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Liban - Hariri en Turquie

Les sanctions contre l’Iran s’invitent aux entretiens d’Istanbul

Avec le vote, mercredi en Conseil de sécurité, de sanctions contre l'Iran, ce sont les implications d'une telle décision au double plan régional et international qui se sont imposées à l'agenda du Premier ministre Saad Hariri, en visite officielle en Turquie.

Le Premier ministre et son homologue turc au cours de l’inauguration du Forum économique arabo-turc, hier à Istanbul. Photos Dalati et Nohra

Organisé à Istanbul, le Forum de coopération arabo-turc, dans le cadre duquel se tiennent le 5e Forum économique arabo-turc - organisé par le groupe al-Iktissad wal Aamal - ainsi qu'une conférence des ministres arabes et turc des Affaires étrangères, ne pouvait mieux tomber. Et pour cause : avec le vote, mercredi en Conseil de sécurité, de sanctions contre l'Iran, ces assises ont donné lieu à des concertations élargies sur les implications de cette mesure à laquelle la Turquie s'est opposée et sur laquelle le Liban s'est abstenu de se prononcer.
Le Premier ministre Saad Hariri, qui a participé en présence de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à l'ouverture de la réunion économique, a eu des entretiens à ce sujet avec le chef de la diplomatie turque, Ahmed Davutoglu, ainsi qu'avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, avant d'en discuter longuement en soirée avec M. Erdogan qui l'a reçu en sa résidence sur le Bosphore. Des discussions d'autant plus importantes que le Liban espère que la Turquie joue un rôle préventif auprès de l'Iran afin d'éviter qu'il n'ait à souffrir d'éventuelles retombées de l'adoption de sanctions contre l'Iran.
Dans le discours qu'il a prononcé à l'ouverture du forum économique, le chef du gouvernement a soigneusement évité d'aborder ce sujet, même s'il a évoqué des questions politiques en rapport notamment avec le dossier palestinien, contrairement à son homologue turc, qui a ignoré le texte écrit de son discours, distribué auparavant à la presse, pour expliquer, dans une allocution improvisée et enflammée, les raisons du vote turc contre les nouvelles sanctions imposées à l'Iran. Parallèlement, Ahmed Davutoglu devait exposer la feuille de route turque en matière de politique arabe. Il a insisté sur la volonté d'Ankara d' « abolir tous les murs entre Ankara et ces pays et d'accentuer sa coopération avec l'ensemble des pays arabes, sans exception aucune ». Plus important encore : il a sans ambages souligné que son pays, « profondément engagé en faveur des causes qui touchent la région, est déterminé à intervenir pour contribuer au règlement de chaque problème ou crise qui se posent ».
MM. Hariri et Erdogan ont tous deux mis l'accent sur un même point : l'importance d'œuvrer pour instituer une stabilité dans la région afin de favoriser un développement économique consistant et durable et l'obstacle qu'Israël pose à ce niveau. C'est par ce point que le Premier ministre a d'ailleurs commencé son discours. Après avoir présenté ses condoléances au gouvernement et au peuple turcs pour les victimes de la « flottille de la liberté », il a d'emblée souligné à quel point la situation dans la région reste délicate. « Aux plans de la sécurité et de la politique, celle-ci a longuement souffert et souffre toujours à cause de l'arrogance, de la criminalité et de la barbarie israélienne, alors que les États arabes et islamiques œuvrent pour une paix juste et durable sur base de la conférence de Madrid et de l'initiative arabe de Beyrouth », a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement a ensuite mis l'accent sur l'importance que le Liban attache à la coordination et à l'entente arabo-turques en matière de politique : « Nous n'épargnons aucun effort politique ou diplomatique pour renforcer les positions arabes afin qu'elles constituent une force unifiée et cohérente permettant de faire prévaloir le droit des Palestiniens au retour dans un État indépendant ayant Jérusalem pour capitale. » « Et au plan local, a-t-il poursuivi, notre objectif principal est de protéger le Liban de l'arrogance et de l'aventurisme israéliens et de consolider la stabilité intérieure. »
Contrairement au discours très politiquement correct de son homologue libanais, le Premier ministre turc devait violemment critiquer Israël, « dénonçant un terrorisme d'État » dans l'affaire de la flottille, et s'en prendre aux États qu'il n'a pas nommés mais qu'il a accusés de « mener campagne contre Ankara, notamment pour la présenter comme ayant pris ses distances par rapport à l'Occident ». Ce sont ces deux thèmes qui, au niveau politique, ont constitué le cœur du discours qu'il a tenu pour expliquer, entre autres, les raisons pour lesquelles son pays n'a pas voulu voter pour les sanctions contre l'Iran.
Idem avec Amr Moussa et le ministre turc des Affaires étrangères, avec lesquels M. Hariri devait tour à tour conférer dans l'après-midi : l'affaire des sanctions contre l'Iran devait s'imposer en force.
Au plan économique, M. Hariri a mis en garde contre « le repli économique pour lequel de nombreux États ont opté, à cause de la crise économique », et plaidé pour la mise en place d'une structure juridique, politique et de contrôle à même de protéger, selon lui, les économies nationales. Il a ensuite appelé à la dynamisation de la coopération arabo-turque et s'est dit confiant dans la capacité des pays arabes à établir un partenariat authentique ainsi qu'une solide complémentarité économique avec la Turquie. Selon lui, ce partenariat favorisera la position des pays arabes et de la Turquie dans les forums économiques et politiques internationaux.
Le chef du gouvernement s'est engagé à consolider les relations libano-turques « qui vont dans le sens d'un partenariat stratégique dans différents domaines ». Il s'est félicité dans ce cadre du soutien « continu » d'Ankara au Liban et notamment des accords bilatéraux conclus en janvier dernier, dont l'abolition des visas « qui, jusqu'au mois d'avril dernier, a multiplié par quatre le nombre de visiteurs turcs au Liban ».
Après avoir annoncé que M. Erdogan se rendra au Liban en juillet « pour mettre en œuvre les projets de coopération bilatérales », il a mis l'accent sur l'importance du rôle du secteur privé dans les deux pays et de la dynamisation de l'échange d'investissements qui reste la base fondamentale pour raffermir les relations libano-turques. Il a aussi exposé les objectifs fixés par son gouvernement pour développer l'économie nationale tout en favorisant un bien-être social.
La même volonté de renforcer les relations bilatérales a été exprimée par M. Erdogan. Il y a lieu d'indiquer que la séance du forum s'est ouverte en présence du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmed Davutoglu, des ministres des Affaires étrangères arabes participant aux travaux du Forum de coopération arabo-turc et des ministres des Finances du Liban, de la Jordanie, du Qatar, de l'Irak, de la Syrie et de la Turquie.
Organisé à Istanbul, le Forum de coopération arabo-turc, dans le cadre duquel se tiennent le 5e Forum économique arabo-turc - organisé par le groupe al-Iktissad wal Aamal - ainsi qu'une conférence des ministres arabes et turc des Affaires étrangères, ne pouvait mieux tomber. Et pour cause : avec le vote, mercredi en Conseil de...
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