Tu étais un personnage hors pair, à l'échelle planétaire, un visionnaire, le sauveur de l'horlogerie, un excellent communicateur, un entrepreneur dans l'âme et d'une éternelle jeunesse.
Mais au-delà de tout ce qui a été écrit et dit à ton sujet, je voudrais évoquer le côté caché de ta personnalité, celui de ton indéfectible attachement au Liban. Pour moi, tu étais l'homme humble et simple malgré le prestige international que tu as acquis par ton génie créateur. À table, tu voulais toujours avoir l'huile de ton village natal Bechmezzine et le zaatar (le thym) de nos montagnes. Dans nos communications fréquentes et régulières, tu évoquais de multiples souvenirs du Liban. Ces derniers mois, tu m'as confié ton rêve, celui de créer une fondation regroupant de hautes personnalités de la diaspora libanaise pour venir en aide à la mère patrie et faire réellement du Liban la Suisse de l'Orient. Tu me répétais que les Libanais sont intelligents, débrouillards et ont le savoir-faire que d'autres ne possèdent pas. Ensemble, et avec notre excellent ambassadeur du Liban à Berne, Hussein Rammal, nous avions préparé plusieurs événements pour le Liban et spécialement l'un, prévu pour le mois de septembre à l'exposition de Lausanne et dont le Liban sera pour la première fois l'hôte. M. Mohammad Safadi, notre dynamique ministre de l'Économie, qui inaugurera cet événement, était ravi de te rencontrer et de visiter une des 105 usines de ton groupe en Suisse, l'usine joyau des montres « Breguet ». Tu avais même préparé le discours que tu allais prononcer à l'occasion, ce qui confirmait à quel point tu prévoyais des mois à l'avance ton emploi du temps et tes activités.
En marge du XIIIe Sommet de la francophonie, qui se tient en octobre à Montreux, tu avais tout planifié afin d'annoncer, en présence du président de la République libanaise, le général Michel Sleiman, le projet que tu préparais, cette fondation ou conseil de sages qui devait regrouper des personnalités mondialement connues de la diaspora libanaise, dont Carlos Ghosn, Carlos Slim Helou et d'autres pour aider au développement économique, scientifique, politique et culturel du Liban. Tu m'en parlais avec tant d'enthousiasme et tu vivais comme si tu devais être éternel, comme si tu avais devant toi tout le temps pour réaliser tous tes rêves. Mais tu es parti avant de réaliser ce dernier grand rêve qui te tenait particulièrement à cœur.
Cher cousin et ami, ton départ laisse en moi un grand vide. Tu ne peux savoir à quel point nos conversations régulières me manquent. Ma consolation est d'évoquer avec ta sœur Mona Hayek-Karam ton souvenir. Mon souhait est que ta fille Nayla, qui t'a succédé comme présidente à la tête de ton empire, et ton fils Nick Jr., CEO, qui dirige l'entreprise puissent continuer tes rêves dont celui du Liban. Nous serons à leurs côtés. C'est d'ailleurs la meilleure façon de perpétuer ton souvenir.
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