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Municipales 2010 : les résultats

Batailles serrées mais ambiance conviviale à Zghorta

Avec les déclarations qui ont suivi l'incident de Dahr el-Aïn (caza de Bécharré), au cours duquel deux frères avaient été tués vendredi soir, on aurait pu craindre une journée électorale crispée hier à Zghorta. Ce n'était pas le cas, mais les batailles n'en étaient pas moins serrées dans plusieurs villages du caza.
Aucun incident majeur n'a été noté hier dans le caza de Zghorta, mais la présence des forces de l'ordre - Forces de sécurité intérieure (FSI) et armée - était notable partout. On peut citer une joute verbale qui a eu lieu entre membres des Marada et sympathisants des Forces libanaises (FL), à l'issue d'une déclaration faite, à l'extérieur d'un bureau de vote, par le député Sleimane Frangié. Les deux groupes ont été séparés par l'armée. Par ailleurs, le taux d'affluence moyen dans le caza, selon le ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud, a été de 50 %.
Dans la ville, où deux listes complètes de 21 membres s'affrontaient, l'une appuyée par les forces du 14 Mars, entre autres le Mouvement de l'indépendance de Michel Moawad, et l'autre par le Courant des Marada et leurs alliés, notamment le Courant patriotique libre (CPL), l'opération électorale s'est déroulée dans le calme. En début d'après-midi, l'affluence était moyenne et inégale selon les bureaux de vote. Il faut rappeler que les batailles les plus féroces se déroulaient dans certains villages du caza plutôt que dans la ville où, de l'aveu des deux camps, le rapport de force est en faveur des Marada.
D'ailleurs, même dans la ville, dès qu'on aborde le sujet des élections, c'est la question de la fédération qui prend vite le dessus. Rita Ghostine, candidate sur la liste appuyée par les Marada, avoue que les batailles les plus difficiles ont lieu dans des villages comme Rachine, Alma, Majdlaya ou Ardeh. « Ce sont eux qui ont choisi le terrain de la bataille, dit-elle. Ils ont voulu qu'elle porte sur la fédération, soit. Mais nous l'emporterons. »
En fait, l'enjeu est le suivant : il y a, dans le caza de Zghorta, 31 municipalités, mais huit ne sont pas incluses dans la fédération actuelle (les Marada affirment que ces municipalités n'ont pas voulu faire partie de la fédération, alors que les forces du 14 Mars assurent que ces municipalités ont été éloignées pour leurs préférences politiques). Le camp qui gagnera un maximum de municipalités (même la ville de Zghorta compte pour une seule voix) pourra alors imposer sa vision de la fédération. Du côté des Marada, on se déclare confiant et on assure que la fédération sera ouverte à tous si la victoire leur sourit.
Une vision différente est fournie par Naëf Derjani, représentant des Forces libanaises (FL) et candidat sur la liste du 14 Mars à Rachine. « Il faut qu'une des deux parties gagne plus de douze municipalités de la fédération, explique-t-il. Nous avons notre plan même si nous ne sortons pas victorieux de ce duel. Nous comptons fonder au moins deux autres fédérations, avec des groupements de villages choisis pour leur proximité géographique, sur le littoral et sur les hauteurs. »

Dans les villages
À Rachine, justement, le plus grand village du caza après Zghorta elle-même, la bataille était sans merci mais s'est déroulée dans une atmosphère conviviale. Deux listes complètes de 15 membres se sont opposées dans une bataille essentiellement politique entre forces du 14 Mars et du 8 Mars. Fadi Kodeïssi, du Mouvement de l'indépendance, qui copréside, avec Naëf Derjani, la liste, explique que les différentes forces en présence « ont conclu un accord oral pour éviter à Rachine toute tension ». Michel el-Nachmé, candidat sur la même liste, déplore que ce grand village ait passé six ans sans conseil municipal du fait de la démission de l'ancien. « Cela a fait perdre au village de nombreuses opportunités », a-t-il souligné.
Sultana Doueihy, de la liste adverse, a elle aussi rendu hommage à l'atmosphère conviviale qui a régné dans le village. À Rachine, il y avait aussi des indépendants comme Chadi Ayoub, qui se sont retrouvés dans l'incapacité de former une liste en raison de la politisation de la bataille et qui ont considéré leur participation au scrutin comme « un référendum sur les idées que nous avions présentées dans un programme électoral ».
Comme au village de Rachine, la bataille électorale était rude hier à Alma, mais contrairement à lui, l'atmosphère était extrêmement tendue. À Alma, deux listes complètes de douze membres se faisaient face, l'une présidée par Albert Azar et appuyée par les forces du 14 Mars, et l'autre par les forces du 8 Mars et présidée par Élie Obeid, frère de l'ancien ministre Jean Obeid. Toute la journée, des incidents sans grande gravité mais impliquant des joutes verbales entre concurrents se sont multipliés, ce qui a conduit l'armée et les forces de l'ordre à intervenir et à demander des renforts.
Albert Azar s'est plaint « des provocations causées par l'autre camp » et a noté « une négligence des forces de l'ordre à rétablir la situation et un traitement injuste de nos délégués peut-être parce que le concurrent d'en face est le frère de Jean Obeid ». Il a assuré avoir porté plainte auprès du ministère de l'Intérieur, en fournissant détails et noms. Pour sa part, Élie Obeid a estimé que « de tels incidents peuvent arriver partout et pour n'importe quelle raison ». « Ceux qui se sentent en position de force n'ont généralement pas besoin de causer des troubles, nous dit-il. Mais quand nos délégués sont provoqués, ils réagissent à cela et se font accuser d'être à l'origine des problèmes. »
Autre grand village du caza, Miziara a été la scène d'une bataille essentiellement familiale entre trois listes, appuyées chacune par des notables de la région. La particularité de ce village, ce sont ses nombreux émigrés qui n'ont pas hésité à faire le voyage. « Nous sommes venus d'Australie pour quatre jours seulement, afin de participer aux élections », nous lance une émigrée. Beaucoup d'autres venaient d'Afrique, du Brésil... Certains électeurs ne parlent apparemment pas l'arabe et étaient assistés par des parents.
Le caractère familial de la bataille n'a pas mis Miziara à l'abri des incidents. Un désaccord entre deux personnes, dont un candidat, et les forces de l'ordre qui voulaient empêcher l'un d'eux d'entrer dans un bureau de vote après avoir voté, a conduit à une brève arrestation des deux. Des délégués des différentes listes se sont accordés à dénoncer le traitement réservé aux deux hommes et ont noté une certaine nervosité des forces de l'ordre.
Aucun incident majeur n'a été noté hier dans le caza de Zghorta, mais la présence des forces de l'ordre - Forces de sécurité intérieure (FSI) et armée - était notable partout. On peut citer une joute verbale qui a eu lieu entre membres des Marada et sympathisants des Forces libanaises (FL), à l'issue d'une...