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Cinema- - Carnet morose

Le bleu de l’horizon

Bernard Giraudeau a pris le large.  (DR)

Il s'en est allé comme un marin qui un jour tient bon la barre et prend le large. Salut matelot.
Le bleu de ses yeux était couleur horizon. Infini. Ayant réalisé lors du Salon du livre une entrevue avec Bernard Giraudeau en 2004, je ne pouvais qu'évoquer ce moment qui avait tout d'un coup pris une allure de rencontre. Rencontre avec une belle âme.
On avait tant glosé sur Bernard Giraudeau. Beau, distant, à la limite froid. Il m'a paru ce jour-là certes beau, mais chaleureux et généreux. Il parlait de ses voyages, de ses errances de jeune acteur, de ses fautes et enfin de sa maladie. Il était en « rémission, disait-il, d'un premier cancer de rein ». Il ne savait pas que, quelques années plus tard, un autre, celui des poumons, allait le rattraper. Mais cet amoureux des textes aimait à changer les mots afin qu'ils soient plus évocateurs, plus éloquents. Ce n'est donc pas de lutte qu'il parlait ni de combat, car tout vivant doit se battre dans la vie, mais d'apprivoisement et de retrouvailles avec soi-même. Il voulait être au contrôle comme un bon capitaine de bord (la mer toujours omniprésente) et apprivoiser la maladie. Ce fut fait. Il a vécu avec cette pernicieuse durant presque dix ans. De chimio en régime alimentaire, de méditations en gestion de stress, c'est avec son ami le psychiatre David Servan-Shreiber (auteur de l'ouvrage Guérir et lui-même atteint il y a dix-neuf ans d'une tumeur au cerveau) qu'il essayait de dompter l'indomptable et de repousser les limites. Lui, l'aventurier, le baroudeur, le flambeur qui n'a jamais eu peur de l'inconnu a fait, en ce samedi 18 juillet, un grand saut les pieds joints mais les yeux grands ouverts dans cet immense inconnu. Sans toutefois oublier de laisser derrière lui une parfaite leçon d'intelligence, d'amour et de partage.
À travers le site « La Maison du cancer », il lançait cet appel désespéré aux internautes : « On ira tous à l'hôpital », afin de se faire entendre, de dialoguer, mais également de pousser les centres hospitaliers à faire de plus amples recherches.
Samedi dernier, Bernard Giraudeau est allé à ce rendez-vous fatidique qu'il attendait depuis longtemps déjà. Avec superbe et panache. Laissant couler des flots de larmes salées.

C.K.
Il s'en est allé comme un marin qui un jour tient bon la barre et prend le large. Salut matelot. Le bleu de ses yeux était couleur horizon. Infini. Ayant réalisé lors du Salon du livre une entrevue avec Bernard Giraudeau en 2004, je ne pouvais qu'évoquer ce moment qui avait tout d'un coup pris une allure de rencontre. Rencontre avec une belle âme. On avait...

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