du prince du clavier, voilà cette Mazurka op 17 n°4 toute en nuances, pour évoquer des paysages aimés et l'air d'une terre dont la nostalgie poignante est plantée au cœur telle une écharde.
Pour conclure cette série de pièces pour solo de piano, quoi d'autre que cette somptueuse Polonaise op 53 dite Héroïque. Impétueuse et fière polonaise aux chromatismes et aux accords foudroyants. Notamment cet ostinato d'octaves redoutables pour le poignet. Et on n'en sort pas toujours indemne. Même ici, comme on dit dans le jargon du milieu, les ourlets ne sont pas tous d'une limpide netteté.
Morceau de bravoure par excellence est ce Concerto n°2 en fa mineur op 21 où orchestre et clavier croisent le fer. Toujours à l'avantage des touches d'ivoire bien entendu.
Pour donner la réplique au pianiste, l'ensemble de l'Orchestre de chambre de Cracovie, formé d'une poignée de musiciens, réduisant ainsi à sa plus simple expression la part orchestrale. Écoute inégale et bien entendu inédite pour cette partition aux trois mouvements (maestoso, larghetto, allegro vivace) où la richesse sonore orchestrale est modeste et où le clavier, dominateur, lâche ses grands arpèges, ses morsures, ses évasions et ses passages virtuoses comme un fleuve torrentiel aux eaux à la fois toniques et dangereuses.
Pour finir, quelques bis où la magie de la musique de Chopin a eu une totale emprise sur les lieux et l'auditoire.
Dans la cour centrale, le bassin aux eaux lisses, orné de bougies allumées, donne sur une scène prise entre deux rangées d'arcades et les frondaisons des arbres qui se profilent sur un ciel de nuit. Moiteur étouffante du mois d'août et brise qui fait plier les têtes des gigantesques peupliers bruissant de leurs feuilles.De ce Yamaha noir...

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