La gestalt-thérapie, une nouvelle approche pour les parents d’enfants autistes

En réponse au sentiment d'impuissance très souvent constaté auprès des parents d'enfants présentant des troubles envahissants du développement, un programme d'aide aux parents s'est naturellement imposé. Il repose sur les principes de la gestalt-thérapie et est dirigé par Joe Acoury, lui-même gestalt-thérapeute, psychothérapeute, psychologue scolaire et formateur de personnel éducatif. Ce projet vise à aider et à soutenir les parents d'enfants autistes ou présentant des traits d'autisme, via des ateliers de travail spécialisés.
Mais qu'est-ce que cette thérapie ? La gestalt est une forme de psychothérapie qui a vu le jour aux États-Unis dans les années 1950. Fritz Perls, son fondateur, remet en question l'interprétation systématique de l'inconscient, méthode propre à la psychanalyse, et se concentre plutôt sur le vécu du patient, sa propre perception des choses, et les aspects mental, émotionnel et relationnel qui le conditionnent. C'est cette approche que Joe Acoury a choisi d'adopter. « Dans un premier temps, la gestalt aide le patient à avoir une perception plus globale de sa personne, à avoir un éveil plus large qui lui permette de se mettre en contact avec toutes les facettes de sa personnalité et de percevoir ses blocages sous plusieurs angles, explique-t-il. Ce processus de conscientisation cède ensuite la place à la phase intégrative à travers laquelle le patient
commence à assimiler les mesures à prendre pour combler son manque. »
En adaptant les principes fondamentaux de la gestalt-thérapie à son projet d'aide aux jeunes enfants présentant des décalages scolaires relativement importants ainsi que des problématiques de personnalités, le gestalt-thérapeute a pu œuvrer à l'intégration complète en milieu scolaire de cinq enfants sur sept. « Il a d'abord fallu évaluer les capacités de l'enfant en question et déterminer s'il possède les paramètres d'éveil perceptif nécessaires ainsi qu'une intelligence personnelle acceptable pouvant correspondre à un cadre scolaire, souligne M. Acoury. L'étape suivante à été de former le personnel éducatif à intégrer des enfants ayant accumulé plusieurs années de décalage scolaire pour ensuite pouvoir procéder à une intégration douce et progressive. » Il explique avoir mis l'accent sur la désarticulation des blocages de personnalité et d'apprentissage de ces enfants en les introduisant dans un milieu où le professionnel propose des aspects cognitifs d'apprentissage très simples qui les réconcilient avec des capacités élémentaires reconnues. L'évolution se fait ensuite progressivement, étape par étape, en fonction des progrès et des besoins de l'enfant.
Joe Acoury souligne également l'importance de travailler avec les parents : « Les enfants ne sont pas les seules victimes, les parents souffrent également. » Il constate néanmoins le manque d'initiative de certains parents qui finissent par s'en
remettre aux spécialistes (psychologues, psychiatres, psychomotriciens, orthophonistes ou autres) et perdent ainsi leur rôle de parents. « Beaucoup dépendent tellement du spécialiste qu'ils ne s'impliquent plus, même quand il s'agit des choses les plus élémentaires. C'est ce déséquilibre au niveau de la prise en charge qui pose problème, déplore-t-il. La dynamique humaine devient restreinte parce que tout tourne autour de la pathologie. » Selon lui, certains spécialistes ont tendance à charger les parents de choses qu'ils ne comprennent pas. Ces derniers finissent par exprimer ce qu'ils ont appris du spécialiste de la même manière que lui, oubliant ainsi qu'ils pourraient le faire autrement, en utilisant le non-verbal ou le préverbal, langages plus adaptés aux enfants autistes qui éprouvent souvent de la difficulté à communiquer avec les mots.
C'est cet équilibre au niveau de la prise en charge que Joe Acoury souhaite réinstaurer à travers ses ateliers spécialisés. Il note : « L'État favorise de plus en plus l'inclusion d'enfants présentant des retards scolaires et/ou mentaux, les parents sont donc de plus en plus responsables de l'accompagnement de leurs enfants tout au long du processus d'intégration. »
Les ateliers proposés se tiennent une fois par semaine et réunissent trois ou quatre couples, avec pour objectif de leur apprendre à équilibrer leur travail avec celui des spécialistes. Plusieurs thématiques y sont abordées : enseigner aux parents à ne pas se limiter à la communication verbale ; les encourager à communiquer et à renouer avec une complicité de couple différente tout en évitant les reproches en vue de retrouver un équilibre relationnel ; initier les couples qui vivent avec les grands-parents ou d'autres membres de la famille à développer des stratégies d'éveil, à coordonner et à transmettre des propositions de façon à poursuivre le processus d'intégration même en leur absence. Les aides domestiques, élément très important, doivent également savoir se comporter avec ces enfants, ce qui implique une coordination et une préparation adaptée de la part des parents en vue de veiller à ce que l'enfant ne reçoive pas de signaux contradictoires qui pourraient mener à l'annulation ou à la déformation du rôle des parents.
La continuité à la maison est donc primordiale, d'où l'importance d'équilibrer la prise en charge de l'enfant.